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    Le FN accélère le rythme des intox à l'approche du 1er tour de la présidentielle

    Sur le seul mois d'avril, BuzzFeed News a repéré quatre nouvelles fausses informations diffusées par des cadres du Front national.

    1. Le faux slogan anti-Front national qui «pue le racisme».

    "Juifs, voleurs, assassins !" scandent les manifestants anti-FN dans le XIXe arrondissement de Paris : l'antiracism… https://t.co/sbhbby9W7h

    Une vidéo diffusée sur Twitter le 16 avril montrait des manifestants participant au rassemblement anti Front national à Paris. Une première personne affirmait que les manifestants scandaient «juifs, voleurs, assassins». En réalité, les manifestants scandaient «flics, violeurs, assassins», un slogan récurrent des manifs récentes, allusion à l'affaire Théo. La publication a été relayée notamment par le député Front national Gilbert Collard, mais aussi par Jordan Bardella, secrétaire départemental du FN en Seine-Saint-Denis. Ces derniers s’étonnaient notamment en disant que cette «[manifestation antiraciste] pue le racisme!»

    Florian Philippot a toujours sur son compte Twitter un tweet faisant allusion à des propos «antisémites» lors de la manifestation, sans preuve.

    Lorsque BuzzFeed News a corrigé (avec réactivité) l'erreur de Gilbert Collard, ce dernier a suggéré un nettoyage des oreilles.

    @JulesDrmnn Il faut vous déboucher les oreilles

    2. Le prétendu contrat passé entre Macron, Drahi et SFR.

    SFR ?... Tiens donc. #Drahi https://t.co/shQmzKtkq6

    Ces derniers jours, Emmanuel Macron a laissé des messages sur le répondeur de milliers de citoyens pour défendre sa candidature. Une information (erronée) de franceinfo jeudi 20 avril laissait entendre qu'il ne contactait que des abonnés SFR. Le site d'information a corrigé son erreur plus tard dans la journée. Mais c'était assez pour que la rumeur d’un contrat passé entre l’opérateur SFR et le candidat d’En Marche! se répande sur les réseaux sociaux. Florian Philippot, dans un tweet qu'il a ensuite supprimé, a notamment sous-entendu que Patrick Drahi, patron de SFR et soutien d'Emmanuel Macron, aurait joué un rôle. La rumeur n’a plus tenu quand des abonnés Orange ont déclaré avoir reçu le même message sur leur répondeur. Si Florian Philippot a supprimé son tweet, son frère Damien, membre de l'équipe de campagne de Marine Le Pen, a toujours un tweet avec cette affirmation sur son compte. Des proches de Jean-Luc Mélenchon, comme Raquel Garrido, ont également relayé l'intox.

    3. Le prétendu assaillant islamiste de Dortmund.

    Encore. Le terrorisme islamiste, seule Marine saura y répondre avec courage et force. #Dortmund

    Après l'attaque du car du club de foot Borussia Dortmund, un suspect «islamiste» est interpellé le 12 avril. Tweetant le titre du Figaro, Florian Philippot a conclu que l'attaque était nécessairement du terrorisme islamiste. Sauf que le suspect, même s'il était proche de l'organisation État islamisque, n'y était pour rien. Le parquet fédéral allemand a annoncé une semaine plus tard dans un communiqué l’arrestation d’un ressortissant germano-russe de 28 ans, Sergej W., expliquant que cet individu spéculait à la baisse sur le cours de l’action du club, et pensait s’enrichir avec cet attentat contre l’équipe.

    4. Les mensonges de Marine Le Pen sur les frères Kouachi.

    Sur RTL le 18 avril, Marine Le Pen affirme que, si les mesures qu'elle prône étaient appliquées, les frères Kouachi «n'auraient pas obtenu la nationalité française car lorsqu’ils ont eu 18 ans, ils avaient un casier judiciaire long comme un jour sans pain». Sauf que, comme l'indiquent Les Décodeurs du Monde, les frères responsables de l'attentat de Charlie Hebdo sont nés avec la nationalité française, de parents français. Par ailleurs, leur casier judiciaire était vierge à leur majorité.

