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    La sénatrice FN Claudine Kauffmann suspendue par le parti pour avoir comparé les migrants aux nazis

    Face aux réactions suscitées par ses propos, l'élue Front national a finalement retiré sa publication, mais ne regrette pas la polémique. De son côté, le parti annonce sa suspension.

    C'est tout frais, depuis le 1er octobre, Claudine Kauffmann est la première femme frontiste à entrer au Sénat. Elle y reprend le siège de David Rachline, qui a préféré, non-cumul oblige, conserver son mandat de maire à Fréjus (Var). Dans son communiqué, la sénatrice a évoqué sa volonté d'agir «au service de tous, excluant quelconque considération partisane». De fait, c'est pour son compte Facebook qu'elle réserve ses opinions les plus extrêmes.

    «Si ça ne s'appelle pas l'occupation, dites-moi comment ça s'appelle !!!»

    Le 25 mai dernier, quelques semaines après la défaite de Marine Le Pen à l'élection présidentielle, Claudine Kauffmann n'est encore «que» conseillère municipale de La Celle, petite commune du Var. Elle partage alors sur sa page Facebook deux images côte à côte. Sur l'une, on peut voir des réfugiés attendant dans le froid sur un trottoir parisien (publiée ici par Le Parisien). Sur l'autre, la couverture d'un livre de Julian Jackson, La France sous l'Occupation, où l'on peut voir Adolf Hitler arpenter avec ses généraux le parvis du Trocadéro. Les deux photos sont surmontées de ce commentaire de l'élue : «Ceci me fait penser à...cela !!!»

    En-dessous de l'image, Claudine Kauffmann en rajoute une couche et s'interroge: «Si la photo de gauche ne s'appelle pas l'Occupation, dites-moi comment ça s'appelle !!!» Elle ajoute enfin, pour que l'on comprenne bien où elle veut en venir: «Quand nous étions en guerre, nous nous battions pour nous en sortir et rendre la France libre, mais aujourd'hui, personne ne lutte contre cette invasion. Donc à mes yeux, c'est pire !»

    Cette comparaison entre les réfugiés et les armées de l'Allemagne nazie n'est pas nouvelle au Front national. Ainsi, en 2016, Bruno Lemaire (qui n'est pas le ministre), alors membre du bureau central du Front national (FN), avait comparé les migrants aux «hordes nazies», comme l'avaient raconté à l'époque nos confrères du Lab d'Europe 1. Plus récemment, Marie-Mauricette Martinez, candidate du FN aux législatives en Gironde, avait partagé sur Facebook un article expliquant que «l'islam est bien pire que le nazisme».

    Partage de théories complotistes

    Mais Claudine Kauffmann ne s'arrête pas là. Elle adhère aussi à la théorie fumeuse du «grand remplacement» qui voudrait que les élites européennes préparent le remplacement des populations blanches d'Europe par des population immigrées venues du Maghreb et d'Afrique subsaharienne. En mai 2015, alors qu'elle est déjà membre et élue du FN, elle partage ainsi une publication d'Alexandre Gabriac (lui-même exclu du Front en 2011 pour des saluts nazis). Sur l'image, une liste des naissances publiée dans Nice-Matin (sans que l'on sache ni la ville, ni la date exacte), accompagnée de ce commentaire : «Oui oui, c'est un journal "français". Nice-Matin. Grand remplacement, un fantasme

    Cette théorie, développée par l'écrivain Renaud Camus (condamné pour provocation à la haine contre les musulmans), a déjà été rejetée par Marine Le Pen qui y voyait, en 2014, une preuve de «complotisme». Pour autant, la cheffe du FN n'a pas toujours réfuté si fermement cette idée. Ainsi Franceinfo avait pointé, en 2016, les fluctuations dans le discours la présidente du FN, selon qu'elle parle aux médias ou à ses militants.

    Il ne fait aucun doute que ce compte Facebook appartient bien à l'élue frontiste. Plusieurs de ses collègues y font régulièrement référence (par exemple ici, ici ou encore ici). Elle y poste également des photos en compagnie de cadres du FN, comme David Rachline. Dans un autre message, posté en juin 2015, elle racontait les conflits internes qui l'opposaient à Jérôme Rivière, candidat du FN aux législatives dans sa circonscription.

    Nous avons tenté de joindre Claudine Kauffmann via sa page Facebook, et en contactant la mairie où elle est élue mais elle n'a pas donné suite. Du côté du FN, nous avons contacté Alain Vizier, directeur du service de presse du parti, qui nous a simplement adressé ce message : «Bonjour, malheureusement, je ne la connais pas. Cordialement».

    Au lendemain de la publication de notre article, Claudine Kauffmann a finalement répondu sur son profil Facebook comme l'ont noté nos confrères de l'AFP. Si elle a décidé de retirer la publication comparant migrants et nazis, elle se félicite de la polémique.

    Auprès de Var-Matin, Claudine Kauffmann a développé sa défense, expliquant avoir «beaucoup d'amis étrangers»: «J’ai beaucoup d’amis étrangers. Je n’ai rien contre les migrants, mais quand j’ai vu cette photo [de migrants, ndrl] c’est l’image [des nazis occupant Paris] que j’ai eue en tête à ce moment-là!»

    Au lendemain de la polémique, David Rachline, responsable de la communication du FN, a finalement décidé de suspendre Claudine Kauffmann de ses fonctions. Il explique à l'Agence France-presse : «Elle est suspendue dans l'attente d'explications et de clarifications sur ses propos. C'est une mesure conservatoire pour avoir une discussion avec elle», précise le maire de Fréjus.


    Mise à jour

    Ajout de la réaction de Claudine Kauffmann sur sa page Facebook.

    Mise à jour

    Ajout des propos de Claudine Kauffmann dans Var Matin.

    Mise à jour

    Ajout de la décision du FN de suspendre provisoirement Claudine Kauffmann.