
Depuis lundi 3 avril, c'est la semaine de lutte contre le harcèlement de rue. Sur Twitter, de nombreuses femmes ont évoqué le harcèlement sexiste qu'elles ont pu subir, dans la rue ou les transports en commun, avec le hashtag #StopHDR, pour «stop harcèlement de rue». Nous avons demandé à des internautes qui ont utilisé ce hashtag de nous raconter un exemple du harcèlement de rue qu'elles ont pu subir. Certains cas relèvent même manifestement de l'agression sexuelle. Voici leurs témoignages.
Aleskia, 36 ans: «Je faisais du vélo, un homme m'a dit qu'il voudrait être à la place de la selle»
Qd je me suis fait pister par un mec en scooter, moi à vélo, disant qu'il voudrait être la selle et m'offrant ses coups de langue. #stophdr
«J’avais 20 ans cette fois-là, je faisais du vélo. Un homme en scooter m’a dépassée et il a commencé à donner des coups de langue, comme s’il léchait quelque chose. Au feu, il m’a dit: "j’aimerais bien être à la place de la selle". Ensuite, il a à nouveau ralenti, il m’a coupé la route, il a zigzagué autour de moi.
Et puis il est juste parti comme ça. J’ai eu peur car il m’a coupé la voie il avait une conduite erratique. Je me suis sentie seule, je ne savais pas quoi faire.
C’est un exemple parmi d’autres. J'ai été confrontée à plusieurs reprises au harcèlement de rue. Ma première fois, j'avais sept ans. Je suis arrivée devant l’école avant l’heure, et un homme a passé ses mains sous ma robe. Si j’ai tweeté sur le sujet, c’est pour bien dire que tout ça n’est pas normal. Il faut qu’on arrête de penser que ce n’est pas grave.»
Maïlys, 32 ans: «Un homme s'est approché de moi et a mis sa main entre mes cuisses»
Ce jour où un mec a mis sa main entre mes cuisses alors que je me baladais avec ma mère. 12 ans après je me souviens de son regard #stophdr
«J'avais une vingtaine d'années et je me promenais avec ma mère en discutant, sur les quais de Seine, à Paris. Un homme s'est approché de moi et a mis sa main entre mes cuisses en appuyant super fort. Je suis restée bloquée sur place. Ma mère a continué d'avancer car elle n'avait rien vu. Quand elle s'est retournée, le mec est parti 200 mètres plus loin. Il a continué à me regarder pendant que je racontais en pleurant ce qu'il s'était passé à ma mère.
Comme deux policiers passaient dans le coin, ma mère les a attrapés et là le mec est parti en courant. Les policiers étaient sympas; ils m'ont proposé de porter plainte mais j'avais juste envie de rentrer chez moi prendre une douche.»
«Il m’a dit "sale pute, je sais où tu habites maintenant"»
Eve, 20 ans: «Le mec a commencé à se branler devant moi dans un RER»
Le mec qui a commencé à se branler devant moi dans un RER vide. #StopHDR
«J'avais 17 ans il me semble, je rentrais de Paris, j'étais dans le RER C en heure creuse. Ce jour-là, dans le wagon il n'y a que deux garçons de mon âge, assis à l'autre extrémité de la rame, et moi. Un homme entre, âgé de 45 ou 50 ans. Il s'assoit en face de moi, pas dans le même bloc de sièges mais dans celui juste après. On se fait face, j'écoute ma musique tranquillement. Et là il commence à passer sa main dans son pantalon pour se masturber.
Il n'a pas sorti son sexe mais il avait une espèce de pantalon très fin qui laissait voir toute son érection, et il faisait clairement des va-et-vient dessus avec sa main. La chose étrange c'est qu'il a fait ça tout en se cachant le visage -mais quand même en me regardant. Peut être que c'était de peur que je le prenne en photo? En tout cas, oui j'ai gardé une photo pour m'assurer que je n'étais pas folle.
