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    Roms: Cécile Duflot prouve que François Hollande a menti

    Dans un livre, François Hollande revient sur une passe d'armes entre Valls et Duflot à propos des Roms et laisse penser qu'elle était influencée par son ex-compagnon. L'ancienne ministre se défend auprès de BuzzFeed News.


    Mise à jour le 6 octobre au bas de l'article avec la preuve apportée par Cécile Duflot à L'Obs.


    De Lorient — Dans Conversations privées avec le président (Albin Michel) des journalistes Karim Rissouli et Antonin André, le président François Hollande livre de nombreuses confidences et revient notamment sur un épisode entre Cécile Duflot et Manuel Valls.

    En septembre 2013, alors ministre de l'Intérieur, Manuel Valls légitime le «démantèlement des camps» et les «reconduites à la frontières» de la population rom et ajoute:

    «Les Roms ont vocation à revenir en Roumanie ou en Bulgarie.»

    Encore ministre du Logement, Cécile Duflot avait après ces propos accusé le ministre de l'Intérieur d'être allé «au-delà de ce qui met en danger le pacte républicain». Et interpellait directement François Hollande en appelant notamment à «la responsabilité du président de la République». Une vive polémique avait alors éclaté et la présence des écologistes au sein du gouvernement avait été questionnée sans que jamais Hollande ne décide de livrer publiquement sa position.

    Duflot influencée par son ex-compagnon selon Hollande

    Dans le livre confession paru il y a quelques jours, Hollande confirme que «la majorité (des Roms) a vocation à un moment ou à un autre à rentrer là où elle doit vivre», mais récuse l'idée de Valls selon laquelle «par culture, une population n'aurait du tout de possibilité d'intégration».

    Mais le président livre aussi son interprétation sur l'interpellation médiatique de Cécile Duflot qui exigeait de lui une «clarification»:

    «Duflot se rend compte qu'elle a commis une transgression. Une part de l'explication, c'est qu'elle vit avec le frère de Bertrand Cantat... (Xavier Cantat, qui a accusé sur Twitter Manuel Valls de tenir des propos racistes) C'est le côté humain, cela a compté. Elle ne m'en a jamais parlé, mais il y a suffisamment d'indices pour qu'on puisse comprendre que c'est pour elle une pression psychologique assez forte. Il envoie des tweets sur le sujet, ils vivent ensemble. Il a dû lui dire: "Il faut que tu réagisses, sinon je vais le faire." Je ne connais pas leur vie, je ne peux pas me permettre de rentrer dans leur intimité, mais sans doute cela a joué.»

    En plus d'expliquer que Cécile Duflot a réagi après avoir été influencée par son ex-compagnon, François Hollande assure avoir reçu quelques jours plus tard une lettre de sa ministre du Logement dans laquelle elle semblait regretter ses propos:

    «Ce qui me revient, c'est qu'elle est consciente d'avoir été trop loin. Dans les jours qui suivent, elle m'envoie une lettre. Elle a franchi la ligne. Elle le sait. Elle est en demande de trouver une issue qui permette de sortir —pas du gouvernement mais de cette épreuve. Je ne lui réponds pas. J'attends le Conseil des ministres suivant.»

    Des propos «sexistes» selon Cécile Duflot

    Interrogée par BuzzFeed News à l'université d'été d'EELV, Cécile Duflot évoque une attaque sexiste tout en précisant ne «pas vouloir y répondre». «Je suis assez immunisée contre l'indélicatesse et le sexisme», se défend-elle finalement. Et d'ajouter:

    «Par ailleurs pour information, je suis quelqu'un qui écoute beaucoup les conseils, je suis vraiment une femme de dialogue, mais je ne suis pas influençable, jamais.»

    Sur la lettre, «Hollande ment»

    S'agissant du ton de la lettre que Cécile Duflot a envoyé au président, l'actuelle candidate à la primaire écolo dénonce un mensonge. «François Hollande ment. D'ailleurs cette lettre est manuscrite, il n'existe qu'une seule copie car je ne voulais pas qu'elle figure sur un serveur informatique. Je m'étais interdit de la rendre publique, mais je me pose la question maintenant», menace-t-elle.

    «Je trouve ça très étonnant qu'il ait dit ça. Je n'ai pas écrit de lettre d'excuses. Au contraire, j'ai écrit une lettre d'alerte qui expliquait pourquoi je trouvais gravissime les propos de Manuel Valls et d'ailleurs je pense que l'on vit des répliques aujourd'hui».

    «C'était presque prémonitoire», conclut Cécile Duflot, faisant référence aux récentes sorties du Premier ministre soutenant les arrêtés interdisant le port du voile ou du burkini sur certaines plages de France. Contacté, l'Élysée n'a pas encore donné suite.

    Mise à jour le 6 octobre: L'Obs a publié la lettre envoyée par Cécile Duflot à François Hollande le 29 septembre 2013. Loin d'être une «lettre d'excuse» comme l'affirmait le président, «c’était une lettre de colère, et même de rupture, que Cécile Duflot a du coup décidé de rendre publique».

    «Tu ne peux pas exiger de moi l’obéissance à une ligne qui s’imprimerait, sans jamais avoir été discutée, et qui est en opposition avec le cœur de mes– nos ?– convictions», écrit notamment l'ex-ministre. Et de conclure:

    «Tu ne peux pas exiger de moi l’obéissance à une ligne qui s’imprimerait, sans jamais avoir été discutée et qui est en opposition avec le cœur de mes – nos ? – convictions.

    Cette lettre a ce but, simple et franc, de la dire sans fadeur ni chantage. J’ai résolument fait le choix depuis jeudi de n’alimenter en rien une polémique que – je le rappelle – je n’ai pas créée. La droiture m’oblige à la constance de mes positions, au fil des années. Je ne retire pas un mot à ce que j’ai dit