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    Festival de sexisme à l'occasion du «PenelopeGate»

    Que cela vienne de François Fillon, de ses soutiens ou de ses adversaires, c'est un festival de sexisme depuis les révélations du Canard enchaîné. Démonstration en six points.

    Depuis une semaine, les révélations du Canard enchaîné sur Penelope Fillon, soupçonnée d'avoir bénéficié d'emplois fictifs, occupent l'espace médiatico-politique français. Sur les plateaux de télévision, sur Twitter, ou ailleurs, on assiste depuis le 25 janvier à une pluie de déclarations sexistes ou misogynes pour défendre ou accabler le couple Fillon. On vous a listé les six techniques utilisées par les politiques pour commenter cette affaire.

    1. Invoquer le féminisme pour détourner l'attention

    C'était lors de la première prise de parole de François Fillon. Le jour de la publication du Canard enchaîné le 25 janvier qui révélait notamment que Penelope Fillon a été payée pendant 8 ans comme attachée parlementaire de son époux, le candidat à l'élection présidentielle était en déplacement à Bordeaux aux côtés d'Alain Juppé.

    Après avoir déclaré qu'il ne souhaitait pas «faire de commentaire parce qu'il n'y a rien à commenter», François Fillon a pointé du doigt la «misogynie» de l'article du «palmipède».

    «Je voudrais simplement dire que je suis scandalisé par le mépris et par la misogynie de cet article. Parce que c'est mon épouse, elle n'aurait pas le droit de travailler? Imaginez qu'un homme politique dise d'une femme, comme le fait ce article, qu'elle ne sait faire que des confitures. Toutes les féministes hurleraient.»


    2. Rémunérer davantage son fils que sa fille pour le même poste.

    Invité au JT de TF1 le 26 janvier, au lendemain des premières révélations de ce qu'on appelle désormais le «PenelopeGate», François Fillon a expliqué qu'il a aussi travaillé avec ses enfants dans le passé:

    «Lorsque j'étais sénateur, il m'est arrivé de rémunérer pour des missions précises deux de mes enfants qui étaient avocats en raison de leur compétence.»

    Dans son édition du 1er février, Le Canard enchaîné poursuit ses révélations sur Fillon et révèle les rémunérations que l'ex-Premier ministre a versées à ses deux enfants, qui contrairement à ce qu'il a affirmé n'étaient pas encore avocats.

    On apprend ainsi que sa fille Marie a été embauchée comme «assistante de sénateur» du 1er octobre 2015 au 31 décembre 2016 pour un salaire de 3773 euros brut mensuels. Le 1er janvier 2017, son fils Charles prend sa place pour un salaire de...4846 euros brut, «soit 27% de plus que sa sœur aînée» note Le Canard.



    3. Vouloir défendre son honneur mais zapper celui de la principale intéressée.

    Le jour de la première révélation du «PenelopeGate», le parquet national financier a très vite ouvert une enquête préliminaire pour «détournement de fonds publics, abus de biens sociaux et recel de ces délits». François Fillon s'est alors fendu d'un communiqué publié sur Twitter pour réagir à cette information:

    Ceux qui ont pensé m’atteindre doivent être certains de ma détermination.

    «Je me battrai pour que triomphe la vérité et pour défendre mon honneur», lit-on. Mais aucune mention de l'honneur de Penelope Fillon, qui est pourtant au cœur de cette affaire.

    Pour le moment, seul le parquet national financier a entendu Penelope Fillon, et c'est François Fillon, seul, qui parle d'elle dans ses meetings ou dans les médias. Présente à ses côtés lors de son meeting à La Villette dimanche 29 janvier, elle n'a pas pris une seule fois publiquement la parole.


    4. Parler de tartes aux pommes...

    De nombreux soutiens du candidat à l'élection présidentielle ont fait le tour des médias pour défendre leur chouchou. Certains ont alors bizarrement décidé de mettre en avant des arguments sexistes pour défendre Penelope Fillon. C'est par exemple le cas d'un des principaux lieutenants de François Fillon, Bruno Retailleau, qui parle de... tartes aux pommes...

    «Ce qui est incroyable, c'est que parce que c'est une femme, il faudrait peut-être la cantonner comme j'ai lu dans cet article à la confection de confitures ou alors de tartes aux pommes», a dit le coordinateur de la campagne de François Fillon sur LCI.

    Le président du Sénat, Gérard Larcher, est également monté au créneau pour défendre celui qu'il a soutenu pendant la primaire de la droite. Pour défendre Fillon, Larcher s'est félicité de la parité hommes-femmes sur Europe 1 le 29 janvier:

    «Un collaborateur parlementaire -c'est d'ailleurs le motif de fierté chez nous- [gagne] en moyenne 3250 euros brut pour les femmes et moins de 3000 euros pour les hommes. Ça doit être un des rares cas où les femmes sont mieux traitées que les hommes!»


    5. ... ou dire que la femme doit gérer le ménage.

    La palme revient à Jean-Pierre Door, député LR, qui prend l'exemple de sa compagne pour défendre Penelope Fillon:

    «Sur le terrain, j'ai besoin de quelqu'un qui s'occupe de la gestion de la permanence, d'avoir un carnet de chèques, de pouvoir régler les travaux, le ménage.»


    6. Vouloir enfoncer un adversaire politique en révélant involontairement l'écart de salaire entre son assistant et son assistante.

    L'ex-candidat à la primaire à gauche, François de Rugy, a voulu troller François Fillon mais il s'est bien planté. Sur Twitter, il a publié (les tweets ont été supprimés depuis) les fiches de paie de deux de ses collaborateurs accompagnées de cette légende: «Ce soir avant de quitter le bureau, je signe les fiches de paye de deux de mes collaborateurs parlementaires. #PenelopeGate».

    Comme l'ont noté certains internautes, on constate surtout que la femme (on sait que c'est une femme à cause du numéro de Sécurité sociale qui commence par un "2") est moins payée que l'homme, et ce malgré un plus grand nombre d'heures travaillées...

    @FdeRugy A vous de trouver les différences entre l'assistante et l'assistant de ce député (sans les numéros INSEE)… https://t.co/bXNnMYsgyO

    Contacté par le Lab d'Europe 1, François de Rugy a reconnu une «maladresse», et que l'écart entre les deux personnes s'explique par le fait qu' «il y a une personne qui fait un travail plutôt de secrétariat, qui s'occupe de la gestion de l'agenda, des déplacements, etc., quand l'autre fait un travail législatif, de rédaction de propositions de loi et d'amendements.»