Les deux garçons assis plus loin n'ont probablement rien vu car les wagons sont longs. Il s'est passé une dizaine de minutes comme ça, mais elles m'ont parues des heures. Je ne savais pas si je devais appeler les secours ou pas, j'ai juste envoyé des sms à des copines pour demander quoi faire. Mon train a fini par arriver au terminus, j'ai pris mes affaires, j'ai remonté le quai à toute allure et j'ai couru jusqu'à la voiture de mon père.
Le RER allait à Massy. Je ne suis plus jamais passée par le RER C pour y aller, j'ai toujours emprunté la B après ça. Maintenant je balise dès que je suis dans un wagon un peu seule, je me mets assez près des portes, ou j'évite les wagons que je juge trop vides.»
@Lysanthius_, 22 ans: «Un homme m'a suivi et m'a dit "sale pute"»
Quand un mec te suit jusque chez toi et te traites de "sale pute" depuis l'autre côté de ton portail #stophdr
«Il y a deux ans, alors que je rentrais chez moi, un homme m'a suivie. Il était un peu bizarre, il a commencé à me parler, il m’a demandé si j’avais des tatouages, si j’avais un copain. Je me suis arrêtée en lui disant que j’avais pas envie de lui parler, que je n’étais pas intéressée. Il a fait semblant de partir donc je suis rentrée chez moi, mais après avoir passée mon portail je me suis rendue comte qu’il avait en réalité continué à me suivre. Il m’a dit "sale pute, je sais où tu habites maintenant".
Le lendemain matin, quand je suis ressortie de chez moi, je n’étais pas très bien. Je l’ai jamais revu, mais j'avais un sentiment d'insécurité. Je me disais "si ce mec veut revenir m’emmerder, il peut".»
Patricia, 17 ans: un mec m'a suivi et puis, «Ça te dirait un.... plan cul?»
Un mec qui m'a suivi pendant 10 minutes pour me demander si un plan cul m'interessé #stophdr
«Il y a deux mois, je devais rentrer de soirée, aux alentours de 5h du matin, et personne ne pouvait me ramener. Je commence à partir, sachant que je devais marcher environs 20 minutes. En milieu de chemin, je me rends compte qu'il y a dans la rue un homme, âgé de trente ou quarante ans, qui n'a l'air pas net. J'ai alors changé de trottoir. Puis j'ai senti qu'il me suivait, pendant 5 ou 10 minutes.
Au début, j'ai fait comme s'il était pas là, puis il a commencé à m'interpeller: "eh mademoiselle". J'ai fait semblant de ne pas entendre mais il a continué. Naturellement, j'ai commencé à avoir peur. Je ne savais pas si je devais lui répondre ou continuer ma route. Par peur qu'il me suive jusqu'à mon domicile j'ai décidé de lui demander ce qu'il me voulait d'un ton très sec et très énervé. Il m'a répondu: "depuis tout à l'heure je t'appelle mais tu réponds pas. Ça te dirait un.... plan cul?" J'ai alors donné une réponse négative et j'ai commencé à marcher très vite. Heureusement il n'a pas continué à me suivre. Mais j'ai vraiment eu très peur car je ne savais pas de quoi il était capable.»
Anna, 21 ans: «Ils me plaquent contre le mur, m'encerclent et l'un d'eux m'attrape le bras et me serre hyper fort»
Quand 5 mecs m'ont attrapés par le bras et m'ont pris dans un petit coin isolé. J'ai dû être violente pour m'en aller #stophdr
«Une expérience qui m'a vraiment traumatisée c'est ce jour où, avec un ami, nous sommes rentrés en bus, après avoir passé la journée ensemble. Arrivés à la gare routière, on s'assoit dans un petit coin un peu isolé. Et là un groupe de cinq mecs arrivent, menaçants. Ils nous emmerdent un peu et je sens que ça devient vraiment de plus en plus tendu. Au bout d'un moment, ils ordonnent à mon ami de "dégager"... et c'est ce qu'il fait.
