Peu après qu'un camion a foncé dans une foule à un marché de Noël de Berlin, tuant 12 personnes, des utilisateurs de Twitter soutenant Donald Trump ont commencé à inonder le réseau social de messages anti-Merkel et de liens vers des articles critiquant la politique de son gouvernement envers les réfugiés.
Il n'est pas surprenant que ceux qui semblent soutenir Trump critiquent Merkel après cette attaque. Mais certains experts disent aujourd'hui qu'au moins une partie du contenu servant à la croisade anti-Merkel sur Twitter provient de comptes bots et de trolls qui, après avoir soutenu Donald Trump, tentent à présent de descendre la chancelière allemande, alors que celle-ci prépare sa campagne en vue de sa réélection en 2017.
Ainsi, un célèbre compte Twitter parodiant Angela Merkel a été inondé de messages traitant la chancelière allemande d'«assassin de masse» qui «extermine le peuple allemand.»
Un compte parodiant Vladimir Poutine a également partagé des exemples de compte Twitter pro-Trump ciblant Merkel après l'attaque qui aurait été commise un terroriste tunisien, d'après les responsables allemands.
Dans les deux cas, les comptes parodiques ont pointé du doigt la Russie, qui gère une opération de désinformation en ligne bien documentée et qui emploie de vraies personnes pour s'occuper des comptes Twitter aidant à créer et à diffuser des messages en accord avec la ligne et les objectifs du Kremlin. L'opération utilise également des comptes Twitter automatisés, connus sous le nom de bots, pour aider à amplifier encore plus les messages sur Twitter.
La CIA et le FBI confirment désormais que la Russie a tenté d'interférer dans l'élection américaine au profit de Trump, et que la croisade en ligne y a contribué. (Les agences n'ont pas révélé le détail de leurs découvertes au public).
D'après des experts allemands de la propagande du Kremlin et de la désinformation en ligne, la Russie serait déjà en train d'intensifier ses attaques en Allemagne.
Simon Hegelich, politologue à l'université technique de Munich, a expliqué à Bloomberg avoir découvert dans le cadre de ses recherches que des trolls et des bots avaient tourné leur attention vers l'Allemagne.
«De nombreux signes prouvent qu'à présent, on essaie d'attaquer massivement Merkel, notamment avec des bots», explique-t-il. «De nombreux comptes, qui sont de toute évidence des bots pro-Trump, rejoignent désormais le débat anti-Merkel.»
Jakub Janda dirige le Kremlin Watch, programme de surveillance du think tank European Values qui recueille et analyse des exemples de désinformation russe en Europe et ailleurs. Récemment, il a écrit que «Merkel sera[it] la prochaine cible d'une désinformation à grande échelle et d'opérations d'influence du Kremlin et de ses mandataires.»
Jakub Janda a expliqué à BuzzFeed News ne pas croire que le trolling anti-Merkel en anglais aurait beaucoup d'effet sur le choix des Allemands lors de l'élection. Ajoutant en revanche qu'«il faut suivre cela de près et qu['il] pense que Twitter doit prendre beaucoup plus de mesures face à ce phénomène.»
Il s'attend à ce que de nouveaux organes de presse en ligne soient lancés l'année prochaine en Allemagne et commencent à diffuser du contenu anti-Merkel, voire de fausses informations.
«La majorité des attaques contre Merkel auraient du sens si elles étaient en langue allemande et issues d'organes de presse allemands plus petits. »
En fait, de fausses informations sur les immigrants commencent déjà à se répandre en Allemagne.
«Plus tôt dans l'année, des médias russes et des trolls pro-russes ont aidé à créer une hystérie en ligne en promouvant un faux article sur le viol d'une jeune Russe par un immigrant syrien, viol qui n'a jamais eu lieu», écrit Anne Applebaum, éditorialiste spécialisée dans les affaires étrangères pour le Washington Post.
Ce post a été traduit de l'anglais.