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La campagne contre le harcèlement dans les transports décriée : «Mettez un homme, pas un animal sauvage»

«Les harceleurs sont des prédateurs, c’est pour cela qu’ils sont symbolisés par des animaux», avait justifié Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France.

Le 5 mars, la région Île-de-France, la RATP, la SNCF et Île-de-France Mobilités ont lancé une campagne pour lutter contre le harcèlement sexuel dans les transports.

Pour ne plus se taire face au harcèlement sexuel dans les transports d'Ile-de-France, la Région @iledefrance lance avec @IDFmobilites @GroupeRATP et @Actu_Transilien une grande campagne dans laquelle les harceleurs sont des prédateurs symbolisés par des animaux #StopHarcèlement https://t.co/AqF6veqx3D

Le but de cette campagne est notamment de faire la promotion de numéros d'urgence pour donner l'alerte, comme l'explique le spot ci-dessous.

Témoin ou victime de harcèlement ou agression dans les #transportsIDF ? Le n° d’urgence est désormais disponible sur tout le réseau francilien! Pour donner l'alerte : 📞par téléphone au 31 17 📱par SMS au 31 17 7 📲via l’application 3117 #StopHarcèlement https://t.co/mr9MWwwNmi

Voici les visuels de la campagne :

Mais certains internautes ont critiqué le choix de représenter les agresseurs par des animaux.

«Le problème de la métaphore animalière pour représenter le harcèlement, c'est qu'aucun homme ne va se reconnaître», estime la militante féministe Sophie Gourion.

Le problème de la métaphore animalière pour représenter le harcèlement c'est qu'aucun homme ne va se reconnaître. Et qu'encore une fois on élude le fait que les agresseurs sont des hommes quelconques, pas des monstres ou des animaux, soumis à des pulsions incontrôlables.

+ 1000. Si une campagne contre le harcèlement est toujours une bonne nouvelle, celle-ci oublie qu'elle doit s'adresser en priorité aux hommes. Or, quel homme va s'identifier à un requin, un ours monstrueux ? https://t.co/t8H88WySbX

«Le harcèlement est le fait de Monsieur Tout-le-monde», estime cette conseillère régionale du Parti communiste.

#StopHarcèlement dans les transports parfait ... mais pourquoi les agresseurs sont-ils des animaux ? Pour sensibiliser et éduquer il faut montrer (ou suggérer) la réalité. Le harcèlement est le fait de Monsieur tout le monde ! Animaliser ne permet pas la prise de conscience. https://t.co/Q2OF9fOqj3

Ce conseiller en communication, ancien directeur de communication pour le Parti socialiste, avance de son côté qu'«une des difficultés majeures qu'on a sur tous les sujets de violences faites aux femmes (...) est de faire comprendre qu'elles sont massives et qu'elles impliquent beaucoup d'hommes, de tous les milieux».

Il cite une campagne précédente, lancée par le secrétariat d'État chargée des Droits des femmes, où il travaillait à l'époque, et qui avait fait le choix de ne pas représenter l'agression.

Quand nous avions mené la première campagne harcèlement transports, nous avions choisi de ne pas représenter visuellement l'agression mais de montrer qu'elle commence par des mots qui peuvent être assez banals au départ. https://t.co/RTzs9DvFOa

D'autres estiment que les situations présentées sont loin de la réalité...

Pas merci la SNCF d'entretenir le mythe de "la femme seule agressée par un animal sauvage", dans la réalité les agresseurs sont des hommes lambdas dans des transports en commun bondés, bien loin de cette communication hors sujet. https://t.co/QTZeYcRUBo

... et que ces visuels peuvent donner l'impression que les agresseurs, comme des bêtes, «ne peuvent pas se contrôler».

Mon ressenti : dommage de montrer des « animaux sauvages », où la notion de « bestialité des agressions sexuelles » sous-entend que les agresseurs ne peuvent pas se contrôler. J’estime qu’il faut soit montrer les agresseurs = hommes, soit être plus subtil et suggérer autrement. https://t.co/W3cL13pn3m

Cette youtubeuse a donc proposé une campagne alternative, mettant en scène des agresseurs bien humains, cette fois.

Voilà à quoi devrait ressembler à peu près une campagne générale contre les violences sexuelles. Fait gratos en quinze minutes avec des photos Pixabay. Vous pouvez vous en inspirer @Actu_Transilien @Egal_FH #StopHarcèlement https://t.co/feNX726kw9

Comme le signale ce tweet du maire de Courcouronnes (Essonne), Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France, a expliqué lors de la conférence de presse du lancement de la campagne que «les harceleurs sont des prédateurs, c'est pour cela qu'ils sont symbolisés par des animaux».

« Les harceleurs sont des prédateurs, c’est pour cela qu’ils sont symbolisés par des animaux » @vpecresse #StopHarcèlement @IDFmobilites @iledefrance @GroupeRATP @GroupeSNCF https://t.co/zeFiRCD5Vh

«Effectivement, c‘est un parti-pris qui a été fait de manière volontaire pour ne stigmatiser personne. La cible, ce sont les victimes et les témoins», a répondu à BuzzFeed News la région Ile-de-France, qui détaille:

«Dans 90% des cas il y a un témoin, et dans 90% des cas où il y a un témoin, il n’y a pas de témoignage. Il est important que les femmes portent plainte et que les personnes qui sont présentent témoignent.
Le but n’a pas été de stigmatiser la moitié de la population mais bien de faire en sorte que les hommes qui assistent à ces cas de harcèlement puissent témoigner et se sentent concernés aussi.

Bien évidemment, si des animaux ont été choisis c’est pour représenter le sentiment de menace parce que ce sont des prédateurs et c’est le sentiment que ressentent les femmes qui sont agressées.»

Mise à jour

Ajout de la réaction de la région Ile-de-France.