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    Frédéric Haziza finalement suspendu après des atermoiements de la direction de LCP

    Après l'annonce d'une plainte visant le journaliste Frédéric Haziza pour agression sexuelle, la patronne de La Chaîne parlementaire, Marie-Ève Malouines, avait annoncé son maintient à l'antenne. Le journaliste a finalement été suspendu. Une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet de Paris.

    Mise à jour le 22 décembre : Alors qu'une enquête préliminaire est toujours ouverte après la plainte d'une journaliste pour agression sexuelle, le présentateur accusé par plusieurs salariées d'avoir eu des comportements déplacés sera réintégré, a annoncé la direction jeudi 21 décembre au soir.

    Mise à jour le 30 novembre : Le conseil d'administration (députés et direction) de la chaîne s'est réuni à 9 heures. La chaîne a annoncé après cette réunion extraordinaire que l'enquête interne allait finalement être confiée à un intervenant extérieur.


    Dans une enquête publiée mardi 21 novembre, BuzzFeed News révèle qu'une journaliste de La Chaîne parlementaire, Astrid de Villaines, a porté plainte contre Frédéric Haziza, également journaliste de la chaîne, pour une agression sexuelle qui se serait produite en 2014. D'autres de ses anciens ou actuels collègues, accusent le présentateur d'avoir les «mains baladeuses» et racontent des scènes qui se finissent en pelotage de seins ou de mollets.

    Après cette plainte, la Société des journalistes (SDJ) de LCP a convoqué une réunion en urgence avec l'ensemble de la rédaction et la direction. Celle-ci s'est tenue le 21 novembre vers midi, comme le précise leur communiqué. D'après trois journalistes présents et qui ont souhaité garder l'anonymat, la présidente de la chaîne, Marie-Ève Malouines, a annoncé vouloir maintenir Frédéric Haziza à l'antenne. Mais quelques heures plus tard, LCP a finalement annoncé la suspension du présentateur.

    «Je n'ai pas de raison de croire davantage Astrid que Frédéric»

    En milieu de journée, lors de la réunion convoquée en urgence, «Marie-Ève Malouines a tenu les mêmes propos que dans l'article de BuzzFeed, à savoir que la journaliste Astrid de Villaines avait vécu le geste de Haziza comme une agression sexuelle et que l'incident était clos puisqu'il avait été sanctionné», raconte une salariée interrogée par BuzzFeed. «On peut se demander si une main au fesses est un geste à connotation sexuelle (...) Je comprends la démarche d’Astrid mais cet incident est une affaire close», a également affirmé la patronne de LCP selon plusieurs journalistes présents. Une salariée de la chaîne à alors protesté avant que la présidente finisse par dire : «Oui, une main aux fesses constitue une agression sexuelle», racontent les journalistes.

    Alors que la SDJ de la chaîne exigeait le retrait de l'antenne du journaliste, Marie-Ève Malouines a déclaré :

    «On ne peut pas céder à la pression des réseaux sociaux et des médias (...) la plainte d'Astrid ne justifie pas un retrait de l'antenne de Frédéric Haziza (...) En termes d’image, suspendre son émission ou le suspendre lui, c’est une décision lourde de conséquences. Il faut la soupeser et l'évaluer. (...) Il y a deux versions. Je n'ai pas de raison de croire davantage Astrid que Frédéric.»

    Et de conclure :

    «Ne vous inquiétez pas, Frédéric Haziza ne viendra plus au 1er étage [celui des journalistes]. Il restera au 4e étage [celui de l'administration].»

    Contactée par BuzzFeed News, Marie-Ève Malouines avait nuancé : «Le bureau de Frédéric Haziza n'est pas situé au 1er étage. Je lui ai demandé de travailler à son bureau.» Elle assure que «évidemment oui» une main aux fesses est bien une agression sexuelle, malgré les témoignages concordants que nous avons relevé et qui disent le contraire.

    Lors de cette réunion, des journalistes ont tenu à insister sur le fait que «tout le monde sait que Frédéric Haziza a eu des gestes déplacés réguliers». Ce à quoi la patronne de LCP à répondu : «Je me méfie beaucoup du "tout le monde sait"».

    Dans un communiqué, la direction annonçait dans un premier temps «diligenter une enquête interne».

    François de Rugy conteste «toute inertie»

    En décembre dernier, la députée écologiste Isabelle Attard avait été «informée par diverses sources» du comportement de Frédéric Haziza. Elle avait alors tenu à alerter la chaîne d'un problème de «harcèlement sexuel» au sein de LCP. Membre du conseil d'administration de la chaîne à l'époque, elle a profité d'une réunion à huis clos, où des parlementaires siègent, pour poser le sujet sur la table. Selon un compte-rendu que nous avons publié, François de Rugy avait souligné l'importance «de ne pas laisser se propager de telles rumeurs qui pourraient nuire à la chaîne LCP».

    L'actuel président de l'Assemblée nationale, qui n'avait pas répondu à nos sollicitations dans un premier temps, conteste «toute inertie» et assure dans un communiqué publié mardi après-midi que «les député-e-s membres du conseil d'administration ont pris acte de la gravité de ces questions», à l'époque :

    «La Présidente (de LCP) a indiqué qu’elle n’avait pas été saisie de ces faits, et rappelé les mécanismes déployés pour les détecter et les sanctionner (...) Tous les participants à cette réunion se sont félicités que ces questions importantes soient posées, et de l'existence de ces mécanismes internes à la chaîne.»

    François de Rugy précise aussi à BuzzFeed News :

    «Je vais convoquer Marie-Ève Malouines en tant que président de l'Assemblée nationale pour avoir des éclaircissements sur cette affaire. Il y a des éléments nouveaux que je souhaite éclaircir.»

    De son côté, la députée communiste Marie-Georges Buffet, membre du conseil d'administration de la chaîne, annonce à BuzzFeed News avoir envoyé un courrier à Marie-Ève Malouines et demandé la tenue d'un conseil d'administration extraordinaire de LCP. Une enquête préliminaire a par ailleurs été ouverte dimanche 19 novembre par le parquet de Paris. Elle a été confiée à la brigade de répression de la délinquance contre la personne de la police judiciaire, rapporte FranceInfo.

    Le 21 novembre, vers 20 heures, Frédéric Haziza a quant à lui livré cette réponse sur son compte Twitter :