    Elle cite aussi le cas d'Amedy Coulibaly, le preneur d'otage de l'Hyper Cacher. Sauf que lui est né Français.

    Ces intox de la dernière ligne droite sont dans la continuité des fausses informations relayées par des cadres du FN au mois de mars.

    Le mois dernier, les cadres du FN ont accusé C8 de bidonnage, ont relayé une interview sans aucune source, ont diffusé un faux sondage attribué au Figaro et un ragot complètement bidon sur le Parquet national financier.

    5. L'accusation de bidonnage erronée.

    Le fameux militant raciste et homophobe du documentaire de @C8TV est en vérité ingénieur du son pour Canal+ ! Laga… https://t.co/yPIekKYisu

    Au lendemain de la diffusion d'un documentaire C8 sur le FN, le maire d'Hénin-Baumont et vice-président du FN Steeve Briois remettait en cause l'honnêteté de la chaîne sur Twitter. L'enquête en caméra cachée «La face cachée du FN» montrait un sympathisant frontiste tenant des propos racistes et homophobes devant le patron du FNJ de Nice. Et dans un tweet, Steeve Briois affirmait que ce militant raciste était en fait un certain Kevin, «ingénieur à Canal+», capture d'écran Facebook à l'appui.

    Le tweet a récolté plus de 1500 partages et Marine Le Pen a même réagi auprès de l’AFP: «Voilà le genre de manœuvres qui sont utilisées par les médias. C’est honteux et j’espère qu’ils vont être lourdement condamnés». D'autres cadres du FN se sont aussi emparés du sujet pour condamner «la presse».

    Cette accusation de bidonnage était complètement bidon. Dans un communiqué, C8 a démenti la capture d’écran qui a vraisemblablement été fabriquée. Le père de Kevin s'est également exprimé auprès de BuzzFeed News.

    6. L'interview complotiste sans aucune source.

    Vous voyez, tout le monde peut faire "journaliste" chez France Télévisions... #EnvoyéSpécial #ErnotteGate https://t.co/Ai7r17Nfzj

    Un autre documentaire dédié au FN a suscité une contre-attaque du parti visant à discréditer les médias. L'enquête d'Envoyé spécial «FN, les hommes de l'ombre» diffusée sur France 2 le 16 mars revenait sur les soupçons d'emplois fictifs qui pèsent sur le parti. C'est le moment qu'a choisi le maire de Fréjus David Rachline pour publier sur Twitter une vidéo complotiste sans en préciser la source.

    Dans cette vidéo, un prétendu «membre de l’équipe de Delphine Ernotte» (présidente de France Télévisions) affirme à visage couvert qu’il existe une très forte proximité entre sa patronne et Emmanuel Macron.

    Sa voix a été modifiée et les images montrent son dos ou ses mains, mais jamais son visage. Le post était accompagné du hashtag #EnvoyéSpécial, pour faire croire que la vidéo était un extrait de l'émission. Le post est rapidement devenu viral.

    «On est en contact permanent avec l’Élysée. C’est sûr que quand Hollande n’a plus été candidat, bien évidemment, il a fallu soutenir coûte que coûte Macron avec l’objectif clair de faire battre Marine Le Pen», dit cet homme dans la vidéo. «Macron et Delphine Ernotte ont des liens d’amitié qu’ils ne cachent pas, ils s’embrassent, ils se tutoient.»

    Contacté dans le cadre du projet de debunking Crosscheck, David Rachline a affirmé qu'il avait trouvé la vidéo «sur internet» (alors qu'elle n'apparaît nulle part ailleurs sur le web) et qu'il était «persuadé que c'est du grand journalisme». À cause de son post, le hashtag #ErnotteGate a déferlé sur les réseaux sociaux, faisant croire à un prétendu complot anti-FN mené par la direction de France Télévisions.

    7. Le faux sondage du Figaro.

    Bonjour @wdesaintjust ! Nous ne trouvons nulle part ces chiffres sur notre site - où les avez-vous vus?

    Wallerand de Saint-Just s'est ensuite corrigé, reprochant au Figaro d'avoir mis du temps à contester le visuel.

    8. Le faux ragot sur le Parquet national financier.