Voici ce qui arrive lorsque vous arrêtez de respirer en dormant

*commence à faire attention à chaque inspiration et à paniquer*

1. Il s'agit en fait d'un trouble courant appelé «apnée du sommeil», dont sont atteintes environ 5 à 10% de personnes adultes.

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«La façon la plus simple de définir l'apnée du sommeil est la suivante: vous vous arrêtez de respirer pendant au moins dix secondes à plus de cinq reprises en une heure pendant que vous dormez, et cela a un impact important sur votre santé générale», explique le docteur Michael Breus, psychologue clinicien et membre de l'American Academy of Sleep Medicine (Académie américaine de la médecine du sommeil) dans un entretien accordé à BuzzFeed. Elle touche plus de 18 millions d'Américains, soit environ 5 à 10% des adultes et 2 à 3% des enfants. En France, environ 4% des personnes adultes seraient atteintes d'apnée du sommeil, selon la Haute Autorité de santé en 2014.

Avant d'expliquer ce qu'est l'apnée du sommeil, penchons-nous rapidement sur le fonctionnement de la respiration. Lorsqu'on est éveillé, les muscles de la gorge s'emploient à maintenir les voies respiratoires droites et ouvertes afin que l'air puisse entrer et sortir des poumons. Lorsqu'on dort, les mêmes muscles se relâchent et la gorge se resserre. Normalement, cela ne ferme pas les voies respiratoires, mais ralentit simplement la respiration pendant le sommeil.

Cependant, durant l'apnée du sommeil, soit il y a une obstruction des voies respiratoires, soit le cerveau arrête de commander aux poumons de respirer. Le résultat? Les muscles de la gorge n'ouvrent plus les voies respiratoires, l'air ne peut plus entrer ni sortir des poumons et la respiration s'arrête (apnée).

2. Cela se produit généralement lorsque les voies respiratoires sont partiellement ou totalement obstruées.

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Il s'agit du type le plus courant, appelé apnée obstructive du sommeil. «Dans ce cas, il y a une obstruction réelle qui provoque le rétrécissement ou la fermeture de la gorge», explique Michael Breus. S'il s'agit d'une obstruction partielle, elle entraîne une respiration très superficielle, que l'on appelle «hypopnée».

En dépit des efforts du corps pour respirer, l'oxygène ne peut plus pénétrer dans le corps. Cela peut se produire en raison d'un problème anatomique, ou parce que les tissus de la gorge et de la trachée sont trop volumineux. Mais cela peut aussi arriver par hasard.

3. L'apnée obstructive du sommeil est généralement causée par un problème anatomique ou par un excédent de poids autour du cou.

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Les problèmes anatomiques peuvent être des amygdales très volumineuses ou une grosse langue qui obstruent les voies respiratoires, explique Michael Breus. Cela peut être également un excédent de tissus dans la bouche ou la gorge, la forme du palais (la paroi supérieure de la bouche), ou l'ossature de la tête et du cou. Ces différences anatomiques compliquent le travail des muscles de la gorge pour maintenir les voies respiratoires ouvertes, ou peuvent créer des obstructions lorsqu'on dort.

De plus, un IMC supérieur à 30 peut augmenter les risques d'apnée obstructive ou la gravité de celle-ci, explique Michael Breus. Selon l'Institut américain de la santé, la raison principale est que les tissus mous excédentaires rendent les parois de la trachée plus épaisses, la rendant plus étroite et plus difficile à maintenir ouverte. En outre, lorsqu'on dort, le poids supplémentaire sur le cou peut appuyer sur la gorge, ce qui l'oblige à se fermer, explique Michael Breus.

4. Cela dit, l'obésité ne provoque pas nécessairement l'apnée du sommeil, et vraiment n'importe qui peut en être atteint.

