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Cette femme a créé le hashtag #SaggyBoobsMatter pour défendre les seins qui tombent

Chidera Eggerue rêvait du jour où elle pourrait se faire refaire la poitrine. Maintenant, elle encourage les femmes à aimer leurs seins — peu importe leur aspect.

Chidera Eggerue a appris à aimer son corps — des pieds à la tête, seins compris — et elle veut maintenant aider les autres à en faire autant.

La jeune Britannique de 23 ans tient un blog et a déjà été récompensée. Mieux connue sous le nom de Slumflower, elle est la force motrice derrière #SaggyBoobsMatter («les seins tombants comptent»), un mouvement en ligne qui remet en question les modèles irréalistes de poitrine auxquels les femmes sont tenues de ressembler.

«Un manque de représentation des seins tombants quand j’allais chez Marks & Spencer [en tant que jeune ado] pour acheter des soutiens-gorge m’a fait me rendre compte que quelque chose n'allait pas dans la façon dont le monde voit le corps des femmes», raconte Eggerue à BuzzFeed News.

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«Sur l'emballage, il y avait toujours une photo d’une femme blanche avec des seins bien fermes, et pourtant quand j’essayais le même soutien-gorge à ma taille, mes seins ne ressemblaient pas à ceux du modèle en photo.»

Elle a rapidement développé un complexe et a commencé à ne pas aimer ses seins. «C’était si sérieux à cet âge-là que j’avais déjà décidé de me faire refaire les seins une fois que je commencerai à travailler, à 18 ans», se souvient-elle.

«J’ai fêté mes 18 ans, mais je n’avais pas de travail, et encore moins les seins refaits, donc j’ai continué à me haïr jusqu’à ce que j’ai 19 ans et que j’en ai marre de me sentir comme une étrangère dans mon corps. J’ai décidé que j’en avais assez, et j’ai choisi d’arrêter de porter un soutien-gorge.»

Bien qu’Eggerue se sente à l’aise dans son corps, elle voulait partager ce qui l'a amené à s'accepter, afin de contribuer au débat plus large du mouvement body-positive. Depuis juillet 2017, elle partage des photos d’elle-même sans soutien-gorge, accompagnées de légendes rebelles qui interrogent autant qu'elles enthousiasment.

«Passons directement à mes 23 ans : je suis maintenant dans une situation où je suis à l’aise dans mon corps, mais je voulais que les autres femmes ressentent cela ; j’ai donc dû lancer le débat en utilisant mon propre corps comme d'un exemple», explique-t-elle.

«En créant le mouvement #SaggyBoobsMatter, j’ai pu aider des femmes à parler clairement de leurs propres complexes physiques — particulièrement les femmes minces qui ne savent pas vraiment où se placer dans le mouvement body-positive.»

Eggerue considère que se moquer des seins qui tombent est un cercle vicieux : «Les seins qui tombent sont sous-représentés. Être sous-représenté vous fait vous sentir étranger à la société. Cela entraîne un mal-être chez des personnes qui n’ont pas la force mentale suffisante pour voir qu’elles ont de la valeur, au-delà des standards de beauté.»

«J'ai appris à ne pas prendre les remarques personnellement»

Sa passion, cependant, a un prix. Lorsque ses tweets et son Instagram ont commencé à faire le tour d’internet, elle a été examinée à la loupe. Et pas seulement par les personnes qui pensaient que le mouvement #SaggyBoobsMatter était une blague, mais aussi par celles qui ont fait des remarques désobligeantes sur ses atouts naturels et lui ont ordonné d’aller mettre un soutien-gorge.

«Dans l’ensemble, je pense que le mouvement a été accueilli avec beaucoup de sarcasme et d’injures par les hommes et par quelques femmes désorientées, ce qui ne m’étonne pas», souligne Eggerue.

«Ça m’inquiète beaucoup, car d’autres femmes qui me ressemblent voient certaines de ces réponses horribles ; maintenant, elles se sentent sans doute encore moins à l’aise avec leur corps lorsqu’elles voient le vitriol que je reçois parce que je me montre.

La plupart des réponses ont été horribles et décevantes, mais j’ai appris à ne pas les prendre personnellement. Je pense parfois que les hommes sont habitués par la société à voir les femmes comme des vagins. À cause de ça, les corps des femmes sont scrupuleusement examinés, comme si nous n’existions que pour les satisfaire», poursuit-elle.

