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    Le post Facebook d'un couple qui quitte la France a été liké plus de 135.000 fois

    «France, nous te quittons» car «la coupe est pleine».

    Géraldine Lerch-Thuillier est propriétaire de maisons d'hôtes dans le Vaucluse. Elle a publié le 5 juillet dernier un post Facebook dans lequel elle annonce son intention de quitter la France pour aller vivre au Canada avec ses proches.

    facebook.com

    France, «nous te quittons», écrit l'entrepreneuse. «Pas à cause de la crise, pas non plus à cause de notre président.» Son agacement vient en fait de procédures en justice qui ont entravé son activité professionnelle.

    En plus de leur maison d'hôtes, elle et son mari ont créé un concept de «cabane de luxe» à Beaume-de-Venise en 2009. Un «succès incroyable», selon elle, et rentable.

    Sauf que le couple n'avait pas demandé d'autorisation ni de permis de construire pour cette cabane. Après «plusieurs années de batailles judiciaires» et deux procès, il a été condamné en première instance puis en appel, les contraignant à cesser cette activité.

    En 2011, le couple décide d'acheter une vieille maison et d'y créer une deuxième maison d'hôtes, qui sera inaugurée après un an de travaux.

    Là aussi, les ennuis judiciaires ne se font pas attendre. Comme le couple n'habite pas sur place, il ne devrait pas employer le terme «maison d'hôtes» mais «meublé de tourisme professionnel».

    Il communique tout de même en employant l'expression «maison d'hôtes», ce qui lui vaut les foudres de la DGCCRF (répression des fraudes) pour concurrence déloyale. L'affaire sera jugée prochainement.

    Le couple assure avoir consulté un avocat fiscaliste qui leur aurait dit qu'ils avaient le droit d'employer ce terme.

    Ces déboires juridiques exaspèrent la famille: «Nous nous sommes dits que nous en avions assez», explique Géraldine Lerch-Thuillier à L'Entreprise.

    D'autant que, pour finir de décourager le couple, les banques ont refusé de lui prêter de l'argent pour de nouveaux projets. L'entrepreneuse conclue sa lettre ouverte par ces mots:

    «La coupe est pleine nous te quittons pour un pays où la réussite est bien vue, où la création est encouragée...

    Tu me diras que l'herbe n'est pas plus verte ailleurs. Mais là-bas, avec notre capital on nous poussera sur le banc de la réussite au lieu de nous en empêcher.

    Chers dirigeants de France , continuez d'engluer ce merveilleux pays...
    Continuez d'envoyer dans d'autres pays tous ceux qui peuvent apporter à notre belle France une vraie valeur ajoutée...

    Ciao France, j'espère que tu ne tomberas pas trop bas... ;-( »

    La lettre ouverte du couple est rapidement devenue virale. Depuis sa publication le 5 juillet dernier, elle a été likée plus de 135.000 fois sur Facebook et partagée plus de 100.000 fois.

    Beaucoup encouragent la famille et déplorent une juridiction française trop contraignante. «Je vous souhaite la réussite que vous méritez... Quand la France en aura marre de tirer ses entreprises vers le bas peut être aurons nous la chance de voir notre pays remonter la pente», s'agace Frédérique.

    D'autres, comme Julien, estime qu'à partir du moment où la famille n'a pas respecté la loi, elle méritait ces problèmes: «Vous parlez de jalousie, de punition, d'anti-parisianisme mais deux juges vous ont reconnu coupable! Eux aussi ils étaient jaloux? Ils n'ont pas appliqué la loi? Parce que ce plaindre c'est bien beau mais pourquoi vous avoir reconnu coupable?»

    Géraldine Lerch-Thuillier a répondu à nos sollicitations après publication de notre article.

    «Je n'aurais jamais cru que ce message serait autant partagé. Pour moi, cela veut dire quelque chose sur le problème de l'entrepreneuriat en France», explique-t-elle.

    «On est malheureux parce qu'on ne peut pas entreprendre. Les banques ne nous prêtent plus. L'entrepreneuriat en France va mal.»

    De son côté, la mairie de Beaume-de-Venise a indiqué dans un communiqué qu'elle n'a fait «qu'appliquer la décision de justice rendue».

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