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10 photos qui capturent l'horreur des avortements illégaux

Laia Arbil expose les techniques dangereuses auxquelles les femmes sont contraintes de recourir pour exercer leur droit à disposer de leur corps.

Laia Abril est une artiste qui travaille sur avec plusieurs médias et dont le travail examine le sujet extrêmement personnel et parfois controversé de la féminité et des droits reproductifs. Pour la photographe, mettre en lumière des histoires qui sont souvent dissimulées ou mal comprises revient à transformer le discours en un débat ouvert sur les expériences des femmes dans le monde et à travers l'histoire.

Sa série On Abortion («Sur l'avortement») utilise la photographie et le texte pour partager des histoires réelles sur comment les femmes ont avorté à travers les siècles, sans avoir accès à des méthodes légales et sûres. Le travail fait partie d'un ensemble plus grand intitulé A History of Misogyny («Une histoire de la misogynie»). BuzzFeed News a discuté avec Laia Abril de ses recherches et de son livre à venir : On Abortion: And the Repercussions of Lack of Access («Sur l'avortement : manque d'accès et ses répercussions»).

Attention : certains des textes et des images présentent des méthodes sommaires, inefficaces, illégales et dangereuses pour empêcher les grossesses ou pour y mettre un terme. Ces méthodes peuvent engager le pronostic vital et être extrêmement douloureuses, provoquer des blessures permanentes, des hémorragies et la mort. Pour avoir des renseignements sur les avortements sans risques, vous pouvez vous référer au site du Planning familial ou consulter votre médecin.

Trahison du serment d'Hippocrate

Ce projet a pour but de montrer les répercussions dans le monde du manque d'accès à l'avortement. Par «manque d'accès», je ne veux pas simplement parler des lois, mais également d'un accès gratuit, sûr et sans jugement. Lorsque tout ceci n'est pas disponible, plus de 47 000 femmes meurent chaque année, et des milliers doivent vivre avec les séquelles physiques ou émotionnelles. De nombreuses autres sont arrêtées, jugées, condamnées et privées de leur liberté, et vont être forcées à être mère. Les images ne peuvent pas être séparées de leurs textes : ces histoires aident à créer une carte conceptuelle qui éclairera ces histoires mal comprises et oubliées.

Bien que les images soient en général assez sobres, les histoires sont brutales. Ce qui se passe ne peut pas être dissimulé, mais reste invisible, inconfortable et souvent dangereux de montrer les victimes. Pour moi, il est primordial que les gens soient au courant ce qui se passe. De voir, d'une certaine manière, ce qui se passe et de savoir quelles sont les répercussions liées au déni de ces droits. Ce sont des répercussions directes dans la vie de milliers de personnes.

Produire ce travail a été, pour moi, un exercice pendant lequel j'ai beaucoup appris et pendant lequel je me suis posé beaucoup de questions. J'ai été confrontée à des questions éthiques concernant la vie que je n'avais jamais envisagées. Une grosse part de mon travail veut que les personnes me laissent voir ce qu'il y a de pire dans leur vie, et à ce que je m'appuie sur ma propre empathie et ma prédisposition à ne pas juger. J'ai cependant appris que même si vous croyez ne pas juger les autres, vous n'êtes jamais tout à fait à l'abri de ça. Ça a été une réflexion profonde sur les questions les plus importantes de l'être humain – la vie, la mort et le droit de décider. Rien n'est jamais tout noir ou tout blanc.

Procédure de l'aiguille à tricoter

Dans des endroits où l'avortement est illégal, les femmes enceintes ont tendance à ignorer leur état aussi longtemps que possible, perdant ainsi un temps précieux. Les avortements illégaux sont pratiqués en moyenne durant le second trimestre. À ce moment-là, un instrument doit être inséré à travers le col de l'utérus pour percer le sac amniotique. Cela déclenche le travail et peut entraîner l'expulsion de l'embryon. En raison du manque d'alternatives, les femmes obligées de recourir à cette dangereuse méthode d'avortement risquent de sérieuses blessures physiques et même la mort.

Bains brûlants, dents et superstition

Prendre un bain brûlant semble être une méthode répandue et qui a continué pendant plusieurs générations. Un texte sanskrit du VIIIe siècle recommande de s'accroupir au-dessus d'une casserole d'oignons qui bout ; une technique également utilisée par les femmes juives dans le Lower East Side de Manhattan, à New York, au début des années 1900. Jusqu'en 1870, certains avorteurs retiraient les dents des patientes sans anesthésie, car on pensait que la douleur et le choc entraînaient une fausse couche. Pline l'Ancien (23-79), Dioscoride (40-90) et Claude Galien (129-216) mentionnent tous des moyens plus «superstitieux» d'avorter, comme de manger l'œuf d'un corbeau, d'être mordue par un chien ou de traverser le sang menstruel d'une autre femme.

