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    7 questions que l'on n'ose pas forcément poser sur les attentats

    Le chien d'assaut Diesel aurait été tué par les policiers du RAID.


    Diesel, chien malinois (c'est un mâle et non une femelle) de 7 ans au sein du Raid, a été tué lors de l'assaut des forces de l'ordre à Saint-Denis mercredi 18 novembre alors qu'il était envoyé en reconnaissance.

    Assaut de Saint-Denis: Diesel bientôt enterrée au cimetière des chiens à Asnières? https://t.co/dZc0b1GQMs

    Dans un premier temps, Le Parisien annonce qu'il a été tué par «une rafale de kalachnikov tirée par un des terroristes embusqués dans l’appartement de la rue Corbillon». «Il a fait le tour d'une première pièce, qui était dégagée. Il est donc passé dans la deuxième. Je l'ai vu s'élancer, je l'ai perdu de vue (...) et là des coups de feu retentissent et puis voilà...», ajoute son maître et policier du Raid sur RMC.

    Mais le même jour, le directeur du Raid Jean-Michel Fauvergue livre une autre explication au Figaro. «Après un long moment sans tir, on décide d'envoyer un chien pour qu'il fasse une reconnaissance des lieux. Malheureusement, Diesel, un chien d'attaque, est tué à la Brenneke (ce qui correspond à des balles de fusils de chasse ou à pompe, ndlr)», raconte-t-il.

    Mais comme nous l'expliquions dans la question précédente, aucun fusil de chasse (ou à pompe) ni même de kalachnikov, n'a été retrouvé à Saint-Denis. Contactée, la police nationale n'a pas souhaité nous répondre sur ce point. D'après les différents témoignages de policiers, il reste donc deux hypothèses: le malinois a pu être tué par le pistolet 9mm ou par un agent du Raid.

    Selon une source policière contactée par BuzzFeed et M6, le chien d'intervention aurait en tout cas été tué par une balle du RAID de marque Brenneke. Enfin, les policiers légèrement blessés dans l'assaut auraient été touchés par des tirs amis. Des impacts de balles ont été retrouvés derrière les boucliers.

    Mise à jour le 21 janvier 2016: Le parquet antiterroriste de Paris affirme jeudi 21 janvier que l'analyse des gravats est terminée et que les terroristes lors de l'assaut «n'avaient effectivement qu'un seul pistolet 9mm». Il confirme ainsi les informations du Monde et de Libération. Cela signifie-t-il que le chien Diesel a été tué par les policiers? «Nous ne pourrons pas le savoir puisqu'il n'y a pas eu d'autopsie», précise un membre du parquet à BuzzFeed.

    Mise à jour le 19 octobre 2017: «Non nous n’avons pas tué notre chien. Diesel est mort sous les balles des terroristes. Il est entré dans la première pièce mais sentant une présence humaine derrière, il a filé dans une autre, hors de notre vue et portée», affirme l'ex-patron du Raid dans une interview au Parisien. Fait nouveau, il précise que l'animal «s’est fait abattre par 4 ou 5 tirs».

    Lors de chaque assaut donné par les forces de l'ordre, des otages peuvent être victimes des échanges de tirs et être blessés ou tués involontairement par les autorités.

    Cela n'a pas été le cas lorsque les policiers ont investi le Bataclan le 13 novembre dernier. Dans différents témoignages, otages ou policiers expliquent en effet que l'assaut a été donné après que tous les otages vivants et présents dans la fosse de la salle ont été évacués. Le patron de la BRI, Christophe Molmy, livrait les détails à Libération:

    «Quand on entre, c’est une horreur, un charnier. Il y a des flaques de sang et des corps enchevêtrés. On sécurise le rez-de-chaussée en coordination avec notre deuxième colonne et avec l’appui de nos frères d'armes du Raid. On s’aperçoit que plein de gens sont en vie mais qu’ils gardaient le silence de peur d’être achevés. Même les blessés les plus graves ne laissaient échapper aucun bruit. On progresse très difficilement. On marche sur des corps, il faut parfois soulever le bouclier de tête de colonne qui pèse 80 kilos. On évacue des centaines d’otages planqués dans les placards, les faux plafonds, les toilettes, sous des morts. Mais ça prend énormément de temps, parce qu’on est obligés de faire des palpations pour vérifier qu’aucun n’est doté de gilet explosif. On avançait avec l’idée qu’un kamikaze pourrait faire le mort pour nous faire exploser avec lui.»

