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    Meurtre d'Alexia Daval : la couverture médiatique ne passe pas

    «Avec un tel traitement médiatique, on va finir par croire que c'est Jonathann Daval la victime», ironise une militante féministe.

    Mardi 30 janvier, Jonathann Daval a avoué avoir tué sa femme, Alexia Daval. S'il admet avoir tué sa femme et caché le corps, il nie l'avoir brûlé.

    Jonathann Daval a été mis en examen et placé en détention provisoire.

    Sur les réseaux sociaux, le traitement médiatique de l'affaire a été vivement critiqué.

    Le traitement médiatique du meurtre de #AlexiaDaval est sidérant. Sidérant. https://t.co/g8vOreYKim

    Sidérant la façon dont on minimise la violence envers les femmes. #AlexiaDaval a été assassinée par #JonathannDaval… https://t.co/iR4TusmLu9

    De nombreux internautes ont regretté que des médias reprennent la version de l'avocat de Jonathann Daval sans mettre assez de distance.

    Stoooooop! Arrêtez de relayer sans aucun recul ni contexte les dires de la défense. Ce n'est pas de l'info mais de… https://t.co/oLi8p0ujVt

    Notamment sur la thèse de l'accident qui a donné lieu à plusieurs titres dans les médias, alors qu'il s'agit uniquement de la version de Jonathann Daval. Et que la procureure de la République a finalement expliqué dans la soirée qu'elle avait assez d’éléments pour dire que la mort a «été donnée volontairement et non pas accidentellement».

    Par exemple, cette dépêche et ce tweet de l'Agence France-presse, qui ont repris sans guillemets la version de l'accident, ont été vivement critiqués.

    autre exemple. il s'agit ici d'une citation de Daval ou de son avocat. donc on met des guillemets. sinon on donne l… https://t.co/ApdNJt0BT4

    Le tweet a finalement été supprimé.

    Ça va @afpfr ça vous gêne pas de laisser "par accident" sans guillemets alors que ce sont les propos du meurtrier r… https://t.co/TiyUL0jkMy

    Cette séquence de BFM-TV, où un psychiatre estime que les larmes de Jonathann Daval sont sincères, a été particulièrement critiquée.

    Les larmes de Jonathann Daval peuvent-elle être sincères? "Oui", estime un psychiatre

    Cet expert utilise aussi l'expression «crime passionnel», qui est régulièrement critiquée parce qu'elle contribue à banaliser et à excuser les violences faites aux femmes.

    Emploi de l'expression "crime passionnel" qui minimise l'acte, apitoiement sur le sort du meurtrier transformé en v… https://t.co/31wPystsuH

    La blogueuse féministe Crêpe Georgette lui reproche par ailleurs de donner son avis sur Jonathann Duval alors qu'il ne l'a pas examiné.

    extraordinaire. on a un psy qui n'a pas examiné Duval mais qui donne son avis sur lui. et le meilleur vient quand o… https://t.co/LuRXRk97rq

    D'autres, comme le journalistes de Télérama, Samuel Gontier, ont remarqué que la douleur de Jonathann Daval était évoquée par certains médias.

    Sur France 2, “c’est un homme dévasté, rongé par le remords qui est passé aux aveux”.

    Dominique Rizet : “J’aimerais être l’avocat de Jonathan Daval, c’est quelqu’un de terriblement humain.”

    «Avec un tel traitement médiatique, on va finir par croire que c'est Jonathann Daval la victime», ironise cette militante féministe.

    Donc on invite des psys experts en victimologie pour parler des pleurs du meurtrier d’Alexia Daval qui « ne parvien… https://t.co/YY0ldfl9ng

    Sur BFM-TV, Ruth Elkrief s'est demandée s'il s'agit d'un «meurtre de fait, à cause d'une frustration qui dure depuis des années» ?

    Les “deux thèses” de Ruth Elkrief pour expliquer le meurtre d’Alexia Daval par son mari : “Est-ce que c’est un cas… https://t.co/00z9Bm5taD

    Du coup, la journaliste Agathe Ranc, de L'Obs, ironise : «Prochaine étape, Alexia Daval est-elle coupable d'avoir été tuée par son mari ?»

    Ce traitement médiatique de l'affaire Alexia Daval est à vomir. On nous présente une narration où le meurtre devien… https://t.co/4knXRRXDXV

    D'autres ont regretté les choix iconographiques des médias qui ont préféré mettre en illustration des photos du mari en pleurs lors de la marche blanche plutôt que des photos de sa victime.

    le poids des mots, le choc des photos. Pour illustrer le féminicide de Alexia Daval par son mari, beaucoup de medi… https://t.co/HdyKDYMHPS

    Marlène Schiappa, la secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, a écrit de son côté que «les médias ont une responsabilité».

    « Je ne rentre pas dans cette affaire judiciaire, je lutte contre la banalisation des violences conjugales: ça suff… https://t.co/qnUmddQLE5

    Elle a part ailleurs vivement critiqué la défense de l'avocat de Jonathann Daval.

    Des militantes féministes, comme cette porte-parole d'Osez le féminisme, ont directement interpellé des médias sur les réseaux sociaux pour les sensibiliser à la question des féminicides et demander une meilleure couverture de ces sujets.

    A retrouver de toute urgence, @CNEWS @BFMTV, jusqu'à ce que ça soit compris dans votre traitement médiatique. Les m… https://t.co/cbaWR0xD3V

    D'autres, comme ce journaliste de Libération, sont revenus sur la responsabilité des médias qui ont «validé immédiatement le cliché de la "joggeuse assassinée"».

    J’espère qu’on songera un peu à la responsabilité médiatique qui est la nôtre quand on valide immédiatement le scén… https://t.co/P7sBwulwMA

    @miroslavazetkin Et on a fait flipper les femmes qui voulaient aller faire du jogging avec des articles sur le dang… https://t.co/VGhS9dY9MU

    En effet, plusieurs journaux avaient lié différents meurtres de joggeuses...

    ... et présenté le jogging comme une activité dangereuse pour les femmes.

    Or comme le rappelait à l'époque cette militante féministe, «le principal lieu d'homicide pour les femmes est le domicile conjugal»

    a 83% les femmes ont été tuées chez elle. a 63% les hommes ont été tuées dans l'espace public.

    Il est donc faux de présenter le jogging comme une activité particulièrement dangereuse pour les femmes.

    Donc le meilleur conseil à donner aux femmes n'est pas de ne plus faire du jogging seule mais de quitter le domicile conjugal.

    Un article de L'Obs, publié le 30 janvier, revient également sur cette idée.

    «Il ne s'agit pas de nier le fait qu'une femme puisse être agressée dans la rue ou dans les bois où elle court. (...) Mais il s'agit de réaliser qu'écrire "meurtre de joggeuse" a autant de sens qu'écrire "meurtre de femme portant des chaussures" ou "meurtre de femme vêtue d'un tee-shirt en été"», y écrit Agathe Ranc.