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    Cette lettre d'une interne en médecine à ses externes est bouleversante

    Elle raconte comment la pression de la réussite a conduit un apprenti médecin au suicide.

    Cette lettre aux externes de médecine a énormément circulé ces derniers jours sur les réseaux sociaux. Elle a ainsi été retweetée plus de 600 fois, notamment par le président de l'Association des étudiants en médecine de France.

    Ce texte bouleversant raconte l'histoire d'un interne en médecine de 27 ans, qui a mis fin à ses jours devant la pression du monde médical qu'il subissait.

    Selon le site Le Quotidien du Médecin, le jeune était interne en chirurgie à l'hôpital de la Timone à Marseille. Une enquête administrative est en cours «afin de cerner son environnement professionnel et personnel au moment des faits.»

    «Le syndicat autonome des internes des hôpitaux de Marseille confirme la création d'une commission d'enquête composée de membres de l'AP-HM, de la CME de l'établissement hospitalier et de la faculté de médecine. Son président refuse d'en dire plus par respect de la procédure en cours et par égard pour la famille en deuil», ajoute Le Quotidien du médecin.

    La lettre semble avoir été rédigée par une amie du jeune homme qui a souhaité qu'elle soit lue aux externes pour qu'ils comprennent que la pression pour réussir en médecine peut être dangereuse.

    «Il était interne comme nous et lundi il s'est jeté du haut d'une falaise. Si je vous raconte ça, ce n'est pas pour que vous ayez peur ou pitié mais pour que l'histoire ne se répète pas», peut-on lire.

    «Cette année il s'est lancé dans un M2 et une année de recherche, en plus de l'hôpital, des gardes et de la vie autour. Il a fait tout ça parce qu'on lui a demandé, et que tout le monde le fait, et tout le monde y arrive.»

    «Il s'est laissé emporté par le tourbillon de la médecine et de ces exigences, il a comme d'habitude voulu tout mener de front, sans aide. Il a eu du mal. Pour la première fois de sa vie, il n'y est pas arrivé. Mais en chirurgie personne ne lâche, ou plutôt, le premier qui lâche, perd.

    Il n'a pas supporté la vision d'un échec et a donc préféré s'en aller. Je crois qu'au fond la seule chose qu'il ne savait pas faire c'était perdre», dit la lettre.

    L'auteure de la lettre conseille aux futurs médecins de ne pas laisser la médecine décider de leur vie et d'avoir un recul nécessaire.

    «Ayez une vie en dehors de l'hôpital, mariez-vous, ayez des enfants, voyagez, arrêtez médecine et recommencez. Devenez boulanger, jardinier ou barman à partir du moment où ça vous rend heureux. Choisissez de faire ce qui vous plaît. Prenez du recul. Parlez.»

    «Quand on se reverra, rien n'aura changé, mais quelqu'un vous aura un jour dit que vous avez le choix et que rien n'est jamais fixé», conclut la lettre.

    Sur Twitter, le texte n'est pas passé inaperçu et a ému de nombreux internautes.

    Plus je la lis, plus je trouve cette lettre d'un interne à ses externes magnifique. Et bouleversante. https://t.co/rdb5PBTkgz

    @ERICMANOEUVRIER @Seb_ANEMF son but était de faire réfléchir.. c'est gagné pour moi..

    @Seb_ANEMF @JimHeur c'est une très belle lettre

    «Cette lettre est en effet bouleversante, mais malheureusement ce n'est pas un cas isolé», dit à BuzzFeed l'Association Soins aux Professionnels de Santé (SPS), qui a relayé la lettre.

    La SPS a organisé en décembre dernier un colloque pour «soigner les professionnels de santé vulnérables.»

    Organisé sous le Haut Patronage de l'Académie Nationale de Médecine, on y apprend que «la surcharge du travail», «le manque de contrôle» ou encore les «récompenses insuffisantes» sont quelques-unes des grandes causes du burnout chez les professionnels de santé.

    On y apprend aussi que selon une étude menée sur 1905 professionnels de santé (dont 73% de médecins) 50% sont ou ont été en situation de burnout.

    «La prévention est très difficile dans un milieu étudiant pas naturellement réceptif, d'où l'intérêt de cette mise en garde étudiante fraternelle», ajoute le secrétaire général de l'association SPS, Pierre Carayon.