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    12 personnes évoquent ce qui les rend uniques

    «Tout le monde a des défauts; certains d'entre nous ont simplement plus de cicatrices visibles pour le prouver.»

    Amada

    «Mes taches de rousseur me rendaient très différente quand j'étais petite. Parfois, les enfants se moquaient de moi, me montraient du doigt ou se posaient des questions sur moi. Ma mère avait les mêmes taches de rousseur et je sais qu'elle a eu du mal avec ça aussi, au Mexique. Mais les New-Yorkais ont, je pense, vu beaucoup plus de gens différents. Donc, maintenant, les gens ont tendance à être beaucoup plus compréhensifs et auront envie de parler et de me complimenter.

    Ceci dit, c'est dur quand je lis des gens dire: "J'aime mes défauts, même mes taches de rousseur". Je ne trouve pas que mes taches de rousseur soient un défaut; j'aime les mettre en valeur. Il y a plein de maquillage commercialisé qui disent: "Égalisez votre teint!" Pourquoi voudrais-je faire cela? Elles font de moi ce que je suis.

    Dans mon cas, je crois que la beauté doit beaucoup à celui qui regarde. Mais j'ai enfin réalisé que le seul spectateur important, c'est moi.»

    Myrsha

    «Les tatouages affectent clairement la façon dont les gens se sentent la première fois qu'ils vous rencontrent. Vous êtes dans la rue ou même au travail et vous voyez des gens fixer votre bras. Vous savez qu'ils vous regardent mais ils ne voient qu'un objet. Mais ce n'est pas ça le pire, parce que c'est quelque chose que vous avez voulu.»

    Mais j'ai déjà été agrippée par des étrangers qui voulaient seulement me regarder. Et, pour une femme de couleur, vu que les médias nous montrent en général comme des criminels, des voyous ou des gens peu intelligents, la perception des gens atteint un autre niveau. J'ai eu des postes très élevés dans l'industrie hospitalière, et pourtant les gens ne croient toujours pas que les personnes de couleur —surtout avec des tatouages— puissent avoir de tels postes. C'est ça qui est frustrant pour moi.

    Je ne les regrette pas cependant. Certains tatouages sont un hommage à ma mère, qui est ma meilleure amie. J'ai un papillon monarque avec le mot latin pour "compassion" en-dessous. Un jour quand j'étais plus jeune, ma mère et moi marchions dans la rue et nous avons vu un monarque avec une aile déchirée qui ne pouvait plus voler. Nous nous sommes arrêtées puis nous sommes remises à marcher, et quelques blocs plus loin je lui ai dit combien je me sentais mal de laisser ce papillon — j'imaginais que quelqu'un aurait pu marcher dessus. Elle m'a dit "Retournons-y. Mettons le sur un arbre. Parce que c'est ce qu'on fait quand quelqu'un ou quelque chose a besoin d'aide; on s'assure de les aider." Cela m'est resté. C'était un exemple frappant de qui est ma mère, et du type de personne qu'elle nous a fait devenir ma sœur et moi.»

    Katie

    «J'ai une tache de naissance sur la joue gauche. Je n'y attache pas trop d'importance —je n'ai pas ressenti de pression pour l'enlever. C'est simplement moi.

    En grandissant, il n'y avait pas de poupée avec des taches de naissance sur le visage. Cela ne me dérangeait pas, mais c'est comme ça que je me suis rendue compte qu'il y avait une différence entre moi et les autres personnes. Un jour, sur mes photos de classe, ils l'ont modifiée. On n'aurait pas dit que c'était moi; j'avais l'air très différente.

    Bref, j'ai toujours vu ça comme quelque chose de positif, donc j'ai voulu venir et dire aux gens qui en ont besoin que ce n'est pas un problème si on a des différences sur le visage!»