The next time a man asks you why your boobs are saggy, ask him why his balls are saggy. #SAGGYBOOBSMATTER

«Les hommes ne voient les femmes comme des personnes que quand vous leur rappelez celles dont ils sont proches. Ce qu’ils n’arrivent pas à comprendre, c’est qu’ils doivent faire très attention quand ils me jettent des insultes concernant mon corps, car d’autres femmes qui me ressemblent lisent ces commentaires.»

Les hommes ne sont pas les seuls à critiquer ce mouvement. «En ce qui concerne les femmes qui ont été horribles, c'est décevant, car elles bénéficient aussi de ce que j'ai à dire.»

«Les femmes qui condamnent les corps des autres femmes cherchent simplement du confort en s’alliant à leur oppresseur, qui continuera malgré tout à utiliser ce même système patriarcal pour les oppresser, elles aussi», a dit Eggerue.

Les choses ont particulièrement dérapé lorsque l’une de ses photos a été utilisée dans un mème qui se moquait d’elle et d’une autre femme noire.

I love being body shamed and slandered by Nigerian musicians. Thank you for being horrible @DONJAZZY. Hope it’s w… https://t.co/5shdPJLpgm

Moquée par un producteur célèbre

Le producteur de musique nigérian Don Jazzy, l'un des noms les plus célèbres de l’afrobeat, a partagé le mème avec ses 3 millions d’abonnés. «Ma photo a été comparée à un téléphone sur le point de s’éteindre, ce qui signifie que j’étais vue comme n’étant pas attirante. Les commentaires sont pleins d’étrangers qui rient de mon corps.»

Quand elle a exprimé sa déception devant le mème, les insultes ont commencé. On a dit qu’Eggerue cherchait à attirer l’attention et qu’elle devrait passer à autre chose — que ce n’était pas grave.

«Peu importe combien vous vous aimez, voir par hasard des étrangers se moquer de votre corps n’est pas du tout agréable, dit Eggerue. Le harcèlement en ligne ne porte pas un autre nom simplement parce qu’une personne est populaire/célèbre.»

Don Jazzy s’est plus tard excusé et a supprimé sa publication. L'épisode a donné encore plus envie à Eggerue de répandre son message. «Les femmes ont été créées dans un but précis, et leur corps n’est pas une erreur», insiste-t-elle.

«Nous allons tous devoir apprendre par la force que le seul moyen de normaliser quelque chose est de le voir régulièrement. Si vous avez un problème avec les seins qui tombent, demandez-vous pourquoi le corps d’une personne vous offense», ajoute-t-elle.

«Je m'adresse aux femmes qui me ressemblent : vos seins qui tombent comptent. Et, à partir d’aujourd’hui et jusqu’à votre mort, ce qui comptera, au final, c’est votre personnalité. Les gens ont parfois peur de ce qu’on ne leur a pas appris à accepter. On doit quand même nous faire entendre haut et fort.» Eggerue indique par ailleurs avoir reçu des messages de femmes venues du monde entier lui disant que sa campagne les a aidées.

Gemia Jones, une étudiante au collège communautaire Hinds de Raymond, dans le Mississippi, aux États-Unis, est l’une des personnes à qui le hashtag #SaggyBoobsMatter a donné envie de mettre en avant ses seins. «Je pense que le mouvement est génial, explique-t-elle à BuzzFeed News. J’avais mon propre manque de confiance en moi, ça a été agréable de voir un mouvement qui encourage la body-positivity ou ce genre de trucs.»

#SAGGYBOOBSMATTER | im here for it. 🙂

«Vous voir dans toute votre gloire m’a donné assez de confiance en moi pour dire merde (certains jours) et ne pas porter de soutif. Les seins qui tombent comptent !» a écrit @dase_xo, une utilisatrice de Twitter. «Mise à jour : il s’avère que @theslumflower a lancé le mouvement #SAGGYBOOBSMATTER et j’ai enfin trouvé ma place #bracott2018», a tweeté une autre.

Pour Eggrue, recevoir «tant de messages aussi adorables et profondément personnels, venus de femmes qui ont été réconfortées par ce mouvement est une expérience incroyable».

«Des mères qui allaitent m’ont dit que ce mouvement les a aidées dans leur apprentissage post-accouchement, et c’est très important pour moi. Les gens qui montrent de la haine envers ce mouvement ont oublié, comme par hasard, qu’une grande majorité d’entre eux a été nourrie par des seins qui tombent.»

Ce post a été traduit de l'anglais.