    Des otages sont toutefois morts lorsque les forces de l'ordre étaient présentes. La ceinture explosive du premier terroriste tué par un agent de la BAC a pu toucher des spectateurs. Même chose pour la ceinture du dernier terroriste tué par des forces du Raid et de la BRI, comme l'explique France 2. Les analyses des médecins légistes n'ont pas encore déterminé qui des victimes du Bataclan avaient été touchées par les balles des terroristes ou par les explosion des ceintures.

    Mise à jour

    D'après, les éléments obtenus par Le Monde mercredi 30 décembre, on sait maintenant qu'aucun des douze otages utilisés comme bouclier humain au Bataclan n'a été tué. «Tous ont été évacués un par un en se glissant sous le bouclier de policiers qui avançaient vers les terroristes "en chenille"», précise le quotidien.



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    Les forces de l'ordre ont donné l'assaut dans un appartement à Sant-Denis (93) le 18 novembre. Lors de cette opération où trois terroristes présumés ont été tués, le Raid a tiré plus de 5000 munitions selon le procureur de la République François Molins.

    Dans différents témoignages, Jean-Michel Fauvergue, directeur du Raid, assurait que ses hommes avaient essuyé des «tirs nourris» de la part des terroristes. Il précisait au Figaro:

    «Très rapidement nos gars sont pris dans des échanges de tirs nourris. (...) L’échange de tirs dure entre une demi-heure et trois-quarts d’heure...»

    Et ajoutait sur Europe 1:

    «Beaucoup, beaucoup de balles (ont été) tirées du côté des terroristes. Ils avaient beaucoup de munitions, beaucoup de chargeurs», ainsi que «deux à trois Kalachnikovs minimum».

    Problème: lors d'une conférence de presse tenue le 24 novembre, le procureur de la République François Molins précise qu'à ce jour «ont été découverts dans les décombres un pistolet automatique de marque Browning et de calibre 9mm et son chargeur, vide, des éclats de grenade, et deux gilets explosifs». Aucune trace donc, des armes lourdes évoquées par le patron du Raid.

    Contacté par BuzzFeed, le parquet antiterroriste ne souhaite pas commenter ce sujet tant que «l'analyse de tous les gravats n'est pas terminée». Selon plusieurs spécialistes, l’hypothèse d’une kalachnikov totalement pulvérisée par l’explosion «semble invraisemblable». Une source proche de l'enquête livre toutefois quelques explications à Libération et semble confirmer que les «tirs nourris» provenaient essentiellement des forces du Raid et de la BRI. Il explique:

    «lls (les forces de l'ordre) avaient en tête ce qui s'est passé au Bataclan quelques jours avant. Ils avaient en face des kamikazes, équipés de gilets explosifs et de grenades».

    Et Libération de conclure:

    «Dans un article publié après la conférence de presse de François Molins le 24 novembre, le Parisien évoquait l’hypothèse selon laquelle le directeur du Raid aurait «confondu avec les tirs de ses hommes». A moins, écrit encore le même journaliste, que les derniers gravats scellés non encore examinés ne permettent de trouver les armes évoquées dans les récits de l'assaut. BFM TV faisant état, selon le même article, d'une benne de débris encore à analyser».




    Dix jours après les attentats, le lundi 23 novembre dernier, une ceinture d'explosifs a été retrouvée dans une poubelle de la rue Chopin à Montrouge (92). Celle-ci pourrait appartenir au terroriste présumé et toujours en fuite Salah Abdeslam. Son portable a en effet été repéré à Montrouge vers 23h le soir des attentats et dans la ville voisine de Chatillon, le samedi vers 5h du matin.

    Alerte à la bombe, évacuation du quartier déminage en cours à Montrouge, @BFMTV @AFP @DFBee

    Une question se pose alors: si la ceinture explosive retrouvée appartenait à Salah Abdeslam, pourquoi la poubelle n'avait pas été vidée pendant dix jours?

    En réalité, la ceinture n'a pas été retrouvée dans une poubelle de la ville régulièrement vidée, mais dans une poubelle postée devant une maison abandonnée qui a par la suite été fouillée. Contactée par BuzzFeed, la mairie de Montrouge précise:

    «Cette ceinture a été retrouvée près des encombrants, dans une poubelle. Ce sont les éboueurs qui ont donné l'alerte. Elle n'a pas été vidée avant puisque le service des encombrants passe seulement le lundi à Montrouge».

    Si l'enquête doit encore éclaircir de nombreux points (qui a sorti ces encombrants, et quand par exemple), cela signifierait que la poubelle a été sortie entre les lundi 16 et 23 novembre.

