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    Antisémitisme en France: des journalistes marchent 60 heures avec une kippa

    Vidéo à l'appui, un journaliste israélien assurait en février qu'il était impossible pour un juif de marcher avec une kippa sans essuyer insultes et menaces antisémites. L'émission de France 2 ne fait pas le même constat.

    Dans la foulée des attentats de début janvier, le journaliste israélien Zvika Klein du site NRG avait fait l'expérience de se balader à Paris et sa banlieue pendant dix heures, pour constater l'ampleur de l'antisémitisme. Suivi d'un ami en caméra cachée et accompagné par un agent de sécurité, le journaliste livrait cette conclusion accablante: impossible de se promener sans essuyer insultes, crachats et menaces.

    Voici la vidéo visionnée plus de 5 millions de fois depuis:

    Voir cette vidéo sur YouTube

    youtube.com / Via nrg.co.il

    Face à ce constat, le journaliste tirait une conclusion dramatique et comparait Paris à une ville des territoires palestiniens:

    «Dans le Paris d'aujourd'hui, certains quartiers sont interdits aux juifs (...) C'était comme marcher dans la vieille ville de Ramallah. La majorité des femmes sont coiffées de la burqa (...) Quelques minutes de plus et on se faisait lyncher».

    Envoyé spécial a décidé de tenter l'expérience pendant 60 heures en marchant plus de 120km à Paris, mais aussi à Lyon et Strasbourg (sans vigile).

    Dans ce sujet intitulé «Est-il dangereux de porter une kippa dans la rue en France?», diffusé jeudi soir dans l'émission de France 2, les journalistes Thierry Vincent et Julien Nativel ont voulu vérifier la réalité de ce que dénonçait Zvika Klein.

    Ils disent avoir été à Paris, mais aussi en banlieue la nuit (Clichy, La Courneuve, Vénissieux...) et avoir croisé «des dizaines de groupes de jeunes» dans des quartiers difficiles.

    francetvinfo / Via francetvinfo.fr

    Mas les deux envoyés spéciaux ne tirent pas du tout les mêmes conclusions que le journaliste israélien.

    Sans bien sûr nier l'antisémitisme très présent en France –Envoyé spécial rappelle d'ailleurs que le nombres d'actes antisémites a été multiplié par deux passant de 423 en 2013 à 851 en 2014–, ils montrent dans leur reportage avoir pu discuter avec de nombreux jeunes et disent ne jamais avoir été insultés.

    A 6 minutes et trente secondes, un groupe de jeunes saluent les deux journalistes coiffés d'une Kippa. Ils expliquent qu'il n'y a aucun danger et leur proposent même de boire de l'eau ou du thé:

    Les journalistes poursuivent leur expédition dans le quartier de Barbès à Paris, où un groupe de jeunes tente de les rassurer en disant qu'ici ils «ne risquent rien»:

    Et Thierry Vincent de poser cette question:

    «En douze jours avec une Kippa, je n'ai subi ni violence, ni injure. L'antisémitisme existe, tous les chiffres le disent, mais comment une telle différence avec la vidéo de Zilva Klein est-elle possible? Qui est donc ce journaliste?».

    A l'époque de la diffusion de cette vidéo choc en février dernier, le site des Inrocks expliquait que Zvika Klein avait été porte-parole de l'armée israélienne. Et qu'il a ensuite travaillé deux ans au sein de la World Zionist Organization en tant que formateur, puis quatre ans en tant que porte-parole de World Bnei Akiva, le principal mouvement de jeunesse sioniste, qui prône également l'alyah (le retour des Juifs en Israël).

    France 2 a rencontré en Israël ce journaliste pour lui montrer la différence entre les deux vidéos. Voici sa réponse:

    «Si vous n'avez pas eu de retour négatif, je suis heureux pour vous. Mais moi, j'ai vécu le contraire et bien plus que ce que l'on voit dans la vidéo».

    Et lorsque le journaliste d'Envoyé spécial lui fait remarquer que sa vidéo pourrait être considérée comme étant «de la propagande», Zilva Klein explique:

    «Dans la pensée sioniste, il y a le retour des juifs en Israël. On a pas créé quelque chose qui n'existait pas. Je ne pense pas que les gens viennent s'installer à cause de cette vidéo».

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