Aller directement au contenu

    Quand Jean-Marie Le Guen était contre la légalisation du cannabis

    Le secrétaire d'État qui fustige les «bigots de la prohibition» en faisait partie il y a seulement quatre ans.

    Invité sur BFMTV lundi soir, le secrétaire d'État aux relations avec le Parlement Jean-Marie Le Guen s'est déclaré plutôt favorable à une dépénalisation du cannabis, parce que «la prohibition n'est pas efficace».

    «La prohibition n'amène pas la diminution de la consommation. Notre pays est l'un de ceux qui consomment le plus dans la jeunesse», a argumenté Jean-Marie Le Guen en justifiant «une approche sanitaire» pour réussir à véritablement enrayer la consommation de cette drogue. Et d'ajouter:

    «Je pense qu'il faut peut-être aller vers des mécanismes de légalisation contrôlée mais surtout avec des politiques d'éducation et de santé publique. (...) Et ceux qui sont les bigots de la prohibition, me semble-t-il, devront aussi expliquer pourquoi la mesure qu'ils appliquent depuis 30 ans ne marche pas.»

    Si ce membre du gouvernement a d'emblée précisé s'exprimer à «titre personnel», son annonce a suscité, comme c'était prévisible, une nouvelle polémique. «Le gouvernement s'est exprimé clairement, il n'y a pas de dépénalisation en vue», a déclaré Najat Vallaud-Belkacem qui veut, comme le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll, clore le débat le plus rapidement possible.

    Le Guen, «bigot de la prohibition» en 2012

    Mais si Jean-Marie Le Guen s'est déjà montré ouvert à une dépénalisation contrôlée de cette drogue, cela n'a pas toujours été le cas.

    Le 14 novembre 2012 par exemple, il rappelait sur Twitter que le cannabis «pose de graves problèmes de santé publique».

    Et dans un tchat accordé la veille avec les lecteurs du journal 20 minutes, il se montrait clairement opposé à une légalisation du cannabis, et n'évoquait même pas la possibilité d'une légalisation contrôlée.



    Il n'a pas «voulu faire diversion» défend son cabinet

    Alors comment justifier ce volte-face? De nombreux internautes et responsables politiques accusent l'ancien député socialiste de vouloir faire diversion alors que le pays traverse un important mouvement de contestation.

    «Le Guen veut détruire le code du travail mais faire pousser le cannabis en banlieue. Pour cacher le crime, toute diversion est bonne a prendre», a ainsi dénoncé le socialiste Gérard Filoche sur Twitter. «Le Guen, le chauve cannabis, cherche à créer du débat de diversion dans le cendrier médiatique où se consume ce gouvernement d'enfumeurs!», a ajouté le député FN Gilbert Collard.

    Contacté par BuzzFeed News, le cabinet de Le Guen réfute l'idée «de vouloir faire diversion» en pleine contestation de la loi travail et du mouvement «Nuit Debout». Il ajoute:

    «Il a déjà évoqué ce sujet au conseil national du PS samedi et s'agissant de la légalisation du cannabis, il plaide surtout pour l'ouverture d'un débat. Nous n'avons pas son interview de 2012 [le tchat de 20minutes NDLR], mais il n'a jamais changé d'avis.»

    Une chose est sûre, Jean-Marie Le Guen n'a pas une position constante sur le sujet puisqu'en 2009 et 2011, il était cette fois-ci favorable à une réflexion sur la dépénalisation du cannabis.