    Brian

    «Mon vitiligo est apparu pour la première fois quand j'avais 18 ou 19 ans. Je me sentais vraiment moche pendant longtemps. J'ai mis du maquillage dessus pendant un moment et puis j'ai déménagé à New York et le stress a tout empiré. J'en suis arrivé à un point où je ne pouvais plus mettre de maquillage, donc j'ai arrêté.

    Maintenant je suis barman et donc au centre de l'attention tout le temps. J'ai des gens qui me posent des questions et font genre "C'est trop cool!" Ça peut être frustrant. C'est juste mon corps; je ne peux rien y faire. Pareil pour les rencontres —j'ai eu des gens qui faisaient genre "C'est assez attirant." Je ne veux être un fétiche pour personne. Mais c'est différent quand l'autre personne l'a. Récemment, une collègue est venue chez moi et m'a dit: "Moi aussi j'ai le vitiligo, je trouve ça vraiment cool que tu te retrousses les manches et tout." Ça, ça m'a fait me sentir bien! Le sentiment était mutuel. C'était un sentiment commun, pas une nouveauté.

    Mais après, une autre femme est venue vers moi dans la file au supermarché et m'a dit: "Oh mon Dieu, avez-vous vu ce mannequin qui a ce que vous avez? J'aurais aimé qu'il y ait plus de mannequins comme vous quand j'étais enfant, car j'avais un ami qui avait ce que vous avez." Je veux dire, ce que j'ai s'appelle vitiligo. On aurait dit qu'elle essayait d'exprimer à quel point ça ne la dérangeait pas, alors qu'en fait, pourquoi ça devrait te déranger?

    Le vitiligo ne fait pas de moi ce que je suis; mes expériences dans la vie le font. Mais je l'accepte —il n'y a rien que je puisse ou que je doive faire à ce propos. Je n'ai pas à m'expliquer ou m'excuser.»

    Lauren

    «J'ai 23 ans. Je ne me suis jamais mise ou allongée au soleil ou sur un banc. J'avais une petite bosse sur le visage et j'ai demandé conseil au dermatologue qui m'a dit de ne pas m'inquiéter. Je ne voulais pas qu'elle se transforme en quoi que ce soit et j'ai donc pris mon courage à deux mains pour la faire enlever, bien que j'aie une peur terrible de tout ce qui est médical. Et quand ils l'ont soumis à une biopsie, il s'est avéré que c'était un carcinome basocellulaire.

    J'ai cherché sur Google "personnes de 20 ans avec cancer de la peau", mais je n'ai pas trouvé grand-chose et ça m'a cassée. Vous vous attendez toujours à ce que ce soient des gens beaucoup plus âgés que vous qui en souffrent, mais une infirmière est venue me trouver après l'opération et m'a dit qu'elle avait eu un mélanome quand elle avait mon âge! Je connais beaucoup de gens qui vont souvent au soleil pour bronzer ou qui ne font juste pas attention. Maintenant, je passe d'un moment où j'ai honte à d'autres moments où je sens que je devrais vraiment aller parler à ces gens de ceci et les rendre plus conscients, pas seulement du cancer de la peau, mais aussi de l'importance d'insister auprès de son médecin quand on n'est pas convaincu de quelque chose.

    On m'a vanté ma peau toute ma vie. Avoir remis ça en question, avoir ma vanité ébranlée, être forcée à me demander: "Qui suis-je à part mon look?" —ça parait idiot mais je sens que ça a été une bonne leçon de vie. Et ce ne fut pas seulement la partie physique; émotionnellement, avec mon anxiété, ça m'a demandé toutes mes forces de subir cette opération. Mais maintenant je guéris et je peux raconter mon histoire. Et si je peux utiliser cette expérience pour aider quelqu'un à voir les choses différemment et à être plus prudent, tant mieux.»

    Xaviera

    «Je suis née prématurément, je pesais 1,27kg et je pouvais tenir dans la paume de la main de mon père. La cicatrice sur mon dos vient de l'opération quelques mois plus tard pour réparer une valvule ouverte de mon cœur. Je recevais également des médicaments à travers une sonde, mais un jour une infirmière a laissé trop longtemps l'aiguille, qui s'est cassée et a laissé une cicatrice sur ma jambe gauche.

