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    Accusé de violences, le ministre Baylet porte plainte contre la députée Attard

    Depuis les révélations sur les accusations de violences du ministre Jean-Michel Baylet contre son ex-collaboratrice, l'Élysée choisit le silence. La députée écologiste Isabelle Attard a envoyé une lettre ouverte au président.


    Mise à jour le 28 octobre: Vendredi 28 octobre, les avocats de Jean-Michel Baylet ont annoncé que ce dernier a porté plainte en diffamation, notamment contre la députée écologiste Isabelle Attard. La plainte vise la lettre ouverte publiée le 20 octobre qui appelle à la démission du gouvernement de Jean-Michel Baylet. Elle a été co-signée par Isabelle Attard, et avait recueilli, vendredi, plus de 7300 autres signatures.

    Après nos révélations en mars dernier, le ministre n'avait toutefois pas porté plainte en diffamation contre BuzzFeed News.


    Dans une lettre ouverte adressée à François Hollande et publiée ce jeudi, la députée écologiste Isabelle Attard demande le limogeage de Jean-Michel Baylet, ministre de l'Aménagement du territoire.

    Révélée en mars dernier par BuzzFeed News, l'affaire a été relancée par l'élue du Calvados mercredi 11 octobre lorsqu'elle a directement interrogé le ministre à l'Assemblée nationale.

    «Monsieur le ministre Jean-Michel Baylet, comment osez-vous vous présenter à l’Assemblée nationale, sans être submergé par la honte?», souhaitait interroger Isabelle Attard (avant que son micro ne soit coupé), après avoir rappelé les engagements de campagne de François Hollande sur son «gouvernement exemplaire».

    «Il est encore temps de limoger ce ministre»

    Dans sa lettre ouverte adressée ce mercredi 19 octobre à François Hollande et soutenu par un collectif citoyen, la députée du Calvados revient d'abord sur les faits:

    «Sa collaboratrice était chez lui, lorsqu’il l’a "frappée, au visage, à plusieurs reprises". Il l’a enfermée chez lui, et l’a "contrainte, sous la menace de nouveaux coups, à rédiger une lettre de démission". Puis il l’a chassée, en pleine nuit, "entièrement dévêtue et pieds nus". En se présentant à la gendarmerie, elle avait un "visage tuméfié, elle était très marquée. Les pommettes gonflées, les yeux gonflés. Il y avait des hématomes: c’était bleu, gonflé. Elle avait le visage bouffi, traumatisé.»

    Elle rappelle également que le ministre n'a jamais contesté les faits, ni attaqué BuzzFeed News en diffamation. Il s'est exprimé pour la première fois ce mercredi 11 octobre et s'est défendu en affirmant qu'une instruction judiciaire avait eu lieu avant que le parquet ne classe l'affaire.

    Or, d'après nos informations et selon le témoignage de l'enquêteur de l'époque que nous avons publié lundi, cette affirmation est mensongère. Aucun juge d'instruction n'a été saisi et une transaction secrète a bien été passée pour éviter que la victime ne le poursuive. Isabelle Attard conclut:

    «Monsieur le président de la République, vous avez commis une erreur en nommant Jean-Michel Baylet ministre, alors que cette agression était de notoriété publique. Monsieur le président de la République, il est encore temps pour vous de limoger ce ministre. Sinon votre erreur deviendra une faute.»

    La défense mensongère du gouvernement

    Depuis mars, l'Élysée a systématiquement refusé de commenter cette affaire. Après la question posée par Isabelle Attard au ministre de l'Aménagement, l'Élysée, mais aussi Matignon et le ministère des Droits des femmes refusaient toujours de nous répondre.

    À l'issue du conseil des ministres mercredi 16 octobre, une journaliste d'Europe1 a interrogé le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, qui a livré une affirmation totalement fausse:

    «Il y a eu un jugement, la justice est passée. Si la justice est passée, c'est que les choses ont été jugées, donc je ne vais pas revenir dessus.»

    Interrogé par BuzzFeed News mercredi sur cette réponse erronée, l'affaire n'ayant jamais été jugée, Stéphane Le Foll n'a pas souhaité commenter. Il n'a pas non plus voulu dire si une personne accusée de violences et ayant passé une transaction pour éviter des poursuites, pouvait rester membre du gouvernement.

    Un collectif de citoyens, signataire de cette lettre, demande également la démission de Jean-Michel Baylet.