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    Un an après, l'attentat terroriste de Joué-lès-Tours en était-il un?

    Le 20 décembre 2014, la France connaît son premier attentat lié à Daech. Un an plus tard, les documents que nous nous sommes procurés montrent que la piste terroriste reste toujours fragile.

    C'est l'attentat qui a ouvert le bal tragique de l'année 2015. Quelques jours avant la tuerie de Charlie Hebdo et la prise d'otages de l'Hyper Cacher à Paris. Un an environ avant le 13 novembre 2015. Pour la première fois en France, un homme applique presque à la lettre les recommandations de Daech et s'en prend à des policiers avec un couteau au commissariat de Joué-lès-Tours.

    Une année après pourtant, la famille persiste à contester la version établie par les autorités. D'après le rapport du parquet de Tours que BuzzFeed News a pu se procurer, aucun policier n'a finalement entendu l'agresseur prononcer «Allahou Akbar» pendant l'attaque — l'élément pourtant principal qui a justifié la saisine du parquet antiterroriste. Et de nouveaux témoins contestent la version retenue par les autorités.

    Ce samedi 20 décembre, la plupart des Jocondiens effectuent leurs dernières courses de Noël dans cette ville de plus de 35.000 habitants. Vers 13h57, Bertrand Nzohabonayo, un jeune homme originaire du Burundi (qui se faisait aussi appeler Bilal) se présente au commissariat et semble particulièrement énervé. Il tape sur la porte, mais celle-ci ne s'ouvre que de l'intérieur pour des raisons de sécurité. Un policier finit par ouvrir et s'approche pour savoir ce qu'il veut. Sans s'expliquer, l'homme de 20 ans légèrement barbu sort un couteau qu'il a caché dans son dos et s'attaque à l'agent.

    Tout en criant «Allahou Akbar», il le blesse au niveau de la joue et de l'oreille, sans toucher la carotide. Il donne d'autres coups de couteau à la tête et à la main des deux autres agents venus en renfort. Deux policiers ripostent avec leur arme et tirent à quatre reprises sur l'agresseur. Il tombe à terre, est menotté et succombe à ses blessures quelques minutes après l'arrivée des secours, à 14h30.

    En tout cas, c'est cette version des faits qui sera immédiatement reprise par l'ensemble de la presse. Quelques heures après, l'attaque de Joué-les-Tours a un «caractère terroriste», dira François Hollande. Le jour même, le ministre de l'Intérieur déclare que les cris religieux «auraient été prononcés avant l'attaque». Son cabinet précise dans un communiqué:

    «Bernard Cazeneuve condamne avec la plus grande fermeté cet acte odieux. (...) Le Gouvernement est déterminé à combattre toutes les formes de terrorisme qui menacent la sécurité des Français et de tous les agents publics qui, 24 heures sur 24, veillent sur eux.»

    Deux enquêtes sont alors ouvertes. L'une est diligentée par le parquet de Tours pour savoir si les policiers ont agi en état de légitime défense. L'autre l'est par le parquet antiterroriste de Paris.

    Le procureur de Tours Jean-Luc Beck constate très rapidement que «tous les éléments de la légitime défense» sont réunis et une «source proche du dossier» affirme que «l'enquête s'oriente vers un attentat contre les forces de l'ordre motivé par l'islamisme radical». Elle ressemble précisément «au mode d'action préconisé par le groupe État islamique». La France fait face à sa première attaque terroriste liée à Daech.

    Mais quels sont les éléments permettant de privilégier aussi rapidement la piste d'un attentat terroriste? Selon le rapport d'enquête du parquet de Tours que nous avons pu nous procurer, les cris religieux prononcés par Bertrand Nzohabonayo justifient la saisine du parquet antiterroriste situé à Paris. Celle-ci aura lieu ce samedi à 17h20.

    «Ces éléments (les cris "Allahou Akbar", ndlr) allaient conduire la section antiterroriste du parquet de Paris» à se saisir peut-on lire dans ce rapport.



