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    Un rapport pointe une forte augmentation des crimes homophobes et transphobes au Royaume-Uni

    En cinq ans, le nombre de personnes homosexuelles, bisexuelles ou transgenres au Royaume-Uni qui disent avoir été victimes d'un crime haineux a presque doublé.

    D'après une nouvelle grande enquête conduite par Stonewall, un groupe de défense droits LGBT, ces cinq dernières années, le nombre de personnes homosexuelles et bisexuelles au Royaume-Uni qui disent avoir été victimes d'un crime haineux (hate crimes) a presque doublé.

    41% des personnes trans victimes d'un crime haineux

    Alors qu'en 2012, 9% d'entre elles disaient avoir subi un crime homophobe ou biphobe, les chiffres d'aujourd'hui, basés sur une enquête menée auprès de 5000 personnes utilisant les mêmes méthodes d'échantillonnage qu'en 2012, placent ce nombre à 16%. Mais selon le rapport, ce sont les personnes transgenres qui sont les plus ciblées.

    Durant les 12 derniers mois, 41% des personnes trans —soit 2 sur 5— ont été victimes d'un crime haineux en raison de leur identité de genre. Cette proportion est si importante que, lorsqu'on y ajoute les chiffres concernant les personnes homosexuelles et bisexuelles, on constate que 21% des personnes LGBT —1 sur 5— ont subi un crime haineux durant ces 12 derniers mois.

    Lorsque l'on compare ces chiffres au nombre de crimes haineux concernant l'orientation sexuelle ou l'identité de genre qui ont été signalés à la police sur cette même période, il est clair qu'une grande partie des personnes LGBT n'appellent pas la police lorsqu'un incident se produit.

    En 2014, il n'y a eu que 7000 signalements, légèrement plus que l'année précédente (6400). Mais si les personnes LGBT ne représentent, par exemple, que 5% de la population, cela laisse suggérer que seulement 1 personne LGBT sur 450 a subi un crime haineux, ce qui semble sous-estimé par rapport au nombre de personnes ayant dit avoir été victimes de crime homophobe selon le rapport.

    «Quelqu'un a menacé de me trancher la gorge»

    Les personnes LGBT qui sont noires, asiatiques ou qui appartiennent à une autre minorité ethnique sont également affectées de manière disproportionnée par les crimes haineux en raison de leur genre ou sexualité. 34% d'entre elles se disent victimes d'un crime haineux selon Stonewall (contre 1 personne blanche LGBT sur 5).

    «J'ai été attaquée par un homme alors que je tenais la main de ma partenaire. Il m'a attrapée par-derrière et s'est collé contre moi, puis il m'a attaquée verbalement», déclare Freya, 21 ans, une des participantes à l'enquête, qui vient du pays de Galles.

    «Quelqu'un a menacé de me trancher la gorge et de me tuer», témoigne Ava, 56 ans. «Il a continué en disant qu'aucun tribunal ne le reconnaîtrait coupable pour avoir tué "une homo provocante"».

    Et un homme trans, James, 47 ans, raconte: «Je suis traqué depuis plus de deux ans maintenant par un inconnu. Depuis que ça a commencé, j'ai reçu des lettres anonymes de menace. J'ai reçu deux lettres contenant des lames de rasoir, et une qui contenait une substance toxique qui m'a brûlé aux mains, au visage et à un œil. J'ai été battu trois fois.»

    Le rapport contient également des recommandations, demandant au Crown Prosecution Service (le service de poursuites judiciaires) de fournir une formation spécifique aux procureurs concernant les crimes haineux anti-LGBT et d'offrir l'aide d'un spécialiste aux victimes; à la police de mieux surveiller et enregistrer les crimes haineux anti-LGBT et d'améliorer les relations avec la communauté LGBT; et au Home Office de changer ses directives afin que les crimes haineux basés sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre soient traités aussi sévèrement que ceux basés sur l'ethnie ou la religion.

    Lors de la parution de ce rapport, Ruth Hunt, présidente de Stonewall, a déclaré que l'augmentation spectaculaire du nombre de personnes rapportant un crime haineux pourrait s'expliquer par le fait que les personnes savent davantage ce qu'est un crime haineux, et sont par conséquent mieux capables de l'identifier et d'en parler lorsqu'on leur demande ce qu'elles ont vécu – ou à cause d'une augmentation du nombre d'attaques.

    «Bien que nous ayons fait beaucoup de progrès ces 25 dernières années, il est clair qu'il nous reste encore énormément de travail à faire avant que toutes les personnes LGBT puissent se sentir en sécurité, incluses et libres d'être elles-même aujourd'hui en Grande-Bretagne», a déclaré Ruth Hunt. «Ce rapport nous met en garde contre l'autosatisfaction. Nous devons maintenant travailler ensemble pour faire en sorte qu'aucun individu ne puisse faire fac à de la haine ou de la discrimination simplement à cause de son orientation sexuelle ou de son identité de genre.»

    Stonewall lance par ailleurs sa plus grande campagne depuis 10 ans, visant à la fois les personnes hétérosexuelles et cisgenres, pour les encourager à s'exprimer et à intervenir pour leurs concitoyens LGBT, et les personnes LGBT, pour qu'elles fassent de même pour d'autres personnes au sein de leur communauté.

    Ce post a été traduit de l'anglais.