Le 20 janvier, la page Facebook de la primaire à gauche s'est réjouie d'avoir enregistré plus d'un million de connexions au site de la plateforme «où voter».
Seulement, selon nos informations, une partie de ces connexions a été rémunérée, via une plateforme de mise en relation avec des «influenceurs», Value Your Network.
Le principe de Value Your Network est simple: vous vous inscrivez, vous partagez des liens vers un site donné depuis vos comptes sur les réseaux sociaux, et vous récupérez de l’argent à chaque clic effectué sur ces liens. Voici ce que voient les influenceurs sur leur application:
Une autre campagne pour la page qui recense les bureaux de vote de la primaire propose même de payer les influenceurs 70 centimes d'euros par clic obtenu.
Dans ses consignes aux influenceurs, il est demandé de ne pas inciter directement les personnes à cliquer sur le lien.
Ce qui n'empêche pas certains d'entre eux, comme cet internaute qui utilise ces plateformes de rétributions et qui a souhaité rester anonyme, de demander à leurs amis de cliquer sur le lien pour se faire un peu d'argent de poche.
D'après Manuel Fernandez, cette pratique est interdite par les règles de Value Your Network et la plateforme dispose d'un système pour réguler ces abus, notamment de la part de «petits influenceurs» (en gros, de quidams)
«Sur cette campagne, on a vu quelques débordements sur des gens qui incitaient au clic. Tout ce qui est incitation au clic n'est pas compté. Ça arrive surtout dans les campagnes qu'on ouvre aux influenceurs très grand public. C'est peut-être l'erreur qu'on a eu sur cette campagne, d'avoir ouvert les vannes», résume Manuel Fernandez.
Sur Twitter, on peut voir que de nombreuses personnes ont diffusé ce lien sponsorisé sur leurs comptes.
On peut trouver le même lien dans des groupes Facebook «d'échanges de votes», où des personnes cliquent réciproquement sur les liens recommandés par les autres.
Manuel Fernandez tient toutefois à nuancer: le succès de cette opération est à estimer en «milliers de clics».
Contacté par BuzzFeed News, un responsable d’Opérationnelle, une agence numérique qui travaille avec la Belle Alliance populaire, dit ne pas être au courant de cette opération marketing.
La campagne de clics a profité au site de la primaire mais on ne sait pas dans quelle proportion et on ne sait pas si cette campagne a été initiée par le PS, par la Belle Alliance populaire, par un soutien zélé de la primaire, ou par un anonyme. BuzzFeed News a contacté Value Your Network, mais nos sollicitations sont restées sans réponse. Le service de presse du Parti socialiste n'était pas en mesure de nous donner de précisions.
Dans cette affaire, il n'y a peut-être pas que les clics qui ont été gonflés artificiellement. Ce lundi 23 janvier, comme l'explique Libération, des soupçons de bidonnage pour faire gonfler les chiffres de la participation à la primaire à gauche planent sur les résultats du premier tour.
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