Maroc Hebdo a mis en ligne, gratuitement, le contenu du dossier en question. Nous avons mis à jour l'article pour en rendre compte.
Maroc Hebdo a annoncé ce vendredi soir sur Facebook le retrait du numéro concerné. Nous avons ajouté cette information à l'article.
Comme chaque semaine, Maroc Hebdo a partagé sur sa page Facebook jeudi 11 juin la couverture de son nouveau numéro. Cette semaine, le titre de couverture est: «Faut-il brûler les homos?»
Un choix rapidement contesté dans les commentaires de la page Facebook du journal:
La une de Maroc Hebdo est également condamnée unanimement sur Twitter:
Maroc Hebdo a publié en libre accès son dossier ce vendredi. Il s'agit d'une succession de trois articles. Le premier est un long article qui s'interroge sur l'appel du ministère de la santé marocain à dépénaliser l'homosexualité.
Le deuxième est une interview de l'écrivain marocain Abdellah Taïa, connu pour son engagement en faveur des droits de la communauté LGBT, sur une demi-page
Le troisième est une tribune de deux pages contre la dépénalisation de l'homosexualité au Maroc, signée par Mustapha Sehimi, chroniqueur régulier de l'hebdomadaire.
L'éditorialiste rappelle, sans s'en offusquer, que «plus de 70 État condamnent l'homosexualité» et que «dans une dizaine d'entre eux, la sanction encourue et la peine de mort». Selon lui, dépénaliser l'homosexualité, c'est «se fourvoyer»:
Sous le feu des critiques, Maroc Hebdo a finalement choisi de retirer ce numéro de la vente ce vendredi soir. C'est ce qu'a annoncé l'hebdomadaire sur sa page Facebook.
Les photos de la couverture incriminée ont par ailleurs été retirées de la page Facebook.
Mohamed Selhami, le directeur de la publication du titre, présente «ses excuses à tous les lecteurs qui ont pu être choqués par ce thème». Des excuses pour le moins bancales, puisque ce n'est pas le thème mais bien la manière de l'aborder qui a choqué.
Comme le remarque un internaute, la photo de une provient par ailleurs d'un hôtel de Cancun.
TripAdvisor indique que cette photo a été mise en ligne par les responsables de l'hôtel.
Une critique publiée sur le site Global Travel Industry News dit que depuis «janvier 2013, ce complexe hôtelier courtise officiellement la clientèle LGBT».
Certains rappellent que ce n'est pas la première couverture choquante du journal, qui avait été vertement critiqué en 2012 pour sa une sur le «péril noir».
La rédaction de Maroc Hebdo n'a pas réagi pour l'heure aux critiques dont elle fait l'objet après cette couverture.
En 2014, le tirage de l'hebdomadaire était de 15.000 exemplaires, selon l'OJD Maroc. C'est moins que le leader marocain du secteur selon l'organisme de mesure, Al Ayam (26.915 exemplaires), mais cela montre que la publication n'est pas marginale.
Maroc Hebdo, qui se définit comme «indépendant», est néanmoins régulièrement critiqué pour sa ligne éditoriale. Certains le comparent au français Minute, condamné en 2014 pour une couverture homophobe.