    J'ai commencé à être complexée à l'école quand d'autres enfants montraient du doigt la cicatrice de ma jambe. Même adulte, je vois des gens tellement critiques, insensibles, et carrément grossiers quand ils me voient en robe ou en short. Ils me fixent souvent comme si j'étais d'une autre espèce, et je n'exagère pas. Cela m'a fait remettre ma beauté en question mais, avec l'aide de mes proches, j'ai réalisé que les gens parleront toujours de vous peu importe la situation —et, au bout d'un moment, c'est vous qui décidez.

    La beauté n'a, selon moi, pas de limites. Les personnes avec des cicatrices ou d'autres problèmes sont beaux aussi. Je pense que tout le monde a ses défauts; certains d'entre nous ont simplement plus de cicatrices pour le prouver et mes cicatrices font de moi ce que je suis. Je veux partager mon histoire avec le monde entier et leur montrer combien je suis belle, fière et heureuse d'être moi, avec mes défauts et tout.»

    Jordan

    «J'ai deux énormes cicatrices sur les genoux. Elles viennent de cinq opérations au genou subies lorsque je jouais au softball au collège. Le softball n'est pas vraiment un sport à risques pour les blessures au genou qui mèneraient à une opération, mais j'ai réussi à déchirer mon ligament croisé antérieur pendant ma première année, le refaire deux ans plus tard, et ensuite déchirer un autre tendon et, enfin, fracturer mon os. Ça a simplement fait boule de neige.

    Je suis passée de séances de conditionnement physique, exercices et matchs, à de longues séances de réhabilitation et à essayer de retourner sur le terrain. Et même là, quand j'y suis retournée, je faisais deux heures de réhabilitation et quatre heures d'entraînement, et je devais encore trouver le temps pour faire mes devoirs.

    Les gens sont attirés par mes cicatrices. Plein de fois, quand je rencontre quelqu'un de nouveau, ils ne regardent pas mes yeux —ils regardent mes genoux, et demandent: "Oh mon Dieu, qu'est-ce qui s'est passé?" J'ai essayé de passer au-dessus, ce qui est en théorie assez facile avec des cicatrices de sport, mais cela peut être difficile quand vous êtes dans la rue et que les gens vous fixent.»

    Stephanie

    «J'ai une tache de vin. C'est une mutation génétique qui produit plus de vaisseaux sanguins que pour la plupart des gens. Beaucoup de gens en ont, mais elles ont tendance à être plus petites et à pouvoir être couvertes. Il y a également de nombreux aspects médicaux —en fonction de l'endroit où elle se trouve, il y a des complications potentielles, telles qu'un glaucome, une perte de l'audition, des troubles cardiaques ou des troubles cérébraux. J'ai évité de nombreux problèmes liés à ça et je ressens un peu la culpabilité du survivant.

    Je n'étais pas complexée de ma tache quand j'étais petite, mais vers la fin de l'école primaire, les choses ont changé. Je n'ai plus attaché mes cheveux entre l'âge de 10 et 13 ans. J'ai développé des troubles de l'alimentation. Je pensais que si je ne pouvais pas être la jolie fille, au moins je pouvais être la fille mince. Je suis en traitement maintenant et j'en parle librement. Pendant des années je pensais devoir me montrer sûre de moi; maintenant j'apprends à être honnête sur ma vulnérabilité.

    Au final, c'est positif. Je fais des études en biotechnologie et génétique, et aussi en psychologie. L'idée est d'ouvrir mon propre laboratoire génétique ou si possible de devenir conseillère génétique, où je travaillerais avec des enfants et des familles qui ont affaire à des mutations génétiques ou des maladies héréditaires. SI je n'avais pas eu de tache de naissance, je ne serais pas la personne que je suis aujourd'hui.»