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Avoir un IMC supérieur à 30 ne signifie pas que vous allez absolument développer une apnée du sommeil; cela augmente simplement de façon significative le risque d'en être atteint-e ou aggrave la sévérité d'un problème anatomique.

«Les gens de toute corpulence peuvent souffrir d'apnée du sommeil, même les petits enfants», explique Michael Breus.

5. Le type moins courant est l'«apnée du sommeil centrale», au cours de laquelle le cerveau commande simplement aux poumons de ne plus bouger.

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L'apnée du sommeil centrale est beaucoup plus rare et grave. «Il s'agit d'un problème du système nerveux central où la partie du cerveau qui contrôle la respiration dit simplement aux poumons: "Vous n'avez pas besoin de respirer"», explique Michael Breus. L'apnée centrale est beaucoup plus difficile à traiter, dit-il, car l'origine du problème peut être multiple.

Les causes possibles comprennent les tumeurs cérébrales, la malformation de Chiari (lorsqu'une partie du cerveau se forme en dehors du crâne et pince les nerfs respiratoires), l'emphysème, ou la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO), ajoute-t-il. Avec l'âge, il peut également devenir plus difficile pour le cerveau de signaler à la gorge qu'elle doit rester rigide tout au long de la nuit. Il existe également un type appelé «apnée du sommeil mixte», qui est une combinaison des types obstructif et central.

6. Alors que se passe-t-il lorsque vous arrêtez de respirer un petit moment? Votre cerveau finit par réaliser qu'il vous manque de l'oxygène dans le corps et vous réveille pour que vous respiriez.

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Cela s'accompagne généralement d'un bruit fort de reniflement, d'étouffement ou de halètement. Cette pause dans la respiration suivie du réveil pour reprendre son souffle est appelée un «événement respiratoire», explique Michael Breus.

«Après avoir mis votre respiration en pause, votre rythme cardiaque ralentit pour ne pas diffuser tout l'oxygène trop rapidement, car maintenant, il y en a une quantité limitée dans le corps», explique-t-il. Puis le niveau d'oxygène dans le sang chute, et lorsque le sang circule dans le cerveau, ce dernier réalise que le corps manque d'oxygène, alors il augmente votre rythme cardiaque pour que vous vous réveilliez et respiriez à nouveau, explique-t-il. Tout ce phénomène porte le nom d'«événement respiratoire».

7. Ces «événements respiratoires» peuvent se produire de 5 à plus de 30 fois par heure.

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«Pour répondre aux critères d'apnée du sommeil, les pauses respiratoires doivent se produire au moins cinq fois par heure pour les adultes, et au moins une fois par heure pour les enfants», explique Michael Breus. L'apnée du sommeil peut varier de légère à grave en fonction de la fréquence des pauses. «5 à 15 fois par heure est considéré comme une apnée légère, 15 à 30 fois est une apnée modérée, et 30 fois ou plus est une apnée grave», dit-il.

«Le cas le plus grave que j'aie vu était 200 fois par heure, ce qui était tellement fréquent que le patient dormait à peine dix secondes d'affilée avant d'arrêter de respirer», raconte-t-il. Cela dit, une apnée du sommeil aussi grave est loin d'être la norme.

8. L'alcool, les somnifères et les relaxants musculaires peuvent tous aggraver l'apnée du sommeil.

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«Tout ce qui peut relaxer vos muscles peut aggraver l'apnée du sommeil, car cela aide les muscles de la gorge à s'affaisser et à boucher les voies respiratoires», explique Michael Breus. Cela inclut également certains anxiolytiques tels que les benzodiazépines, et même certains somnifères —ce qui est un gros problème.

«Quelqu'un qui ne sait pas que sa fatigue durant la journée est due à l'apnée du sommeil pourra prendre des somnifères pour mieux dormir, et sans le savoir, aggravera son apnée de façon significative et créera un cercle vicieux», dit Michael Breus. D'autres facteurs pouvant aggraver l'apnée sont l'asthme et le fait de fumer, qui augmentent les risques d'autres troubles respiratoires.