Préservatif en vessie de poisson

Les premiers préservatifs étaient généralement fabriqués à partir de vessies de poissons-chats et d'esturgeons, et ont été utilisés jusqu'au XIXe siècle. Les intestins d'agneaux nettoyés, séparés et séchés étaient également populaires. Étant donné qu'aucun de ces matériaux n'était vraiment élastique, ces préservatifs primitifs devaient être attachés au pénis avec un ruban. Et ils coûtaient chers. Après chaque utilisation, les préservatifs étaient lavés, séchés avec soin et badigeonnés d'huile pour éviter qu'ils ne craquent.

Traverser les frontières

L'avortement est légal dans presque tous les pays de l'Union européenne (UE), à l'exception de la Pologne, de l'Irlande et de Malte. En Pologne, l'avortement est illégal sauf dans les cas d'agression sexuelle, de malformation sérieuse du fœtus ou de danger pour la vie de la mère. Le nombre officiel d'avortements effectués dans ce pays de 38 millions d'habitants est seulement de 750 par an. Selon l'organisation néerlandaise Women on Waves, qui militepour le droit à l'avortement, le nombre réel est plus proche de 240 000.

Mère à neuf ans

En novembre 2015 au Nicaragua, Inocencia, 9 ans, a donné naissance à un garçon. C'est le fils du père biologique de la jeune fille, qui l'a violée à maintes reprises depuis ses 7  ans. De nombreux pays, dont le Paraguay, le Guatemala, le Honduras, le Venezuela, la Somalie, le Congo, l'Égypte, l'Iran et le Liban ne considèrent pas le viol comme une raison légitime d'avorter, et n'autorisent l'avortement que lorsque la vie de la mère est en danger. De manière plus stricte encore, le Nicaragua, le Salvador, la république Dominicaine, Malte et le Vatican sont les cinq pays dans le monde où l'avortement est illégal quelles que soient les circonstances.

Kit d'instruments illégaux

Dans les endroits où l'avortement est illégal, certains instruments médicaux peuvent vous trahir. C'est pour ça que des produits spécifiques sont rarement développés ou vendus pour cette opération. À la place, les docteurs, avorteurs clandestins et les femmes enceintes se tournent vers des objets domestiques : aiguilles à tricoter, cintres en fer, cathéters urinaires et une grande variété d'autres objets qui sont assez longs pour atteindre l'utérus.

Des herbes anciennes et solutions à boire

Une infusion de plantes nommées «rue des jardins» et la Crotalaria longirostrata sont utilisées par les femmes salvadoriennes pour avorter au cours du premier trimestre. Il existe une liste sans fin des drogues orales supposées entraîner une fausse couche, qui remonte à avant Hippocrate. Dans cette liste, par exemple, on trouve : des trèfles mélangés à du vin blanc, le concombre d'âne, l'iris fétide, l'orme rouge, la levure de boulanger, le melon, les carottes sauvages, l'aloès, la papaye, les fourmis écrasées, les poils de chameaux, le plomb, la belladone, la quinine et la grenade. Une autre technique est de se priver de nourriture.

Baguettes en bois et en plastique

L'interruption volontaire de grossesse est interdite dans presque tous les pays africains. Pour cette raison, les avortements sont soit pratiqués par des avorteurs non professionnels, soit par les femmes qui doivent se débrouiller par leurs propres moyens. Souvent, le sac amniotique est percé entre le quatrième et le cinquième mois de grossesse. La libération du liquide amniotique qui s'ensuit cause entraîne l'expulsion de l'embryon. Des objets pointus sont utilisés, comme des branches ou de longues épines. Percer le sac amniotique entraîne souvent des complications, comme des hémorragies importantes et des infections menaçant la vie des femmes. Si elles ont de la chance, elles gagnent l'hôpital à temps pour être soignées.

Un respirateur artificiel

Le 27 novembre 2014, une irlandaise d'une vingtaine d'année a été admise à l'hôpital avec des maux de tête et des nausées. Deux jours plus tard, cette mère de deux enfant est tombée et a été trouvée inconsciente. Le 9 décembre, elle était déclarée en état de mort cérébrale. Enceinte de 15 semaines, elle a été placée sous respirateur artificiel, contre la volonté de sa famille. Le 26 décembre, la cour suprême d'Irlande a jugé que le respirateur artificiel pouvait être débranché, après qu'il a été déclaré que le fœtus avait peu de chances de survie.

En Irlande, l'avortement est illégal, sauf s'il est le résultat d'une procédure médicale effectuée pour sauver la vie de la mère. Selon le 8e amendement de la Constitution irlandaise, un enfant à naître a les mêmes droits que sa mère.

On Abortion: And the Repercussions of Lack of Access est disponible à la prévente ici pour les États-Unis et disponible ici su vous êtes en Europe. Pour voir plus d'œuvres de Laia Abril, visitez son site internet laiaabril.com.


Ce post a été traduit de l'anglais.