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    17 vérités sur ce que vit vraiment une strip-teaseuse

    Une danseuse allemande nous a parlé de son travail dans un pays où la prostitution, légale dans le pays, accompagne souvent les shows.

    Nous avons parlé à une jeune femme qui travaillait auparavant dans un club de strip-tease à Berlin. Elle a partagé avec nous les difficultés du strip-tease et nous a expliqué en détail ce qu'elle affectionne particulièrement dans son métier. Ce qui suit sont des extraits de notre interview, et illustre son expérience professionnelle en Allemagne, où la prostitution est légale.

    1. Il faut que le métier de strip-teaseuse vous amuse.

    J'ai toujours aimé l'aspect de jeu qui accompagne la séduction et la sexualité. À douze ans, je voulais être une danseuse burlesque, ce qui est très érotique. Avant ça, j'ai commencé la danse classique à trois ans ; plus tard, j'ai fait de la danse modern jazz et du hip-hop, puis de la danse standard et latino-américaine, ainsi que de la danse orientale. Je danse depuis toujours. J'ai toujours été en phase avec mon corps et je me regardais dans la glace quand je dansais. J'ai ainsi construit une solide confiance en moi, d'une part, et d'autre part, je bouge vraiment bien. J'ai suivi une formation professionnelle pour être artiste de comédie musicale, mais je pense que c'est plutôt l'exception. Je n'ai pas encore rencontré une autre strip-teaseuse qui avait aussi une formation de danseuse.

    Peu après mes débuts de strip-teaseuse, j'ai rencontré mon copain. J'ai arrêté peu de temps après. Ça ne lui plaisait pas, évidemment, et j'avais toujours l'impression de le tromper. À un moment donné, faire du strip-tease a arrêté d'être amusant. Et si ce n'est pas amusant pour vous, et que vous laissez ça transparaître, alors vous ne gagnerez rien non plus. Néanmoins, la plupart des autres personnes réussissent à séparer leurs vies privée et professionnelle. Je suis peut-être trop jeune pour y arriver. Mais comme ma relation est en train de battre de l'aile actuellement, je suis en train de réfléchir à reprendre le métier de strip-teaseuse à l'étranger.

    2. Vous pouvez trouver du boulot de strip-teaseuse en s'adressant aux bonnes personnes – ou en demandant directement dans un club.

    À l'époque, j'ai fréquenté une fille qui était strip-teaseuse pour arrondir ses fins de mois. Beaucoup d'étudiants ou de stagiaires font ce métier. Elle m'a présentée à son chef, qui m'a dit de passer et de faire un essai. Il a vu comment je dansais et comment je bougeais, et il m'a embauchée sur le champ. Comme il y a souvent un fort renouvellement du personnel, vous trouverez en général rapidement une place dans les clubs de strip-tease — à condition que vous ayez un physique suffisamment joli et que vous sachiez un minimum danser. En fait, il n'est pas vraiment nécessaire de savoir bien danser, à condition d'avoir des nichons. À l'inverse de ce qu'on croit, il n'y a pas beaucoup de filles qui maîtrisent réellement l'art de la danse de poteau.

    3. Les heures sont plutôt flexibles.

    En moyenne, je travaillais quatre fois par semaine. Et j'y gagnais environ 1 000 euros par semaine, tout en liquide. Quelques filles y étaient employées, mais elles étaient rémunérées à partir de 600 euros pour des questions d'assurance. En réalité, elles gagnaient plus que ça. D'autres travaillaient en tant qu'indépendantes. Mais je ne pense pas que quiconque déclarait ses vrais revenus aux impôts.

    4. Une nuit de travail démarre habituellement vers 22 heures.

    Notre club ouvre à 22 heures, et les danseuses sont présentes sur place environ une demi-heure avant. On se maquille, on se change... Tout le monde court dans tous les sens à moitié nues parce que le soutien-gorge se trouve dans un autre vestiaire. Les premiers clients arrivent vers 22 heures ou 22 h 30. Les filles sont encore assises sur les côtés et fument – elles fument toutes, j'étais la seule à ne pas fumer. Quand la salle commence à bien se remplir, nous allons échanger quelques mots avec les clients, on essaie de leur vendre une lap-dance, ou on boit un verre avec eux et on ne fait que discuter. Soit vous vous faites envoyer bouler, soit vous passez un moment avec eux. Pendant la semaine, je rentre chez moi vers 5 heures et une heure plus tard le week-end. Mon amie, quant à elle, emmenait en général le client dans une chambre, et ne terminait parfois que vers 8 heures du matin.