    Il a crié «Allahou Akbar jusqu'à son dernier souffle»

    D'après le procureur de Tours, l'agresseur avait également «affiché sur son compte Facebook le drapeau de l’Etat islamique quelques jours avant l'attaque». Cet indice crédibilisait encore davantage l'idée d'une action inspirée ou commanditée par Daech.

    Pour les autorités, la piste terroriste ne fait donc plus de doute. Ainsi, Le Figaro affirme un peu moins de quatre heures après les faits, que l'individu «était un islamiste» connu des renseignements. Et d'après Le Parisien citant une source policière, il aurait crié Allahou Akbar, «du moment où il est entré jusqu'à son dernier souffle.»

    Le lendemain de cette attaque, le petit frère de Bertrand Nzohabonayo, Brice, est arrêté alors qu'il résidait chez son oncle au Burundi. Également converti à l'islam, il est soupçonné d'être en lien avec des réseaux islamistes qui auraient pu commanditer l'attaque de Joué-lès-Tours.

    Encore aujourd'hui, Bertrand Nzohabonayo ne cesse d'être cité comme l'auteur d'un des premiers attentats terroristes depuis les années 90. Ainsi, lorsqu'un homme a tenté d'agresser des policiers d'un commissariat du 18e avec une feuille de boucher le 7 janvier 2016, de nombreux journalistes ont comparé cette attaque avec celle de Joué-lès-Tours. Même chose lorsqu'un homme a décapité son patron en Isère.

    Un an après, les preuves d'une attaque terroriste à Joué-lès-Tours restent pourtant difficiles à rassembler.

    D'après nos informations, si Bertrand Nzohabonayo accordait une place très importante à l'islam, parfois trop selon certaines personnes de son entourage, il n'était pas fiché S. Les différents dossiers de l'Aide sociale à l'enfance (ASE) et son casier judiciaire que nous avons pu consulter montrent une adolescence émaillée d'incidents et de délits de droit commun, mais rien qui soit lié à une entreprise terroriste. Quant à son frère Brice, le parquet de Paris assure «ne pas être responsable de cette arrestation» au Burundi. Il a en tout cas été incarcéré pendant 14 mois et a été libéré en février dernier sans être poursuivi par la justice du Burundi.

    «État Islamique d’Irak : pas en mon nom»

    Né au Burundi en 1994 et fils de deux dignitaires burundais, Bertrand Nzohabonayo est arrivé à l'âge de 10 ans en France. De 14 à 19 ans, il est condamné à de multiples reprises pour vols, violences et dégradations.

    En 2012, la protection judiciaire de la jeunesse qui suit l'adolescent mentionne sa conversion récente à la religion musulmane. Alors que ses parents sont catholiques, le jeune homme accorde «beaucoup de place» à l'islam. «J'ai moi-même beaucoup de peine à le "décentrer" de la religion lorsque je le reçois en entretien», écrit son éducatrice qui n'évoque toutefois pas d'attirance pour le djihad.

    Les proches de Bertrand Nzohabonayo remettent également en cause le fait que l'affichage du drapeau de Daech sur sa page Facebook ait renforcé la piste islamiste. Ils avancent qu'il avait également «liké» une page intitulée «État Islamique d’Irak : pas en mon nom» (ce que nous avons pu vérifier sur sa page Facebook).


    Aucun policier n'entend «Allahou Akbar» pendant l'agression

    Pour les musulmans, la formule «Allahou Akbar» peut être «cri de guerre», mais s'emploie aussi juste avant une prière, dans une «situation de détresse», ou avant de mourir.  

    Ce samedi, lorsque Bertrand Nzohabonayo se présente au commissariat, quatre policiers et deux personnes venues porter plainte sont présents à l'accueil et seront interrogés par la Sûreté Départementale après le drame. Un seul agent, Dimitri T., affirmera pendant cette audition avoir entendu l'agresseur prononcer «Allahou Akbar». Quand? Pas du début à la fin comme l'ont affirmé dans les médias de nombreuses sources policières, mais après avoir reçu quatre balles, juste avant de mourir, lorsqu'il était allongé au sol.

