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Une eurodéputée veut remédier aux problèmes de harcèlement sexuel au Parlement européen

«Il faut en finir avec la culture du silence», explique Terry Reintke, députée européenne écologiste, à BuzzFeed News.

Les signalements de harcèlement sexuel et de sexisme ont secoué le Parlement européen au cours des dernières semaines alors que les femmes sont sorties de leur silence pour partager leurs expériences suite aux révélations sur Harvey Weinstein et l'apparition du mouvement #MeToo. En tout, plus de 80 femmes et hommes ont témoigné de façon anonyme sur les actes de sexisme et les abus sexuels dont ils ont été victimes dans le cadre de leur fonction au Parlement européen, selon Politico et le Sunday Times.

«Mettre un terme à la culture du silence»

Parmi le personnel de l'institution européenne, Terry Reintke, eurodéputée écologiste, fait partie d'un groupe de députés européens transpartisan qui appelle à une réforme du système en place, à commencer par une nouvelle résolution sur les agressions sexuelles. «Il est important d'agir maintenant pour créer un climat de tolérance», explique-t-elle à BuzzFeed News. «Je demande qu'on mette un terme à la culture du silence et du balayage de ces problèmes sous le tapis», jugeant que la question est désormais «entre les mains de l'organe le plus haut du Parlement». Il est grand temps que le président de la Commission européenne, Claude Juncker, et le président du Parlement européen, Antonio Tajani, «se réveillent tous les deux et prennent conscience qu'ils doivent agir» estime l'élue.

En réalité, le Parlement européen propose déjà des solutions permettant aux employés de signaler des agressions et des cas de sexisme au travail. Il existe même un comité de lutte contre le harcèlement. Problème : «peu de gens sont au courant de leur existence», regrette Terry Reintke. Elle espère désormais que la médiatisation de l'affaire Weinstein et ce pic d'attention aboutiront à de réels changements.

Pour pallier ce problème, Terry Reintke et ses collègues prônent la mise en place d'un réseau de thérapeutes externe en mesure de parler avec les victimes d'agressions dans l'anonymat, de recueillir les plaintes de harcèlement et d'améliorer la situation. Par ailleurs ils souhaitent que les députés en poste au Parlement suivent des formations obligatoires de prévention contre le harcèlement et qu'une plus grande coopération entre la police bruxelloise et le Parlement soit mise en place. À l'heure actuelle, toute tentative de poursuite judiciaire est difficile. À cause de l'immunité diplomatique qui protège les élus européens, la police belge est tenue à distance des officiels du Parlement.

«Le système tout entier est du côté des députés»

Jeudi, le projet de loi mettant en avant les propositions de Terry Reintke et de ses compères a été approuvée haut la main. Il a reçu 580 voix contre dix, avec 27 abstentions. Terry Reintke s'inquiète également pour ces employés qui ont peur de perdre leur emploi en cas de plainte. L'une d'elles a bien voulu se confier à BuzzFeed News et confirme, sous couvert d'anonymat, l'inefficacité des mécanismes actuellement en place.

«Le système tout entier est du côté des députés» explique-t-elle. Personnellement, elle refuserait d'utiliser les services qui sont disponibles si le cas se présentait. Bien qu'elle n'ait pas été elle-même confrontée à des agressions sexuelles, elle a souvent été la cible d'humiliations verbales et d'insultes de la part de ses employeurs. Pour couronner le tout, les députés peuvent avoir recours à une vague clause de «perte de confiance» présente dans la plupart des contrats de leurs employés pour les congédier sans préavis. «Face à cela, nous avons tous peur».

Terry Reintke a elle-même dû faire face au sexisme ambiant. «J'ai dû composer avec des expressions sexistes, des larmes, des rabaissements. C'est toujours la même chose : est-ce que telle ou telle personne est trop belle ou trop moche pour être en politique ?» juge l'élue auprès de BuzzFeed News. Le 25 octobre, secoué par les révélations de Politico et du Sunday Times, et encouragé par le mouvement initié par Terry Reintke, le Parlement a finalement tenu un débat public sur le sujet. «Le choc face aux révélations était palpable» selon l'eurodéputée. «Pour beaucoup, ces révélations étaient choquantes. Ils ont réalisé qu'ils devaient faire quelque chose et élever leur voix. Il ne s'agit pas d'un problème isolé, c'est un problème de société. Voilà pourquoi nous devons agir face a ce problème de grande envergure. Nous devons attaquer le sexisme là où il prend naissance. Nous continuerons à faire du bruit et nous ne nous reposerons pas tant que rien n'aura été fait.»

Ce post a été traduit de l'anglais.