    5. Une strip-teaseuse est souvent bien plus qu'une simple danseuse.

    Comme j'avais un copain, j'ai rapidement décidé de ne pas aller très loin avec les clients. Avant ça, je l'ai fait avec deux ou trois hommes que je trouvais mignons. Mais les strip-teaseuses le font plus en général. Je pense que 60 % des filles allaient aussi régulièrement dans une chambre avec des hommes qu'elles n'appréciaient pas particulièrement.

    6. Les clients qui ont un comportement stupide se font mettre dehors...

    Dans le club, il y avait des sonnettes d'alarme dans les chambres au sous-sol. Dès que quelqu'un déclenchait ce bouton, la sécurité débarquait en quelques secondes. À l'étage, il suffisait de lever la main et de désigner quelqu'un du doigt, et il était mis dehors. J'estime que nous, les filles, étions bien protégées. C'est important, car les clients pouvaient commencer par vous traiter avec respect, du moins en apparence, mais quand il se faisait tard et que leur alcoolémie augmentait, on voyait bien que ce respect diminuait. Vous étiez alors tout juste considérée comme un morceau de barbaque.

    7. ... mais ils peuvent quand même être violents.

    Je n'ai jamais frappé personne, mais j'ai été frappée une fois dans une chambre. Dans ces cas-là, la police se pointe, évidemment. Certains clients sont parfois de vrais malades. Heureusement, ceux-là sont vraiment des cas rares.

    8. Personne au club n'est vraiment là pour vous aider.

    En théorie, on pouvait aller voir le chef à n'importe quel moment, et pour les questions de sécurité, il était présent. Mais on ne pouvait pas s'attendre à un soutien psychologique de sa part. Il y a quelques filles avec des problèmes d'alcool ou de drogue au club, et on les laisse tranquilles. Bien sûr, il y a des solutions pour se faire aider ailleurs, mais je doute que ces femmes y trouvent ce qu'elles recherchent. Beaucoup sont vraiment mal en point, et ce n'est vraiment pas facile de se rendre compte à quel point on est malade.

    9. La drogue est omniprésente.

    L'alcool joue un rôle important en tout cas. Je pense que j'ai bu tous les jours quand j'étais strip-teaseuse, ne serait-ce que parce que j'étais payée pour ça. Vous avez un pourcentage si un client vous offre une boisson. Ce qui veut dire que je gagne de l'argent avec ça. Et évidemment, la soirée devient plus agréable et plus facile. Il y a aussi d'autres drogues. Il m'arrivait presque tous les jours que les clients m'offrent quelque chose. Je pense que beaucoup de strip-teaseuses prennent de la drogue pour prendre de la distance, pour arrêter de remarquer tout ce qui se passe au sous-sol. C'est peut-être un peu cliché de le dire, mais les choses s'enchaînent. Vous gagnez beaucoup d'argent en passant dans une chambre au sous-sol en échange de, finalement, peu de travail. En même temps, ce travail est difficile, et la drogue le rend plus facile. Et pour finir, vous pouvez devenir dépendant. Et ensuite, vous emmenez les clients dans une chambre pour avoir de la drogue.

    10. Même si faire la strip-teaseuse vous amuse, ce n'est pas facile d'en parler.

    Mes parents l'avaient très bien accepté. J'étais déjà allée dans le club avec mon père et on avait regardé les danseuses ensemble. Je lui avais même demandé : «Papa, que dirais-tu si je commençais à travailler ici ?» Mais les parents de la plupart de mes collègues ne connaissent rien du monde du strip-tease, ou alors, ils ne connaissent que la partie strip-tease, comme c'est le cas chez moi, et rien de ce qui se passe dans les chambres. Mes parents n'apprécieraient pas ça. Je ne pourrais même pas le leur dire sur mon lit de mort. Mes amis avaient des avis divergents. Ceux qui me connaissent depuis longtemps n'étaient pas très surpris car j'ai toujours été une extravertie. Mais certains trouvent ça dangereux ou dégradant.

    11. On pense souvent que vous faites ça contre votre gré.

    On me demande vraiment souvent si je suis ici de mon plein gré ou si je suis forcée. Ou si mes parents sont au courant de mes activités. On m'a aussi souvent demandé si j'étais étudiante. Chaque fois que je disais «non», on me répondait : «Pourquoi pas ? Vous valez bien mieux que ça. Vous pouvez faire bien mieux que de continuer ici !» Personne ne croit jamais que j'aime faire ce métier qui me permet de m'amuser, de gagner pas mal d'argent, d'avoir des horaires très flexibles et de prendre du plaisir à me déshabiller devant les autres. Ce métier est entaché de honte, et je trouve ça dommage.