    Lors de son interrogatoire, Dimitri T., blessé à plusieurs reprises par l'agresseur, raconte le moment où il a entendu cette phrase religieuse, après avoir tiré sur lui:

    «À ce moment-là, je l'ai entendu dire au moins sept ou huit fois "Allahou Akbar (...) il était calme, le regard dans le vide, et il disait tout doucement "Allahou Akbar". Il l'a répété de nombreuses fois"

    Sylvain H, le collègue qui bloquait les jambes de Bertrand Nzohabonayo pendant que Dimitri T. maintenait sa nuque, n'évoque quant à lui aucune parole ou bruit: «J'ai constaté qu'on voyait le blanc de ses yeux et qu'il avait la bouche ouverte. Je n'ai pas souvenir de le voir ou de le sentir respirer», précise-t-il seulement.

    «Je n'ai pas entendu le son de sa voix», précise l'officier Nathalie S. Même chose pour le fonctionnaire Denis E ainsi que pour le policier Eric G.:



    Il y a bien la policière Nadège D. qui, après avoir tiré à deux reprises sur Bertrand Nzohabonayo, confirmait que l'agresseur avait «proféré les mots "Allahou Akbar"». Mais elle s'est rétractée lors de son audition:

    «Moi c'est sûr je n'ai jamais entendu l'individu prononcer ces mots. C'est Dimitri qui me l'a rapporté, moi je n'ai fait que le rapporter à mon chef (...) Je n'ai jamais entendu la voix de l'individu tout le temps de mon intervention.»

    Outre le témoignage de Dimitri T., le parquet antiterroriste s'appuie également sur l'audition d'un autre témoin, Mustapha M., venu avec son frère déposer une plainte au commissariat de Joué-lès-Tours juste avant l'attaque.

    «Au moment où l'agent a ouvert la porte et s'est retrouvé face à lui (l'agresseur, ndlr), l'homme a dit "Allahou Akbar"», déclare-t-il lors de son interrogatoire.

    Ce civil, le seul parmi la quinzaine de témoins interrogés à évoquer un cri religieux au début de l'attaque et non après, a été contredit par son frère Abdelkader, également présent au moment des faits.

    Rencontré à Joué-lès-Tours, Abdelkader M. nous a répété ce qu'il avait dit dans sa déposition aux policiers le lendemain de l'attaque:

    «Je sais que mon frère a dit avoir entendu le cri "Allahou Akbar", mais moi je suis certain d'avoir juste entendu un cri comme "AHHHHH". Je l'ai d'ailleurs dit aux policiers. Quand ils m'ont interrogé, ils ont insisté sur ça, mais j'ai répondu ce que j'avais entendu, c'est-à-dire rien de religieux.»

    Un témoin avance un autre scénario

    Le jour même du drame, Sandjy D., un autre témoin situé à l'extérieur du commissariat dit ne pas avoir entendu de cris religieux, mais un simple «cri de rage».

    Interrogé par l'AFP quelques heures après la mort de l'agresseur, il est aussi le premier à évoquer un tout autre scénario en affirmant que ce sont les policiers qui ont amené Bertrand Nzohabonayo dans le commissariat:

    «J’ai vu les quatre policiers prendre le monsieur pour le rentrer à l’intérieur, ils lui ont dit calmez-vous et le monsieur il a commencé à crier "AHHHHH" et à se débattre et après j'ai aperçu un couteau assez long.»

    Après ce témoignage, quelques médias s'interrogent sur la version avancée par le procureur de Tours et celui de Paris. Bertrand Nzohabonayo a-t-il mené une attaque tout seul, ou était-il victime d'une «arrestation arbitraire»? Mediapart, France 3, Le Point et Rue89 pointent les imprécisions ou contradictions des autorités qui ont par exemple affirmé à tort que le commissariat n'était pas équipé en vidéosurveillance.

    La Sûreté départementale convoque ensuite Sandjy D. pour recueillir son témoignage, qu'il maintient dans son intégralité. Elle mène aussi une enquête sur sa crédibilité, mais ne trouve rien de suspect.

    Interrogé sur ce témoin par les enquêteurs, Dominique B., un policier municipal de Joué-lès-Tours, rappelle par exemple que Sandjy D. travaille pour la mairie, comme animateur dans des écoles de la ville: «Oui je pense que c'est quelqu'un de crédible (...) il est très respectueux et sympathique.»