9. Évidemment, tous ces réveils pour respirer empêchent de tomber dans un sommeil profond et réparateur.

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«Le sommeil se déroule dans un ordre de phases précis pour former un cycle de sommeil complet, tout comme les pas dans une danse», dit Michael Breus. Un cycle de sommeil de 90 minutes est constitué de cinq phases: le stade I (somnolence), le stade II (sommeil léger), les stades III et IV (sommeil profond) et le sommeil paradoxal (les rêves).

Les événements respiratoires chamboulent totalement ce cycle du sommeil. «Si toutes les dix minutes, vous vous arrêtez de respirer et que votre corps se réveille pour reprendre son souffle, cela vous empêche de suivre le déroulement des phases de sommeil, et vous devez repartir de la première phase à chaque fois», dit Michael Breus. En conséquence, les personnes souffrant d'apnée du sommeil entrent rarement dans les stades III et IV ou le sommeil paradoxal, qui sont les phases les plus profondes et les plus réparatrices.

10. Le symptôme principal de l'apnée du sommeil est donc l'épuisement et la fatigue intense au cours de la journée.

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Si une personne n'entre jamais complètement dans les phases de sommeil profond, elle se réveillera le lendemain matin épuisée physiquement et mentalement, explique Michael Breus. Même si une personne souffrant d'apnée du sommeil dort douze heures, elle pourra tout de même se sentir en manque de sommeil le lendemain, car son sommeil était plus de l'ordre du repos superficiel que du sommeil profond et réparateur.

11. Oh, et en plus, vous ne vous souviendrez probablement pas de votre apnée du sommeil.

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En effet, même si l'apnée du sommeil paraît traumatisante, ces brèves suffocations se produisent généralement trop rapidement pour que l'on s'en souvienne. Et lorsque le corps se réveille pour respirer, seul le corps se réveille totalement, pas le cerveau.

«Vous devez en fait rester éveillé-e 30 bonnes secondes pour prendre conscience que vous êtes réveillé-e, mais le corps replonge immédiatement dans le sommeil après s'être réveillé pour respirer», explique Michael Breus. De ce fait, les personnes souffrant d'apnée du sommeil ne se rappellent pas qu'elles se sont arrêtées de respirer, même si cela se produit tout au long de la nuit.

12. Vous ne savez donc probablement pas que vous en êtes atteint-e jusqu'à ce qu'un-e partenaire de chambre vous le signale.

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Vous vous souvenez de ce bruit fort d'étouffement ou de toux que nous avons évoqué plus haut? Eh bien, si une personne partage votre lit, ce bruit a de grandes chances de le/la réveiller. «Les gens viennent se plaindre que leur partenaire ronflait comme une locomotive puis s'est arrêté-e de respirer et on aurait dit qu'il/elle était en train de mourir —ça fait très peur», raconte Michael Breus. C'est donc souvent non pas la personne souffrant d'apnée, mais quiconque dort avec elle, qui remarque le problème.

Si vous dormez seul-e, cela peut être un gros problème, dit-il. «Les gens sont très frustrés parce qu'ils sont exténués et ne se doutent absolument pas que cela est dû à l'apnée du sommeil, alors ils essaient de nouveaux matelas ou des somnifères mais rien de cela ne fonctionne», dit-il. Parmi les autres symptômes se trouvent la fatigue, les maux de tête et la difficulté de se concentrer après le réveil. Si c'est votre cas, vous devriez en parler avec votre médecin.

13. Une apnée du sommeil non traitée peut avoir des effets à long terme sur la santé tels que l'hypertension, les accidents vasculaires cérébraux et la prise de poids.