    Adele

    «J'ai des cicatrices d'automutilation sur les bras et les jambes. J'ai arrêté de me couper il y a environ quatre ans et depuis, j'ai fait des tatouages en rapport avec ce combat. Mon premier tatouage était un papillon —j'ai trouvé quelque chose qui s'appelle Le projet papillon, qui défie les gens de se dessiner un papillon sur le bras au lieu de se couper, et j'ai décidé de faire le mien de manière permanente. Cela m'a aidée à des moments où je pensais à le refaire. Pareil pour le tatouage "Strength" (force) sur ma cuisse.

    Ma peau me rappelle la douleur, mais également tout le chemin que j'ai parcouru. J'ai l'intention de faire d'autres tatouages pour couvrir ou faire oublier mes cicatrices, car je ne veux pas forcément que mes cicatrices soient la première chose que les gens dans la rue voient de moi. Ils peuvent simplement penser que j'ai un joli tatouage, mais les gens proches de moi —les gens qui me voient vraiment— sauront ce que j'ai enduré.

    Je travaille beaucoup avec des enfants. Une petite fille m'a demandé: "Qu'est-ce qu'il a ton bras?" Je lui ai répondu: "Rien, c'est comme ça qu'il est. Elle m'a dit: "Tu as un chat?" Je ne savais pas quoi répondre donc j'ai dit oui. Elle m'a regardée très sérieusement et a dit: "Tu as essayé de donner un bain à ton chat? J'ai fait: "Oui! Oui! C'est exactement ce que j'ai fait." Je suis rentrée à la maison en riant ce jour-là.»

    Zach

    «J'ai toujours été complexé de ma peau. J'ai grossi en surpoids, dans une maison où les repas ne finissaient que lorsque vous vous sentiez mal. Mes vergetures sont un rappel des changements subis par mon corps.

    Au final, même si je veux perdre plus de poids ou ressembler à un certain style, ce n'est que de la peau! Ce n'est peut-être pas la plus belle, mais c'est la mienne. Je ne m'en débarrasserai pas.»

    Kadijah

    «J'ai quelque chose qui s'appelle le pityriasis, qui se présente sous deux formes: alba et rosea. Cela crée des taches sur ma peau, c'est sec et ça gratte. Cela affecte généralement les enfants mais j'ai eu ma première cicatrice à 14 ans, et j'en souffre encore aujourd'hui.

    On me fait pas mal de compliments sur la peau que les gens peuvent voir quand ils me rencontrent pour la première fois, ce qui est bizarre vu que je sais ce qui se passe en-dessous de la surface. Je n'ai pas un grand contrôle sur mon pityriasis mais il m'a poussée à prendre plus soin de moi-même —hydrater et exfolier ma peau et apprendre à mieux la connaître.

    Je pense que j'ai commencé à mieux gérer tout ça récemment. On ne prévoit pas quand il apparaît mais, quand il apparaît, je sais qu'il disparaîtra dans quelques mois. Ce n'est pas si terrible; ce n'est pas la fin du monde. Je sais que ce n'est pas facile mais si je peux aider quelqu'un à se sentir mieux dans sa peau, ce serait fantastique.»

    Jennifer

    «J'ai subi une opération à cœur ouvert quand j'étais bébé et j'ai une cicatrice sur la poitrine depuis. Je n'ai jamais porté un top comme celui-ci avant. En le mettant et en me regardant dans le miroir aujourd'hui, je me suis sentie émue. J'ai toujours su que la cicatrice était là, mais je n'étais pas prête à ce que d'autres la voient.

    C'est drôle comme quelque chose d'aussi petit peut conditionner la manière dont vous vous voyez. Maintenant, je suis fière de ma cicatrice. Je me sens comme une guerrière. Si je peux m'en tirer avec une opération à cœur ouvert, aucune parole ou regard étrange des autres ne peut m'atteindre. Je suis habituée à me cacher, mais ça a été libérateur. Je me sens tellement libre, et tellement moi.»