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    Voici les choses qu'on a dit aux femmes de ne pas porter en France

    Du bikini au burkini, petit tour non exhaustif de ce que les femmes en France ont pu ou pas porter.

    Ce mois-ci, Cannes, Sisco et Le Touquet ont interdit le burkini sur leurs plages.

    Petit tour de France non exhaustif des fois où on a dit à des femmes ce qu'elles pouvaient porter ou non.

    Jusqu'à l'aube du XXe siècle, les femmes n'avaient pas le droit de porter le pantalon. C'est au XIVe siècle que le vêtement s'est divisé entre les hommes et femmes selon Catherine Örmen, auteure de l'ouvrage L'Art de la mode.

    «Le vêtement masculin s'est couvert et a séparé les jambes en deux, alors que le vêtement féminin couvrait les jambes pour ne rien laisser apparaître. C'est resté comme cela jusqu'au XIXe siècle.»

    Jusqu'au 31 janvier 2013, une loi interdisait aux Parisiennes de porter le pantalon.

    L'interdiction, qui remontait à 1799, autorise ensuite les femmes à Paris à porter un pantalon si elles sont en bicyclette ou sur un cheval.

    «Pour monter à vélo ou sur un cheval, les femmes portaient des robes puis comme ce n'était pas pratique, elles ont commencé à porter des bloomers, des culottes bouffantes qui s'arrêtaient sous le genou et qui permettaient d'enfourcher la bicyclette plus facilement», explique Catherine Örman.

    «La culotte qui était réservée aux hommes était alors tolérée dans ce cas-là pour les femmes.»

    «Le pantalon pour les femmes est apparu avec Chanel dans les années 20 sur les plages, il était toléré pour les loisirs, mais pas en ville», ajoute Catherine Örmen.

    Le grand bouleversement a lieu à la fin des années 60 / début des années 70, où Yves Saint Laurent, la révolution sexuelle et la popularisation du jean contribuent progressivement à ce que les femmes portent elles aussi le pantalon, même si ce n'était pas toujours admis au travail, détaille-t-elle.

    À l'Assemblée nationale, les députées sont par exemple autorisées à venir en pantalon à partir de 1980, rappelle Rue89. Et les journalistes Michèle Cotta et Catherine Nay s'étaient vu refuser en 1962 l’entrée à l’Assemblée à cause de leur tenue: un tailleur pantalon rouge pour l’une et une minijupe pour l’autre, jusqu'à ce que Jacques Chaban-Delmas intervienne.

    Pendant les années 50, on assiste à un changement radical avec l'apparition du bikini, à la fois interdit en France sur les plages de la côte Atlantique, mais autorisé sur celles de la Méditerranée.

    Au XXIe siècle, de nombreuses polémiques apparaissent, notamment au milieu des années 2000:

    - Le voile porté par des jeunes femmes musulmanes est interdit dans les écoles, collèges et lycées publics en 2004 via la loi sur l'interdiction des signes religieux à l'école.

    - En 2003, Ségolène Royal, alors députée des Deux-Sèvres, se positionne contre le port du string apparent à l'école.

    - En 2005, au collège Louis-Lumière de Marly-le-Roi (Yvelines), les minijupes «trop courtes», les décolletés plongeants ou encore les strings sont prohibés.

    - En 2010, la loi interdisant le voile intégral, plus précisément «interdisant la dissimulation du visage dans l’espace public», est promulguée. En 2014, la Cour européenne des droits de l'homme juge qu'elle n'est pas contraire à la Convention européenne des droits de l'homme mais émet des réserves.

    - En 2011, une collégienne de 11 ans en Seine-et-Marne a été réprimandée pour avoir porté une jupe «jugée trop courte». Elle a ensuite dû porter une blouse. L'inspecteur d'académie avait expliqué que le règlement intérieur exigeait «une tenue décente cachant les partie intimes».

    - En 2012, des collégiennes qui avaient organisé une journée de la jupe dans l'Ain ont été priées de changer de tenue.

    - En 2011, une lycéenne musulmane a été interdite de cours à Saint-Ouen (93) pour avoir porté une «longue robe noire» considérée comme un signe religieux par l'administration du lycée.

    - En 2015, une collégienne a été renvoyée chez elle car elle portait une jupe longue considérée comme «un signe religieux». En 2016, une lycéenne s'est vu refuser l'accès à son établissement à cause de sa jupe longue.

    - En 2015, à Cannes, plusieurs femmes n'ont pas eu accès au tapis rouge du Festival parce qu’elles portaient des chaussures plates plutôt que des talons, avant un rappel à l'ordre du Festival à ses hôtes et hôtesses d'accueil.