    Dans les conclusions de son rapport, le procureur de Tours maintient pourtant que Bertrand Nzohabonayo a crié «Allahou Akbar» et ne retient pas les incohérences et contradictions des différents témoignages.

    Auprès de BuzzFeed News, Ghyslain Vedeux, responsable du conseil représentatif des associations noires d’Indre-et-Loire (CRAN), avance une autre hypothèse pour justifier la version de Sandjy D.

    La veille de l’attaque, une altercation a eu lieu entre Loïc V., un policier du commissariat de Joué-lès-Tours, et plusieurs jeunes de la ville.

    Certains témoins pensent que le lendemain, les collègues de Loïc V. auraient interpellé à tort Bertrand Nzohabonayo (il était à Paris au moment de cette altercation) pour le conduire au commissariat et tenter de lui soutirer les noms des agresseurs du policier.

    Le 22 décembre, un nouveau témoin interrogé par iTELE raconte lui aussi avoir vu les policiers essayer d'amener Bertrand Nzohabonayo au commissariat:

    «Ils essayaient de le faire rentrer de force et tout, et puis lui il voulait pas donc il criait. Et puis à ce moment-là, il a sorti son couteau et donc ils étaient à quatre sur lui (les policiers, ndlr). Donc il commençait à utiliser son couteau et puis ils lui ont tiré quatre balles dessus. (...) Et à aucun moment il a crié ou dit "Allahou Akbar".»

    Un autre témoin rencontré par Olivia N'Ganga, une journaliste qui enquête également sur cette affaire pour un futur documentaire, confirme cette version dans une vidéo que nous avons pu nous procurer. Un SDF du quartier assure à la journaliste que «les policiers ont emmené Bertrand jusqu'au commissariat» et qu'il «n'a pas crié Allahou Akbar». Il ajoute avoir voulu donner sa version après les faits, mais les policiers auraient «refusé de l'entendre».

    Des enregistrements radio contredisent le procureur

    Contacté par BuzzFeed News, le procureur de Tours qui a clos ce dossier récemment, balaie cette hypothèse et assure qu'il n'y a «aucun rapport entre l'altercation du 19 et l'attaque du 20 décembre». Il maintient également que Bertrand s'est rendu seul au commissariat et qu'il a bien été tué à l'intérieur du sas et non pas sur les marches du palier (ce qui laisserait penser qu'il était amené de force par des policiers).

    Pourtant, d'après la retranscription des conversations radio que nous avons pu nous procurer, un agent présent sur les lieux du drame assure à ses collègues du central que les «faits se sont passés sur les marches du commissariat».



    Mais Ghyslain Vedeux insiste sur son hypothèse:

    «Il faut savoir que ce commissariat de Joué est très particulier. Le policier agressé la veille par des jeunes est un petit caïd, on le surnomme le shérif ici.»

    Il rappelle que le policier Loïc V. a été condamné à 1500 euros d'amende en juin 2014 (puis relaxé en appel) pour des faits de violence et un «usage disproportionné» de sa bombe lacrymogène lors d’une interpellation. En août 2013, la vidéo de cette violente arrestation avait été largement médiatisée. Si les autorités assurent que son agression n'est pas liée à l'attaque, ce policier a toutefois été muté la semaine suivante.

    «C'est avec le deuxième appel d'un journaliste, vers 18h30, que j'ai su que mon frère était mort»

    Rencontrée chez elle, là où habitait Bertrand Nzohabonayo, sa sœur Eunice, aide-soignante de 27 ans, «espère connaître un jour la vérité». Pour elle, «tout a basculé ce 20 décembre» depuis que son frère est «devenu pour la majorité» un terroriste.

    «Je suis rentrée chez moi vers 18h30. J'ai essayé d'allumer la télévision, mais elle ne fonctionnait pas. J'ai ensuite vu plusieurs appels sur mon fixe. Le téléphone a encore sonné et c'était une journaliste», se souvient-elle. Elle poursuit:

    «Elle a commencé à parler de mon frère, du commissariat, des coups de couteau, puis voyant que je n'étais au courant de rien, elle s'est stoppée en disant: "Non, ce n'est franchement pas à moi de vous annoncer ça, j'espère qu'il va bien et que je me suis trompée" et a raccroché.

