Le président du Parti chrétien-démocrate, Jean-Frédéric Poisson, était invité sur iTELE lundi 17 octobre pour réagir au défilé de La Manif pour tous qui s'est déroulée dimanche.
Présent dans le cortège hier, il est le seul parmi les sept candidats à la primaire de la droite à vouloir abroger la loi Taubira.
Il a notamment réagi aux propos d'Arnaud Gauthier-Fawas, délégué de l'inter-LGBT en charge de l'international, qui a qualifié l'organisation d'«homophobe, xénophobe et anti-féministe». Voici ce que Jean-Frédéric Poisson a répondu:
«J'étais dans la rue hier avec des manifestants qui étaient sympathiques, ça s'est fait dans la douceur, tranquillement, y a aucune espèce de xénophobie, ni d'homophobie dans ce mouvement comme le militant que je viens d'entendre peut le dire.»
Il déclare donc qu'au sein de La Manif pour tous, il n'y a pas eu de «xénophobie, ni d'homophobie». Pourtant, il suffit de revenir quelques mois en arrière pour constater que plusieurs dérapages homophobes s'étaient invités en marge et dans les défilés.
Le tumblr «Manif pas homophobe mais» avait par exemple recensé en 2013 toutes les affiches et déclarations homophobes publiées à cette époque.
Comme cette affiche.
Ou celle-ci.
Ou cette vidéo qui compile les déclarations d'anti-mariages pour tous lors de la manifestation du 13 janvier 2013. «Ce n'est pas naturel», dit l'une des manifestantes. «L'État n'a pas à participer à la normalisation de l'homosexualité», dit un homme. «Dans la Bible, il est dit que c'est une abomination», explique encore un autre manifestant.
Ou ce message retweeté par le compte de La Manif pour tous du département du Finistère.
Autre exemple, Tugdual Derville, le représentant de l'association Alliance Vita, et porte-parole de La manif pour tous, faisait un parallèle entre les couples homosexuels et les couples de personnes en situation de handicap mental.
Par ailleurs, en 2012, une vidéo diffusée dans Le Petit Journal montrait une militante de cette association qualifier l'homosexualité de «contre-nature».
«Je n'ai rien contre les homosexuels, on les aime, mais c'est contre-nature», dit-elle. Elle parle ensuite de l'homosexualité comme «d'une souffrance», de «guérison», affirme que c'est «contre-nature». Elle dit de la société actuelle que «c'est la décadence», et que «la colère de Dieu va s'abattre sur la France».
Frigide Barjot, première porte-parole de La Manif pour tous, admettait elle-même qu'il y avait eu de l'homophobie dans le mouvement.
En 2014, elle était revenue sur les manifestations en affirmant «regretter la violence» engendrée par le mouvement contre le mariage gay. Puis ajoutait: «Il n'y avait pas de problème d'homophobie au début, c'est venu ensuite par manipulation politique […]». La réalité pour laquelle nous nous étions mobilisés n'était pas le couple homosexuel mais ce que cachait la loi.»
Christine Boutin, ex-présidente du Parti chrétien-démocrate qui a défilé aux côtés de La Manif pour tous, a été condamnée pour avoir déclaré en 2014 que «l'homosexualité est une abomination».
On peut également s'interroger sur les propos de Jean-Frédéric Poisson qui disent qu'il n'y a «aucune espèce de xénophobie» dans le mouvement lorsque l'on voit que Robert Ménard était présent dans le cortège dimanche.
Le maire de Béziers a par exemple, la semaine dernière, indigné l'opinion publique avec sa campagne d'affichage anti-migrants. Une campagne jugée xénophobe selon la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme et l'antisémitisme (Dilcra) qui a saisi la justice la semaine dernière.
On retrouve d'ailleurs la même obsession pour les migrants ou encore les musulmans dans son Journal de Béziers.