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    «Tailler des pipes»: Hidalgo affiche un maire LR pour ses injures sexistes

    «C'est en pensant à toutes les femmes qui sont contraintes au silence face à l'inacceptable que je me résous à rendre publique cette chronique du sexisme ordinaire.»

    Dans une lettre postée sur Twiter mardi, la maire de Paris Anne Hidalgo a tenu à marquer le coup en épinglant publiquement le maire LR du Plessis-Robinson, Philippe Pemezec. En cause, des propos sexistes que l'édile de cette ville des Hauts-de-Seine aurait tenus à l'égard de l'élue socialiste.

    Face au sexisme, je ne me suis jamais tue et je ne me tairai jamais.

    «En vous écrivant aujourd'hui, j'ai conscience de donner à votre vulgarité une notoriété qu'elle ne mérite guère», débute Anne Hidalgo, avant d'expliquer pourquoi elle souhaite «dénoncer publiquement» les injures de cet élu.

    D'après la maire de Paris et plusieurs témoins, les propos ont été tenus samedi dernier à l'occasion du lancement du chantier du Grand Paris Express à Clamart (92).

    Anne Hidalgo poursuit: «Agacé sans doute par la convivialité de nos retrouvailles (avec d'autres élus, ndlr), vous avez lancé à la cantonade: «Qu'est-ce qu'ils ont tous à se précipiter autour d'elle, tous ces mecs? Ils sont comme Un Tel à vouloir se faire tailler des pipes par Hidalgo.»

    La maire de Paris, qui a souhaité ne pas divulguer le nom de l'élu visé par Philippe Pemezec et le remplacer par «Un Tel», dit avoir recoupé les faits avant de prendre la décision d'écrire sa lettre. D'après elle, le maire du Plessis-Robinson interpellé par un autre élu sur ses propos, n'a exprimé «aucun regret».

    Et la maire de Paris, qui «ne désespère pas de recevoir des excuses», de conclure: «Il arrive très fréquemment que l'on me demande si j'ai été et si je suis encore victime de comportements manifestement sexistes. Cela a été le cas samedi à Clamart, et c'est en pensant à toutes les femmes qui sont contraintes au silence face à l'inacceptable que je me résous à rendre publique cette chronique du sexisme ordinaire.»

    Contacté par BuzzFeed News, le maire du Plessis-Robinson n'a pas encore donné suite. Il a toutefois posté sa réponse publique sur le réseau social.

    Le maire du Plessis ne conteste pas avoir tenu ces propos sexistes, mais ne revient pas non plus dessus. Il accuse la maire de la capitale d'avoir diffusé cette lettre pour favoriser l'élection de Jean-Marc Germain, député PS des Hauts-de-Seine et conjoint d'Anne Hidalgo. Et d'ajouter:

    «Je suis navré de votre démarche qui alimente un peu plus encore l'exaspération des Français, déjà las de ces querelles politiciennes stériles et de ces pertes de temps et d'énergie sur des sujets qui ne les concernent pas.»

    Cet élu LR, déjà condamné pour injures en 2011, est en tout cas connu pour ses sorties controversées.

    Dans les années 2000 par exemple, Philippe Pemezec avait insulté Nicole Abar, une footballeuse internationale qui entraînait la section féminine du Football Club du Plessis-Robinson.

    «Je suis content qu'une telle brouteuse de pelouse soit allée brouter à Bagneux», déclarait l'élu en pleine séance du conseil municipal. La joueuse l'avait attaqué en justice.

    Loin de se remettre en cause, Philippe Pemezec avait donné cette réponse en guise de défense:

    «Je lui ai dit que si elle n'était pas contente, "elle pouvait aller brouter le gazon à Bagneux". C'est taquin mais ce n'est pas une allusion à son homosexualité. C'est une expression, ça n'a rien de méchant. C'est aller chercher des noises que de mal l'interpréter, c'est assez mesquin. Il faut avoir le sens de l'humour dans la vie!»

    En 2012, c'est Mediapart et la journaliste Claire Checcaglini qui révélaient sa politique de discrimination au logement.

    «Ici, il n’y a pas de souci. Je loge très peu d'Arabes. Je fais très très gaffe», assumait notamment Philippe Pemezec qui avait été poursuivi pour pour «prise illégale d’intérêts», et recel de la même «prise illégale d’intérêts» pour avoir attribué un HLM à sa fille, avant d'être relaxé.