    C'est avec le deuxième appel d'un journaliste, vers 18h30, que j'ai su que mon frère était mort. Il m'a demandé ce que je pensais de tout ça, je ne savais pas quoi dire à part que mon frère n'avait rien à voir avec Daech.»

    La jeune mère célibataire, qui hébergeait son frère depuis quelques temps, se rend au commissariat avant que la police ne perquisitionne son domicile. Lors de sa garde à vue de 48h, elle livre des détails sur la personnalité et la vie de Bertrand. Elle confie aux policiers que «Bertrand ne comprenait pas pourquoi sa mère et elle étaient encore dans la religion catholique», mais ne «peut imaginer qu'il ait pu mener une attaque terroriste».

    «Il pratiquait sa religion en faisant ses prières dans la chambre de mon fils, mais hormis son changement vestimentaire (il s'habillait en djellaba, ndlr), il était comme d'habitude», déclare-t-elle, en rappelant que son frère a même travaillé quelques temps en 2013 comme livreur pour le quotidien local La Nouvelle République. Elle ajoute:

    «En plus on avait déjà parlé de ceux qui se battent, les combattants de Daech, et Bertrand m'avait dit que ces personnes n'étaient pas de vrais musulmans et que l'islam était une religion de paix.»

    Depuis, Eunice Nzohabonayo est aussi persuadée qu'il existe un autre scénario. Sans pouvoir le prouver, elle assure qu'un gamin du quartier a également vu son frère «emmené de force au commissariat par la police». Dans le quartier, tous les commerçants que nous avons interrogés assurent «ne rien avoir vu ou entendu ce jour-là».

    La piste islamiste maintenue par le parquet de Paris

    Le procureur de Tours a en tout cas estimé que ces contradictions n'avaient pas lieu d'être relevées. «L'ensemble des témoignages recueillis, émanant tant des policiers que de tiers, présents au commissariat ou à ses abords, pendant ou immédiatement après les faits, sont concordants pour confirmer ce déroulement des faits (celui avancé par les autorités, ndlr)», écrit-il le 30 juin dernier dans une lettre adressée à la famille Nzohabonayo.

    Joint par BuzzFeed, le parquet antiterroriste ne souhaite pas s'exprimer sur «cette enquête en cours». Le matériel informatique retrouvé chez Bertrand contenait-il des documents liés au terrorisme? Maintiennent-ils la version selon laquelle l'individu a crié «Allahou Akbar» en attaquant les policiers? Nous n'aurons aucune réponse.

    Quelques jours après les attentats, deux éléments ont conforté la piste terroriste: lorsque la revue Inspire d’Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA) a rendu hommage à Bertrand Nzohabonayo dans numéro 13. Et quand son nom avait aussi été récupéré (mais pas revendiqué) par la revue de Daech, dans le 6e numéro de «Dabiq».

    En octobre dernier, le parquet de Paris avait bien interpellé quatre jeunes dans le cadre de cette enquête. Mais après avoir passé deux jours en garde à vue, ces anciens amis de Bertrand Nzohabonayo ont toutefois été relâchés sans poursuite judiciaire engagée. Et à ce jour, aucun réseau islamiste n'a pu être rattaché à cette attaque de Joué-lès-Tours.

    Si cette première attaque semble aujourd'hui bien loin de l'attention médiatique, Ghyslain Védeux et la famille de Bertrand Nzohabonayo ne cessent depuis un an de demander qu'un juge d'instruction indépendant soit nommé pour «laver l'honneur d'un homme qui est présenté comme terroriste par tous les médias et les politiques». À moins qu'on ne sache «certainement jamais ce qui s’est passé dans la tête de "Bilal"», comme le suppose la journaliste Doan Bui de L'Obs, qui ajoute:

    «Qu’importe. Le nom de Bertrand Nzohabonayo a déjà rejoint le panthéon des "martyrs" de l’EI.»