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    Le récit glaçant d'une élue sur le harcèlement sexuel qu'elle subit

    Aurore Bergé, élue Les Républicains, a rapporté «une scène de la vie politique (encore trop) ordinaire» sur Twitter et Facebook.

    Aurore Bergé est une élue Les Républicains des Yvelines. Elle est aussi en charge des réseaux sociaux pour la campagne d'Alain Juppé pour la primaire de droite.

    Sur Twitter, elle a posté lundi soir un message racontant ce qu'elle qualifie de «scène de la vie politique (encore trop) ordinaire.»

    Ce soir. Scène de la vie politique (encore trop) ordinaire. Ils ne changeront que si l'on parle. #Baupin #omerta

    Un récit qu'elle a aussi posté sur page Facebook.

    Facebook: aurore.berge.58

    Elle rapporte les propos sexistes qu'elle a entendus lors du conseil d'agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines qui s'est déroulé hier.

    Il a eu lieu le soir même où le vice-président de l'Assemblée nationale Denis Baupin a été accusé de harcèlement et agressions sexuelles par plusieurs femmes.

    Elle dit avoir été accueillie par un «quand je te vois, j'ai envie de te faire une Baupin», et qu'un autre élu lui a lancé cette phrase: «Quand on voit Aurore, on a le Bâton de Berger.»

    Puis elle raconte à quel point elle se trouve «navrante» devant de tels comportements car elle ne sait jamais comment réagir:

    «J'ai passé la journée à lire les témoignages de celles qui ont osé parler. À les relayer. Et à espérer que cela participe à changer les comportements.
    Et je me trouve navrante dans mon incapacité à réagir.

    Mais quand ça t'arrive, tu ne sais pas comment réagir. Tu es sidérée. Bloquée. Tu lui fous une claque? Tout le monde te regarderait. Tu ne ris pas? Tu n'es décidément pas faite pour la politique. Et puis, c'est drôle, non? C'est un bon mot après tout. Tu te regardes.

    Et parce qu'elle se retrouve à s'interroger sur ses choix vestimentaires, à se sentir coupable:

    «Tu te dis que tu n'aurais pas dû porter ce chemisier. Instinctivement, tu te caches, tu te couvres comme si c'était toi la coupable. Et du coup, par réflexe, tu ris. Parce que bon, on est Français et donc il faut rire de ces choses-là.»

    «Mais aujourd'hui n'est pas une journée ordinaire», écrit Aurore Bergé, en saluant le courage des femmes qui ont pris la parole sur Denis Baupin.

    «Elles ont parlé. Et il ne faut pas (plus) qu'elles soient les seules. Car elles ne sont pas les seules. Et qu'il faut que cela cesse. S'il y a des différences de degrés dans le harcèlement, je ne crois pas qu'il y ait de différence de nature.

    Car on a le droit de ne pas avoir envie de ces remarques graveleuses, de ces gestes déplacés, sans pour autant être cataloguée en pisse vinaigre ou mal baisée.
    Je mesure le courage qu'il a fallu à ces femmes pour prendre la parole. Ils ne changeront peut-être pas, mais nous oui. On parlera. Merci à elles.»

    Sur Twitter, son message a été retweeté plus de 1000 fois en moins de 24 heures. Et dans les commentaires, on trouve des réactions diverses et variées. Il y a ceux qui lui apportent leur soutien.

    Et d'autres qui lui demandent de nommer les élus qui ont tenu ces propos.

    «C'est beaucoup plus facile à dire qu'à faire. On travaille ensemble», explique Aurore Bergé au Lab Europe 1 sur le fait de donner des noms.

    «Le but n'est pas nécessairement de les désigner nommément, mais de faire en sorte que ça cesse. De leur faire prendre conscience que ce qu'ils font est mal, qu'ils ont tort et qu'ils doivent s'excuser et ne pas recommencer», ajoute-t-elle. «C'est en parlant qu'on les contraindra à changer.»