Jeudi soir, Véronique, cadre dirigeante de 49 ans, était en train de boire un verre au «Rendez-vous Toyota», un bar des Champs-Élysées en face du Marks & Spencer, quand elle a entendu un «crépitement, une salve» de détonations. Il est près de 21h, elle est à quelques dizaines de mètres de l'endroit où des policiers sont attaqués.
«Je me suis dit: "C'est des pétards mais pour des pétards, c'est violent." Très rapidement, il y a eu une deuxième salve et là tout de suite il y a eu un mouvement de panique. Les personnes qui clopaient dehors sont tout de suite rentrées et les gens sont allés se réfugier à l'étage», raconte-t-elle.
«Très rapidement», le silence enveloppe le pub et l'avenue. Les serveurs se «réfugient au vestiaire, d'autres cherchent à se barrer».
«Il n'y avait plus un bruit, les Champs-Élysées étaient figés, il n'y avait plus aucune bagnole qui roulait. J'ai même vu des gens qui ont abandonné leur voiture en pleine rue. Le silence était complet», poursuit la mère de famille, interrogée ce vendredi matin.
«L'activité est repartie peu à peu et j'ai jamais vu autant de flics.» Sur son iPhone, Véronique, qui veut rester anonyme pour protéger sa vie privée, cherche sur Twitter le fil de la préfecture pour voir ce qui se passe.
Elle ne le sait pas encore, mais un policier a été tué et deux autres ont été blessés lors de la fusillade, et l'auteur de la fusillade a été abattu. Après avoir attendu un moment, Véronique prend une porte de côté pour partir. «Une connerie», dit elle. Car dans la rue, des gens courent partout.
«Des flics m'ont engueulée en me criant dessus: "Barrez-vous de là." On sentait qu'ils avaient les pétoches.» Et surtout, au moins quatre personnes m'ont dit: "Attention, il y a un mec qui vient de passer avec des flingues." Une autre personne m'a dit: "Il y a un type reclus au Marks & Spencer."»
Tout est faux. «C'est fou ce que les gens peuvent dire n'importe quoi dans ce genre de situations.»
Vu les mouvements de foule, Véronique cherche à se réfugier quelque part. «Des restaurants fermaient et ne nous laissaient pas rentrer», regrette-t-elle. Elle finit par trouver un taxi dans une rue adjacente pour rentrer chez elle. Elle se promet de télécharger l'application d'alerte attentat «au cas où», même si elle sait qu'une fois de plus elle n'a pas été activée jeudi soir.