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«L'alternance répétée de ralentissements et d'accélérations met le cœur à rude épreuve, ce qui peut entraîner l'hypertension réfractaire, une forme d'hypertension que l'on ne peut pas traiter avec des médicaments», explique Michael Breus. De même, les événements respiratoires peuvent augmenter les risques d'accident vasculaire cérébral, d'arythmie (battements du cœur irréguliers), de crise cardiaque et même de mort. «Si vous souffrez déjà de graves problèmes cardiaques, l'apnée du sommeil peut conduire à un infarctus fatal durant le sommeil», explique Michael Breus.

Tout comme l'obésité peut aggraver l'apnée du sommeil, l'inverse peut également se produire. Si une personne souffre d'apnée du sommeil, cela peut modifier la façon dont son corps dépense l'énergie. L'épuisement durant la journée dû à l'apnée peut entraver la pratique sportive ou l'alimentation saine, créant un mode de vie déséquilibré conduisant à l'obésité.

14. Pour pouvoir être diagnostiqué-e, vous devez généralement faire un examen du sommeil.

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L'apnée du sommeil est généralement diagnostiquée en reconnaissant les symptômes ainsi qu'en examinant le comportement de sommeil de la personne au cours d'un examen du sommeil. «En général, nous recherchons les symptômes tels que la fatigue, l'irritabilité ou les maux de tête au réveil, puis nous envoyons les patients dans un laboratoire du sommeil pour voir si cela est dû à l'apnée», explique Michael Breus.

En quoi consiste un examen du sommeil? Il s'agit d'un examen non invasif qui implique que vous passiez une nuit (confortablement) dans un laboratoire afin que les médecins puissent surveiller l'activité de votre corps et de votre cerveau durant votre sommeil et relever tout problème. Ils font un électroencéphalogramme pour surveiller l'activité cérébrale, et mesurent également des variables comme le niveau d'oxygène dans le sang, le rythme cardiaque et les ronflements. Il s'agit donc d'un test très fiable pour déceler l'apnée du sommeil.

15. Le traitement le plus courant est la ventilation en pression positive continue, mais certaines personnes optent pour la chirurgie ou les appareils dentaires.

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L'appareil de ventilation en pression positive continue est grosso modo un masque qui insuffle l'air provenant de votre chambre dans votre gorge pour empêcher les voies respiratoires de se refermer. «C'est la référence en matière de traitement et il fonctionne environ 95% du temps... mais le problème est que seulement 50% environ des gens le tolèrent», dit Michael Breus. Bien sûr, porter un grand masque pour dormir peut sembler inconfortable, mais il faut un temps d'adaptation pour tout, non? «Une fois que les gens sont habitués à l'appareil, ils ne peuvent plus dormir sans lui», dit-il.

Parmi les autres traitements de l'apnée obstructive, il y a les «orthèses d'avancée mandibulaire». Ce sont des dispositifs ressemblant à des appareils dentaires qui déplacent la mâchoire inférieure légèrement en avant pour maintenir les voies respiratoires ouvertes toute la nuit. La chirurgie est une autre option, explique Michael Breus, mais à moins qu'il y ait une obstruction explicite à corriger ou à enlever, l'efficacité de la procédure est limitée. Perdre du poids peut faire partie du traitement de l'apnée du sommeil, mais ce n'est généralement pas la seule solution, vu que l'obésité est un facteur de risque et non une cause directe.

«Le traitement de la forme la moins courante, l'apnée centrale, est très difficile car il faut essentiellement apprendre au cerveau à mieux respirer», explique Michael Breus.

Alors ne paniquez pas... mais si vous avez l'un ou l'autre de ces symptômes de l'apnée du sommeil, vous devriez en parler à votre médecin ou envisager un examen du sommeil!

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L'apnée du sommeil est un trouble courant, donc ne vous inquiétez pas si vous pensez en être atteint-e. Un médecin spécialisé dans le sommeil peut vous aider à étudier les différents traitements possibles pour retrouver un sommeil paisible et avoir plus d'énergie pendant la journée!

Dormez bien!