    12. C'est à vous de décider si vous allez emmener quelqu'un dans une chambre et ce qui s'y passera.

    Je décide toute seule de ce que je suis prête à faire et de ce que je ne veux pas faire. Ce que veut le client est négocié avant. Le prix en dépend, après tout. En général, les clients veulent une relation sexuelle standard ou une fellation. Une demande de sexe anal ou de choses de ce genre est plutôt rare. On me l'a demandé deux ou trois fois, mais c'est l'une des choses que je ne fais pas. S'embrasser n'est pas normalement autorisé. L'une de mes amies avait un client régulier qui venait deux fois par semaine en moyenne. Ces deux-là se voyaient plus souvent que certains couples qui habitent loin l'un de l'autre. Ils se retiraient dans une salle privée pour boire un verre et s'y embrassaient aussi.

    Les hommes se rendent dans des clubs de strip-tease aussi pour y trouver de l'affection, que ce soit de l'amour physique ou simplement les attentions d'une femme, et plus vous répondrez à ce besoin, plus vous gagnerez d'argent. Vous trouverez donc des femmes qui diront : «OK d'accord, je l'embrasserai et j'obtiendrai ainsi deux ou trois verres de plus.» Et d'autres diront qu'elles n'embrassent sous aucun prétexte. Ça reste du domaine du privé en ce qui me concerne.»

    13. Les directives générales telles que la loi allemande pour la protection des prostituées sont très rarement mentionnées.

    Au démarrage, on m'a dit que je travaillais officiellement en temps que travailleur indépendant et que je devais m'enregistrer au cas où le club soit soumis à un contrôle, ce qui semble être le cas tous les cinq ans. Si la police faisait une descente, on faisait semblant de n'être que des danseuses. Cependant, je connaissais une femme, par exemple, qui travaillait en tant qu'escorte et qui aurait dû s'enregistrer comme prostituée. Officiellement, pourtant, elle était juste une danseuse, même si elle ne dansait plus.

    14. Les strip-teaseuses peuvent aussi travailler pendant leurs règles.

    J'ai un dispositif intra-utérin (DIU), je n'ai donc plus de règles. Si leurs règles sont particulièrement abondantes, la plupart des femmes restent chez elles. Beaucoup utilisent un tampon et se limitent à danser pendant leurs règles au lieu d'aller dans une chambre avec un client. Certaines insèrent quelque chose comme du coton hydrophile avant une relation sexuelle pour que l'homme ne remarque rien. Ça reste en place pendant les 20 ou 30 minutes passées au sous-sol avec le client.

    15. En général, vous n'êtes pas strip-teaseuse très longtemps.

    La plus vieille des danseuses du club avait entre 38 et 40 ans. Elle le fait depuis une éternité. Elle racontait toujours qu'on gagnait bien plus d'argent il y a 15-20 ans. Une autre avait 35 ans. Puis il y avait le groupe de filles qui avaient environ 28 ou 29 ans. Je dirais que les filles font ça en général pendant leurs études ou leur apprentissage, donc au plus pendant quatre ou cinq ans. Certaines avaient également un autre travail comme activité principale. À trente ans, la plupart des femmes sont soit en couple soit ont des enfants, et en général, elles arrêtent.

    16. Pour certains types de personnes, le strip-tease est un boulot fantastique.

    Si vous pensez que vous êtes forte, que vous avez confiance en vous, que vous vous sentez bien dans votre corps et que vous ne laissez pas les autres vous influencer, alors je vous conseille fortement ce métier. J'ai commencé juste avant mes 19 ans, ce qui est très jeune. Je le conseillerais seulement aux filles qui ont soufflé leurs 20 bougies. De plus, je conseillerais à toutes de ne pas trop travailler. Vous pouvez facilement vous laisser dépasser par tout cet argent, d'une part. Il faudra faire attention à bien garder les pieds sur terre.

    17. Chaque soirée passée au club de strip-tease peut être fantastique, mais vous devez avoir la peau dure.

    Le renforcement positif est énorme. On vous dit sans cesse que vous êtes sublime, que vous dansez comme une diva, et que votre corps est magnifique. Certains tombent amoureux d'une danseuse et viennent ensuite très souvent. Vous fréquentez de nombreux personnages bizarres et il vous faut une confiance en soi inébranlable. Parce que même si vous recevez beaucoup de compliments, vous vous faites aussi rejeter. Tout se résume à votre corps. Si le client préfère les grandes filles brunes et pas les blondes, vous ne comptez plus. Vous devez vous rappeler que ça n'a rien de personnel.

    J'aimerai beaucoup pouvoir changer la mauvaise réputation de ce métier parce que c'est encore amusant pour les femmes. Et ce serait aussi bien si les drogues dures ne faisaient pas tant partie de ce mode de vie.

    Ce post a été traduit de l'anglais.