    Le 15 novembre, le Figaro publie le témoignage d'un homme qui assure avoir vu les quatre terroristes du Bataclan deux heures avant le drame. A 19h35, alors qu'il boit un verre à l'extérieur du restaurant, ce témoin voit arriver une Polo noire immatriculée en Belgique. «Ils se sont garés juste devant moi alors qu'il n'y avait pas beaucoup de place. J'ai trouvé ça bizarre. Le conducteur avait du mal à tourner le volant comme s'il savait à peine conduire. Je suis allé les voir pour leur dire qu'ils étaient mal garés. Ils n'ont pas ouvert la fenêtre et m'ont regardé méchamment. On aurait cru des morts-vivants, comme s'ils étaient drogués», raconte-t-il.

    Une fois rentré chez lui, ce témoin explique avoir appris que des bombes ont explosé au Stade de France. Et ajoute qu'à 21h40, il tente à plusieurs reprises de joindre la police par téléphone «80 fois au minimum» mais sans réponse.

    Cette information a rapidement été reprise et a étonné de nombreux internautes qui n'ont pas compris comment la police avait pu être sollicitée autant de fois sans répondre. Mais quelques jours plus tard, BFMTV a de nouveau interrogé ce témoin qui a cette fois-ci nuancé sa version. A propos de ses appels de secours, BFMTV précise qu'il a en réalité été en contact avec les autorités:

    «Il est déjà 21h40, il tente à plusieurs reprises de contacter les forces de l'ordre par téléphone. Il réussit à joindre le 17 qui lui dit d'appeler le commissariat du XIème arrondissement».

    Toutefois, la saturation des numéros d'appel d'urgence a été le soir du 13 novembre une cruelle réalité. Sur Slate, Benoît dit avoir tenté «à plusieurs reprises» d'appeler le 17 alors qu'il se trouvait dans le Bataclan pendant la prise d'otages. Sans succès. «L'obsolescence du 17» a d'ailleurs été largement développée dans un article publié sur l'Obs.

    Pour la première fois en France, des terroristes ont commis des attentats-suicides à l'aide de ceintures d'explosifs portées par sept d'entre eux le soir des attentats du 13 novembre.

    L'action des trois kamikazes présents aux abords du Stade de France à Saint-Denis peut étonner. Les trois ceintures ont en effet explosé alors que personne ne se trouvait dans les rues. Seul l’un d’entre eux a fait une victime, morte soufflée par l’explosion. Le site Francetvinfo précise:

    «Ont-ils fait exploser leur bombe à l'heure prévue bien qu'ils ne soient pas parvenus à pénétrer dans l'enceinte sportive ? Ou bien ont-ils été victimes d'explosions non contrôlées ? "Le TATP (l'explosif utilisé, ndlr) est sensible aux chocs, à la chaleur et aux frictions", témoigne auprès de 20 Minutes un expert chimiste engagé dans les forces de l'ordre. Un militaire interrogé par Le Figaro complète : "Le simple fait de garder au creux d'une main fermée un détonateur peu ou mal isolé peut provoquer l'explosion."».

    Un déclenchement involontaire de la ceinture est tout à fait plausible. Lors d'un camp d'entraînement en février 2014 par exemple, un instructeur du groupe Daesh a fait détonner un engin explosif alors qu'il en démontrait l'usage. 21 djihadistes avaient été tués alors que la démonstration devait être filmée pour une vidéo de propagande.

    Hasna Aït Boulahcen, une Française de 26 ans, est morte dans l’appartement visé par l’assaut du Raid à Saint-Denis cinq jours après les attentats du 13 novembre.

    Rapidement, de nombreux articles assurent qu'Hasna Aït Boulahcen est la première femme à s'être fait exploser sur le sol français.

    Il faut attendre le 20 novembre pour que cette information soit formellement démentie. «D’après nos informations, c’est en effet un corps "intact" qui a été amené aux médecins légistes», précise Le Monde. C'est au contraire un homme qui s'est fait exploser.

    La confusion a été entretenue pendant deux jours par des sources policières tout à fait officielles. Le jour de l'assaut, le directeur du Raid Jean-Michel Fauvergue était en effet catégorique. Il assurait au Figaro:

    «La femme s'est fait sauter toute seule dans l'appartement, en espérant que la force de l'explosion nous touche. Mais l'explosion ne nous a pas touchée, en revanche le choc a fait plier des murs porteurs. L'appartement est fragilisé mais il ne s'effondre pas».


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