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    Poutou dans ONPC: «Je ne comprends pas qu’ils aient gardé la séquence au montage»

    Alors que le candidat était invité d'On n'est pas couché et évoquait les licenciements, les chroniqueurs ont été pris d'un fou rire. «Au-delà de la question du mépris, je pense qu’il y a quelque chose qu’ils ne comprennent pas», dit Poutou à BuzzFeed News.

    Samedi soir, Philippe Poutou, le candidat de NPA à l'élection présidentielle, était l'invité d'On n'est pas couché, sur France 2.

    Facebook: video.php

    En début d'interview, la chroniqueuse Vanessa Burggraf a eu du mal à formuler sa question sur la proposition du candidat d'interdire les licenciements.

    S'en sont suivies de longues minutes de fou rire sur le plateau...

    ... pendant lesquelles Philippe Poutou a tenté de faire bonne figure avant de pouvoir enfin répondre.

    Sur Twitter, de nombreux téléspectateurs ont expliqué avoir été choqués par la séquence. L'extrait a notamment été posté pas un élu Les Républicains, qui évoque une «séquence consternante d'une élite hilare». Il a été retweeté plus de 6000 fois.

    Séquence consternante d'une élite hilare sur la question des licenciements et qui ne se cache même plus pour humili… https://t.co/kHiair7Del

    «Je ne comprends pas qu’ils aient gardé la séquence au montage», commente Philippe Poutou, contacté par BuzzFeed News.

    «Le malaise était plus de leur côté que du mien, analyse le candidat. Ils passaient beaucoup de temps à répéter la question, alors que tout le monde l’avait bien comprise. Ils n’arrivaient pas à démarrer la discussion. Ils ne savaient pas comment gérer l’interview je pense.»

    «Est-ce que ça veut dire qu’ils me prennent pour un rigolo? Qu’ils se foutent du chômage? Je pense qu’ils sont pas habitués à ce genre d’interview.» Et de détailler:

    «Avec Thierry Solère qui est passé juste avant, il n’y a pas eu de problème. Ou avec un politicien, ils savent faire, quand c’est quelqu’un de leur milieu. Mais quand c'est un ouvrier, ce n’est pas pareil je pense. Est-ce que Vanessa Burggraf a déjà eu en face d’elle un ouvrier qui fait de la politique bénévolement?»

    Sur la question du mépris social, évoquée par certains sur Twitter, Philippe Poutou dit qu’il y en a peut-être. «Mais au-delà de la question du mépris, je pense qu’il y a quelque chose qu’ils ne comprennent pas.»

    «Cette idée qu’il puisse y avoir des gens comme moi, à dire “on ne veut pas être président, on veut défendre nos idées”, ça les dépasse, je pense. Car ils sont dans une vie qui est complètement différente. La télé, c’est très nombriliste. D’habitude, ce sont des confrontations de nombril à nombril dans cette émission. C’est peut-être pour ça qu’il y a un malaise. C’est un milieu qui est fermé, où ils sont dans l’entre-soi. Dans des tas d’émission on le voit: ils plaisantent entre eux.»

    Sur Twitter, de nombreuses personnes expliquent avoir été gênées par ces rires au moment où l'émission aborde la question des licenciements.

    Vivant dans une autre galaxie, Vanessa Burgraff une nantie morte de rire face à Poutou sur le sujet des licenciements #onpc

    Certains évoquent un mépris de classe.

    Le mépris de classe de l'équipe d'#onpc hier face à Philippe Poutou À sa place je me serais levé et je serais parti.

    Bref, n'oublions pas que le mépris de classe contre Poutou a vocation à faire oublier ce qu'il défend #Poutou2017… https://t.co/SWhDhcBlL7

    Je n'aime pas Philippe Poutou.Je trouve ses idées archaïques. Mais dans ce #ONPC,on a assisté à un triste moment de… https://t.co/BcGQb1dw7x

    ... et parlent d'humiliation.

    @Mutine_ Comment voulez-vous que des élections se déroulent correctement quand un plateau tv humilie un candidat en direct? #ONPC

    Ou un candidat, Poutou, l'un des seuls qui soit et candidat et homme de terrain, se fait ridiciliser par des journalistes du service public

    L'indécence a quitté la télévision française depuis longtemps. Soutien et merci pour ta dignité @PhilippePoutou, po… https://t.co/ZG0WkUjpnz

    Ce n’est pas la première fois que Philippe Poutou fait face à des remarques condescendantes. «Il y a des interviews où c’est terrible, quand on est cantonné au rôle du petit qui ne sert à rien, on est pris de haut, décrit-il. On essaie d’être correct mais c’est vrai que parfois, on se dit qu’on devrait les envoyer bouler.»

    Au-delà de son cas personnel, Philippe Poutou évoque l’invisibilité d’une partie de la population à la télé.

    «Par exemple, c’est très rare qu’il y ait des syndicalistes qui soient invités sur les plateaux. Quand il y a une grève, les journalistes vont parler de tous les aspects problématiques, du fait qu’il n’y a pas de train, mais ils ne vont pas inviter un salarié qui va raconter pourquoi il fait grève. Dans les grosses émissions politiques, on va rarement voir des gens du terrain qui vont expliquer leurs difficultés. Il n’y pas de visibilité pour tout un camp social, des gens précaires, des chômeurs...»

    Sur Twitter, Michel Cymes, présent sur le plateau de l'émission, s'est défendu en disant que «tout le monde riait parce que Vanessa B. n'arrivait pas à formuler sa question! Où est le mépris?»

    Le mépris ??? Tout le monde riait parceque Vanessa B n'arrivait pas à formuler sa question ! Où est le mépris ? https://t.co/12IiyWZFPg

    Correction

    C'est bien Thierry Solère qui était également l'invité d'On n'est pas couché ce soir là, et non Philippe Sollers comme une précédente version de ce papier l'indiquait.