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    Un garçon de 14 ans gravement blessé par un tir policier de flash-ball

    Dans la nuit de lundi à mardi, un jeune ado a reçu un tir de flash-ball à Argenteuil (Val-d'Oise). Le rapport médical que BuzzFeed a pu obtenir fait état de multiples blessures au niveau des testicules.

    Une enquête a été confiée par le parquet de Pontoise à l’IGPN, qui devrait rapidement procéder à l’identification et l’audition des fonctionnaires en intervention ce soir-là à Argenteuil, théâtre de violences urbaines.

    De son côté, le Défenseur des droits, Jacques Toubon, a annoncé vendredi qu’il avait «décidé de se saisir d’office» de ces faits.

    Enfin, contrairement à ce que nous avions écrit, le cliché envoyé par Amine semble montrer le projectile d'un lanceur de balles de défense (LBD40) et non pas celui d'un flash-ball.

    Dans la nuit de lundi à mardi, Amine M., 14 ans, a été gravement blessé après avoir reçu, selon lui, un tir de flash-ball à Argenteuil dans le Val-dOise.

    D'après ses parents, interrogés par BuzzFeed France, leur fils était allé prier vers 23h le 13 juillet à la mosquée Al-Ihsan d'Argenteuil pour célébrer la nuit du destin (l'une des nuits de la fin du ramadan). Après avoir quitté le lieu de culte vers 2h du matin, Amine et quelques uns de ses amis seraient allés s'amuser avec des pétards dans un parc de la ville.

    Son père poursuit:

    «Il y avait déjà quelques échauffourées entre des jeunes et la police à cause des pétards du 14 juillet, j'ai donc envoyé un sms à mon fils lorsqu'il était à la mosquée pour lui dire d'éviter de passer par la dalle d'Argenteuil (un lieu plutôt sensible, ndlr).
    Il a obéi et est allé s'amuser en contrebas de la dalle avec ses amis. Il jouait seulement avec des pétards comme tous les gamins pendant le 14 juillet et l'arrêté d'interdiction n'interdisait même pas les petits pétards.»

    Au même moment, selon ce qu'Amine a dit à sa mère, un groupe de jeunes s'est mis à courir, peut-être pour fuir la police. Le père ajoute:

    «Lui et ses amis n'ont pas couru car ils n'avaient rien à se reprocher. Et puis mon fils portait une djellaba blanche en plus, ce qui rend toute course plus difficile. Il a vu un policier le mettre en joue avant de recevoir un tir de flash-ball au niveau du bas ventre. Il a un testicule éclaté.»

    Le centre hospitalier Victor Dupouyque d'Argenteuil confirme l'admission d'Amine mardi. Et le rapport médical, que BuzzFeed France s'est procuré, détaille les blessures:

    L'enfant Amine M. «a été victime d'un traumatisme de la sphère urogénitale, a reçu un coup de flash-ball le 14/07/2015» (...) L'examen clinique montre une «rupture de l'albuginée avec hématocèle de quantité abondante, avec contusions multiples hématiques de la pulpe testiculaire droite».

    Le site Islam&Info qui a révélé cette histoire, affirme qu'Amine «a été laissé à terre, agonisant, par la police alors que son cas paraissait clairement préoccupant». Nous n'avons toutefois pas pu confirmer cet élément et le père du petit garçon se montre plus prudent:

    «Je ne sais pas si les policiers ont laissé mon fils comme ça, sans rien faire ou s'ils sont partis tout de suite après avoir tiré. J'attends les témoignages de ses amis présents à ce moment-là pour éclaircir ce point. Mais une chose est sûre, ce sont ses amis qui ont transporté Amine à la maison alors qu'il était en sang pour que je l'emmène immédiatement à l'hôpital.»

    Et d'ajouter:

    «Je suis allé à la mosquée pour interroger des gens présents à ce moment-là. Tout le monde me confirme que mon fils avait juste des pétards, rien de dangereux qui aurait pu justifier l'acte du policier».

    Contactée par BuzzFeed France ce mercredi midi, la mairie a dit ne «pas être au courant de cet événement». Elle précise:

    «Nous sommes en train de faire le point sur les incidents qui ont eu lieu la nuit du 14 juillet pour faire en sorte que de faux chiffres (sur les voitures brûlées ou les interpellations, ndlr) ne circulent pas. Nous avons contacté la police pour cet enfant, mais nous n'avons pas encore obtenu d'éléments.»

    Egalement sollicités, la préfecture du Val-d'Oise et le parquet n'ont pas encore donné suite. Le service communication de la police nationale confirme qu'une «enquête a été ouverte par la sûreté départementale du Val-d'Oise», mais ne souhaite faire «aucun commentaire». «Nous allons voir très vite si cette histoire est vraie ou inventée», poursuit-il.

    Le père d'Amine a toutefois été contacté par la sûreté nationale:

    «Comme je travaillais au sein des services sociaux, ils me connaissent et un officier des renseignements généraux m'a contacté pour comprendre ce qu'il s'était passé. Même lui ne comprenait pas, il sait que mon fils n'est pas du tout un délinquant. Il n'a jamais eu de problème avec la police, c'est un garçon sans histoire qui vient d'avoir le brevet des collèges avec mention».

    Après avoir subi une opération chirurgicale de trois heures (qui a évité à Amine l'ablation d'une testicule), le garçon a pu rentrer chez lui ce mercredi après-midi avec l'obligation de prendre un mois de convalescence. Les parents, qui ont déjà sollicité un avocat, comptent en tout cas porter plainte pour «ne pas laisser passer cette violence policière».

    En mai dernier d'ailleurs, l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) préconisait l'abandon de cette arme à l'origine de trop nombreux incidents.

    Ce jeudi, Amine a envoyé la photo du projectile du flash-ball qu'il aurait reçu au niveau des parties génitales. Ses parents ont déposé une plainte jeudi.

    Une enquête policière a été ouverte par la sûreté départementale du Val-d'Oise et non pas une information judiciaire comme nous l'avait déclaré dans un premier temps le service communication de la police nationale.

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