Aller directement au contenu
  • meufs badge

Après une «mobilisation inédite», la bibliothèque féministe de Paris restera finalement dans ses locaux

La mairie de Paris voulait faire déménager la bibliothèque Marguerite-Durand. Devant la polémique, elle vient cependant d'annoncer le maintien de la bibliothèque dans ses locaux.

«Nous sommes heureuses : c'est un soulagement», se félicite l’historienne Christine Bard. Le 4 décembre, le collectif Sauvons la BMD, dont Christine Bard est une des animatrices, a reçu un courrier de Bruno Julliard, premier adjoint à la mairie de Paris chargé de la culture, qui acte la mort du projet de déménagement de la bibliothèque féministe de Paris, la bibliothèque Marguerite-Durand (BMD).

Contacté par BuzzFeed News, Bruno Julliard annonce que «après quatre mois de dialogues intenses avec les membres du collectif, les représentants des syndicats et le personnel, et à l’écoute de leurs appréhensions, le maintien de la bibliothèque Marguerite-Durand dans ses locaux actuels s’avère le compromis qui peut réunir tout le monde car nos objectifs convergent : donner une meilleure visibilité à cette bibliothèque qui fait notre fierté».

Projet de déménagement polémique

Depuis cet été, ce projet de déménagement fait polémique. La mairie de Paris voulait que la BMD quitte ses locaux actuels, dans la médiathèque Jean-Pierre-Melville située dans le 13e arrondissement, pour intégrer la bibliothèque historique de la ville de Paris. La mairie mettait en avant l’objectif de rassembler le fond de la BMD avec le fonds Marie-Louise-Bouglé, sur la même thématique, et de garantir un accès au public sur une tranche horaire plus importante.

Mais, à l'annonce du déménagement, tout le monde n'a pas vu le projet d’un bon œil. Sur son blog, le syndicat CGT-culture de la direction des affaires culturelles de la ville de Paris a indiqué que «les professionnels dénoncent un transfert dans un lieu "totalement inadéquat à la conservation et la communication de ce fonds"». Un collectif Sauvons la BMD s'est monté et a lancé une pétition. Les élus du conseil de Paris ont voté un vœu sur le sujet. Christophe Girard, qui a été pendant longtemps le maire du 4e arrondissement, s’est affiché avec un badge «sauvons la BMD».

La mobilisation, largement relayée par la presse, a abouti à un rassemblement devant la bibliothèque, le 18 novembre dernier. «C’est quelque chose d’assez inédit, note aujourd'hui Christine Bard. La mobilisation a tout de suite pris, même en plein mois d'août. C’est vraiment une bonne nouvelle, qui montre l’importance de la mémoire, de l'histoire et plus largement de la culture pour les féministes. La cause est populaire, ce qui crée un halo protecteur autour de la BMD à l’avenir.»

Dans un premier temps, le projet de la mairie a été amendé, pour proposer que le déménagement se fasse dans la Galerie des bibliothèques, rue Malher. Avant d’être, finalement, tout simplement abandonné.

«C'est en attendant mieux»

Mais pour le collectif Sauvons la BMD, le problème n’est pas complètement réglé. «La BMD manque de moyens et d’espace, avance Christine Bard, également présidente de l'Association des archives du féminisme, qui a justement été créée en 2000 pour accueillir les fonds qui ne pouvaient l’être à la BMD, faute d'espace.

«Nous demandons à Paris un grand espace qui serait une cité des femmes et du genre et dans laquelle la bibliothèque aurait une place centrale», explique-t-elle. Christine Bard ajoute :

«En obtenant que la BMD ne déménage pas, on préserve ses chances d’entrer dans une cité des femmes. Si la BMD avait été déménagée à la Bibliothèque historique de la ville de Paris ou à la Galerie des bibliothèques, je ne pense pas qu’on aurait redéménagé la BMD juste un an ou deux après. En attendant, le statu quo est la bonne solution. Mais c’est en attendant mieux. On ne peut pas se satisfaire de la situation actuelle.»