Aller directement au contenu

    «Ça m'a coupé le souffle de lire les violences commises par Baylet»

    Des organisations féministes organisaient mercredi un rassemblement à côté de l'Assemblée nationale pour dénoncer le machisme en politique. Avec en ligne de mire Denis Baupin, mais aussi Michel Sapin et Jean-Michel Baylet.

    Mercredi 11 mai, trois jours après les révélations de France Inter et de Mediapart sur Denis Baupin, des organisations se sont donné rendez-vous pour dénoncer le machisme en politique. «Baupin, Sapin, Baylet, zéro harceleur à l'Assemblée», scandent-elles. Ou encore «Battues, violées, harcelées, les femmes en ont assez».

    "Battues, violées, harcelées, les femmes en ont assez" #baupin #rassemblement

    Parmi les collectifs, on retrouve Osez le féminisme, le Collectif national du droit des femmes, les efFRONTé-e-s, l'Inter-LGBT, le Planning Familial, la Barbe... Elles entendent dénoncer «l'impunité et la loi du silence». Quelques Femen sont également présentes.

    Isabelle Attard, une des femmes qui accuse Denis Baupin, est sur place. Elle a raconté dans la presse avoir reçu des dizaines de textos «provocateurs, salaces» de la part du député. Ce soir, elle prend la parole pour remercier toutes les personnes qui les ont soutenues. Elle rend également hommage à la tribune «Bas les pattes» de femmes journalistes publiée dans Libération.

    Isabelle Attard, qui a témoigné dans l'affaire #Baupin, prend la parole

    «C'est un problème que Baylet reste ministre»

    «Nous sommes là pour soutenir les femmes qui ont témoigné contre Denis Baupin, et pour demander sa démission» explique à BuzzFeed News Claire Serre-Combe, porte-parole d'Osez le féminisme. «Il est aussi important de dire qu'il ne s'agit pas que de Denis Baupin. Ce n'est pas un cas isolé et tous les partis sont impliqués.»

    La militante cite notamment Michel Sapin, accusé d’avoir «fait claquer l’élastique de la culotte» d’une journaliste en marge du forum de Davos en 2015, et qui vient de présenter des excuses, tout en indiquant qu'il avait seulement «posé [sa] main sur son dos».

    Elle évoque également le radical Jean-Michel Baylet. BuzzFeed News avait révélé en mars dernier que celui qui est actuellement ministre de l’Aménagement du territoire avait été accusé en 2002 de violences sur son assistante parlementaire de l'époque, Bernadette Bergon. Il avait été visé par une plainte pour violences que la plaignante avait finalement retirée. Mais le sénateur avait passé une transaction secrète avec Bernadette Bergon. Alors que le parquet de Toulouse pouvait continuer ses poursuites, il avait choisi de classer l'affaire. Contacté à plusieurs reprises par BuzzFeed News, le parquet ne nous a pas répondu sur ses raisons.

    «Michel Sapin, il s'est excusé, mais on aurait aimé beaucoup plus de réactions de la part du gouvernement» détaille Claire Serre-Combe. Et d'ajouter:

    «Pour Jean-Michel Baylet, j'ai été surprise que le sujet ne circule pas plus. C'est édifiant qu'un homme politique tabasse ainsi une femme... Ça m'a coupé le souffle de lire les violences qui ont été commises. C'est extrêmement grave. C'est un problème que Jean-Michel Baylet reste au gouvernement.»

    Les excuses de Sapin «stupides et maladroites»

    Parmi la foule, on trouve quelques élu-e-s. Sergio Coronado, député EELV, qui nous explique vouloir montrer sa «solidarité avec les femmes, avec celles qui ont parlé et celles qui se taisent», Danielle Simonnet, porte-parole du Parti de gauche, Hélène Bidard, adjointe à la mairie de Paris...

    Annie Lahmer, conseillère régionale EELV, a également témoigné sur Denis Baupin. Elle aussi, ce soir, est là pour «remercier les femmes et les réseaux féministes pour leur soutien». «Je pense qu'on ne devrait pas envoyer à l'Assemblée nationale des hommes qui ont ce genre de comportement» détaille-t-elle à BuzzFeed News.

    «Mais on les protège. Quand on lit le témoignage sur Jean-Michel Baylet, c'est terrible. J'ai été scotchée. Pauvre femme. Elle a vécu quelque chose... Comment on se remet de ça? On ne devrait même plus adresser la parole à cet homme. C'est insupportable. Ils sont à un tel point, ils ne vivent plus dans la même société que nous. Ils sont intouchables.»

    Elle explique n'être «pas du tout convaincue» par les excuses de Michel Sapin, qui sont «stupides et maladroites».

    «Faire reculer l'omerta»

    Parmi les revendications des organisations ayant signé l'appel au rassemblement, on trouve la démission de Denis Baupin, mais aussi «l’inscription au code pénal de l’inéligibilité des hommes politiques reconnus coupables de violences sexuelles et/ou de violences conjugales», et la «non-investiture électorale par leur parti politique des hommes sous le coup d’une enquête judiciaire».

    Malgré tout, les choses bougent. Selon la militante féministe Caroline De Haas, en cinq ans, depuis l'affaire DSK, les choses ont «radicalement changé». «Un député m'a confié tout à l'heure que certaines réactions des députés, juste après les révélations de lundi, avaient été lunaires» indique-t-elle.

    «Mais on les entend moins publiquement. Donc le sexisme est toujours présent mais il ose moins s'afficher. C'est une bonne nouvelle. Ce qui vient de se passer va participer à faire reculer l'omerta.»