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    Manifestation tendue à Paris: un manifestant sérieusement blessé hospitalisé

    Un homme qui semblait inconscient a été pris en charge par les pompiers. Il aurait reçu un projectile dans le dos selon plusieurs témoins. Le préfet de police de Paris a annoncé qu'il n'y avait «pas d'inquiétude pour son avenir».


    De nombreux incidents ont émaillé la manifestation contre la loi Travail qui s'est tenue à Paris, ce mardi 14 juin. Entre 75.000 et 80.000 personnes se sont rassemblées dans les rues de la capitale entre place d'Italie et les Invalides, selon la police, contre un million pour les trois syndicats organisateurs FO, CGT et Solidaires.

    Les tensions se sont particulièrement crispées lorsqu’une partie du cortège a atteint l’angle du boulevard Raspail et du boulevard Montparnasse. Nous avons pu voir sur place un blessé visiblement inconscient après avoir été touché par un projectile. Un autre avec une plaie dans le dos.

    «La bombe lacrymo était enfoncée dans son dos»

    D'après plusieurs témoins interrogés par BuzzFeed News, il s'agissait, pour le premier, d'une grenade lacrymogène ou de désencerclement lancée par les forces de l'ordre. Un autre, aussi sur place, a toutefois précisé «qu'il pourrait s'agir d'une fusée lancée par un manifestant». Un journaliste du Monde parle également d'un homme blessé «dans le dos par une fusée».

    Selon Libération toutefois, le manifestant suisse touché mardi aurait été victime d’un engin artisanal tiré depuis les rangs des manifestants, et non des forces de l’ordre. Ce que semble également montrer la vidéo que nous avons pu nous procurer.

    Un journaliste de LCP, Thibault Le Floch, présent sur place, précise toutefois qu'il est «sûr à 100%» que «ce n'était ni une grenade de désencerclement, ni une fusée». D'après son témoignage, cela pourrait être davantage une grenade lacrymogène:

    «Au moment de l'impact, une véritable colonne de fumée s'est échappée de l'engin (avec un bruit de souffle que je n'avais pas entendu avant). La fumée que l'on voit ensuite est un mélange de résidus de fumée de l'engin et des vêtements du blessé qui ont immédiatement commencé à brûler (j'ai distinctement pu voir le trou dans ses vêtements, en dessous de la nuque).

    J'ai vu que son état était grave et qu'il était inconscient dès l'impact, il n'a eu aucun reflex pour mettre ses mains en tombant.»

    «Ensuite, il y a eu un attroupement autour de lui. Les policiers, se demandant ce qu'il se passait, ont ensuite tiré des palets de lacrymo sur le groupe», poursuit-il. Sur sa vidéo prise ci dessous, on distingue en effet de la fumée se dégager de la victime.

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    Le journaliste indépendant Nnoman du Collectif OEIL a également filmé la scène qui montre les policiers lancer des gaz lacrymogène et frapper des manifestants et un journaliste alors que la personne est à terre.

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    Sur cette autre vidéo ci-dessous, ce manifestant blessé ainsi que l'autre sont pris en charge par les pompiers arrivés sur place vers 15h. Un camion du Samu a également été appelé en renfort.

    Plusieurs blessés bvd Raspail, un semble dans un état plus grave après grenade de la police #manif14juin

    Un photographe présent sur place a également assisté à la scène et raconte aussi à L'Obs que le manifestant, qui semble être âgé d'une quarantaine d'années, se serait pris «une grosse bombe lacrymo dans le dos» alors qu'il se tenait «debout au milieu de la rue, seul, quand les forces de l'ordre ont tiré».

    Le manifestant serait tombé sur le sol inanimé. «La bombe lacrymo était enfoncée dans son dos, elle a fait un trou de 5 centimètres de diamètre (sur son t-shirt, ndlr). (...) Elle a continué à se consumer et à faire de la fumée, elle a fait fondre son t-shirt», ajoute-t-il.

    L'IGPN ouvre une enquête

    Contactée par BuzzFeed News, Laurine 24 ans, dit avoir filmé la scène depuis son balcon. «Il y a eu des affrontements avec la police, puis c'était plus calme. J'ai vu un projectile lancé, puis de la fumée et un homme tomber à terre. On le voit un peu dans la vidéo, mais j'étais loin. Dès que j'ai vu le projectile, j'ai eu peur et j'ai lâché mon téléphone», témoigne-t-elle.

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    Sur ces deux photos, les pompiers soignent les deux blessés. Le premier a reçu un coup à la tête (une matraque télescopique d'un policier selon les témoins).

    La seconde personne (photo ci-dessous) est celle qui a reçu le projectile au dos. D'après un autre cliché que nous avons pu nous procurer, il avait une plaie ouverte assez importante.

    Contactés, ni la préfecture ni le ministère de l'Intérieur n'ont donné suite. L'AP-HP n'est pas encore en mesure de nous donner des précisions. Le préfet de police de Paris a confirmé ce mercredi après-midi que l'état du blessé touché au dos est «sans inquiétude pour l'avenir et sans conséquence lourde».

    Le blessé a été touché «par un projectile que je ne peux pas qualifier qui a touché la colonne vertébrale sans atteindre la moelle épinière», a-t-il ajouté. L'IGPN a ouvert une enquête, mais Michel Cadot dit «qu'apparemment, il n'y avait pas la moindre présence des forces de l'ordre à proximité». Les vidéos montrent toutefois l'inverse.

    Une trentaine de manifestants admis à Cochin

    Dans un communiqué, la préfecture de police de Paris affirme que 17 manifestants et 29 policiers ont été blessés, tandis que 58 personnes ont été interpellées. «Un des
    manifestants est en cours d’opération mais son état n’inspire pas d’inquiétude majeure», ajoutait-elle.

    Lors d'une conférence de presse tenue ce mercredi, le préfet a annoncé 28 policiers blessés (sans gravité, a-t-il précisé). Onze manifestants ont été blessés dont sept ont été admis à l'hôpital.

    L'hôpital Cochin, situé non loin du boulevard Montparnasse, affirme à BuzzFeed News qu'une trentaine de manifestants sont actuellement pris en charge dans l'établissement. «Ils sont sous surveillance et sont tous dans un état normal», dit l'un des membres du service des urgences à BuzzFeed News. L'hôpital européen George-Pompidou explique pour sa part ne pas avoir reçu de manifestants dans l'après-midi.

    À noter que l'hôpital Necker-Enfants malades a été vandalisé en marge de cette manifestation. L'Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP) a annoncé vouloir porter plainte sur Twitter.

    🔴URGENT MANIF PARIS L’hôpital Necker-Enfants malades (15ème) vandalisé par des casseurs. L’AP-HP porte plainte


    #Manif14Juin Inadmissible attaque contre l’hôpital public @hopital_necker. 15 baies vitrées cassées. L'#APHP porte plainte.

    Mise à jour le 15 juin à 11h: Ajout de deux nouveaux témoignages et deux nouvelles vidéos.

    Mise à jour le 17 juin: Ajout des informations de Libération et d'un ralenti vidéo de BuzzFeed News