Je suis donc toute seule, à l'abri des regards, dans une gare complètement vide, un dimanche, entourée de cinq mecs. Ils me plaquent contre le mur, m'encerclent et l'un d'eux m'attrape le bras et me serre hyper fort. Là, je commence vraiment à paniquer, je prends conscience que si quelque chose arrive, il n'y a aucun témoin, pas de caméra, rien. Je prends vraiment mon courage à deux mains, j'arrive tant bien que mal à extirper mon bras, je les pousse, et je m'en vais en courant.»
Nawale, 26 ans: «Un mec m'a pris le bras dans la rue»

Nawale a préféré avoir son tweetname flouté par peur de cyberharcèlement.
«J’étais à la gare du Nord et je cherchais mon chemin et j’entends "eh mademoiselle”. Sur le coup, je ne fais pas attention, mais quelques secondes après, le mec m’attrape le bras et me dit "répond quand on te parle". Je lui réponds que je ne parle pas aux personnes que je ne connais. Il me donne son nom et me dit "maintenant on se connaît, on peut parler". Comme il m’avait pris le bras, j’ai vraiment eu peur, j’ai cru que ça allait être violent.
Bien sûr, ce n'est pas la seule fois où j'ai subi du harcèlement de rue. C'est vraiment habituel. Cela peut être le classique "vous êtes charmante", un mec qui insiste pendant de longues minutes pour récupérer mon numéro de téléphone alors que je lui ai dit non, des frotteurs... Je suis extrêmement fatiguée de tout ça.»
«Un homme nous avait suivi jusqu'à chez moi. Il se masturbait en nous regardant»
Moana, 24 ans: «Un homme nous a suivi, il se masturbait».
Ce jour où 1 homme nous a suivi (3 filles) jusqu'à ma porte d'immeuble, pour se masturber en nous fixant à travers la vitre #endSH #stophdr
«C'était à Grenoble, il y a cinq ans, il devait être 19h30. Deux amies et moi rentrions chez moi, on discutait, on riait, on ne faisait pas attention à ce qu'il se passait autour de nous. On devait avoir 19 ans. C'est en poussant la porte de mon immeuble qu'on s'est rendues compte qu'un homme nous avait suivi jusqu'à chez moi. Il se masturbait en nous regardant.
On a d'abord été tétanisées, puis on est vite rentrées dans mon hall d'immeuble en fermant violemment la porte. Il a continué à se masturber en nous fixant derrière la vitre de ma porte d'entrée. On a ouvert la porte de mon appartement et mes colocataires sont sortis dans le hall quand on leur a expliqué ce qu'il venait de se passer. L'homme était toujours là, on ne savait pas quoi faire. Mon colocataire a suggéré qu'on appelle la police, on a hésité quelques temps puis l'homme est parti. On s'est dit qu'on n'allait pas déranger la police "pour si peu". On a fini par en rire puis on est passé à autre chose. Presque comme si c'était anodin.»
@tisiphoni, 18 ans: «Un homme m'a suivi avec sa bagnole et m'a dit "petite salope"»
quand un mec m'a suivi.e avec sa bagnole, m'a demandé de monter et est sorti de sa voiture ultra énervé parce que j'ai refusé. #stophdr
@tisiphoni se définit comme agenre.
«Je ne sais plus quel âge j'avais, mais j'étais pré-ado. Je rentrais chez moi à pieds, le long d'une route avec peu de passage, et une bagnole s'est mise à me suivre, doucement, sur une centaine de mètres. Ce n'était pas une hallu, elle pouvait clairement me dépasser. Le mec à l'intérieur a baissé sa vitre et a commencé à me dire de monter, que ça lui ferait plaisir de me ramener. Il a même ouvert la porte côté passager pour que je rentre à l'intérieur. J'ai refusé et il est sorti de la voiture en s'énervant, donc j'ai couru jusque chez moi. Il m'a insulté.e, je sais plus trop ce qu'il a dit mais je me souviens avoir entendu un "petite salope".»