120 Battements par minute, de Robin Campillo, est peut-être le film qui a le plus ému la Croisette lors de sa présentation en compétition au festival de Cannes 2017. Il raconte les débuts d'Act Up-Paris, association militante de lutte contre le sida, au début des années 1990. On y suit les actions et les assemblées générales de l'association, mais aussi les relations fraternelles et parfois amoureuses des militants. Au cœur du film, la relation entre Sean (Nahuel Pérez Biscayart), séropositif, et Nathan (Arnaud Valois), séronégatif et nouveau membre de l'association.
L'amour naissant des deux jeunes hommes est officialisé par une scène de sexe très longue, après une sortie en boîte qui finit dans l'appartement de Sean. Dans la pénombre, les deux hommes se découvrent, s'embrassent, se font une fellation avec capote, et couchent ensemble. Érotique, touchante, et très poétique, cette scène s'étire sur de longues minutes où, entre deux ébats, Sean et Nathan se racontent leur enfance, leurs premiers amours... Les images sensuelles des deux hommes venant se superposer aux dialogues typiques d'une première nuit amoureuse.
Plus tard dans le film, Sean doit être hospitalisé. Lorsque Nathan se rend à son chevet, la tendresse entre eux évolue progressivement vers le désir, et Nathan se met à masturber Sean, toujours dans son lit d'hôpital, jusqu'à l'orgasme. Encore une fois, la scène dure assez longtemps, et elle aussi vraie que bouleversante. La peur et la tristesse de Sean et Nathan sont exorcisées dans ce moment puissant et surprenant, qui finit par faire retomber la tension.
120 Battements par minute montre non seulement des scènes de sexe entre deux hommes, mais il en offre surtout une représentation à la fois tendre et explicite –n'oublions pas que le film gay le plus mainstream de l'Histoire, Brokeback Mountain, ne contient aucune scène de sexe explicite entre les deux personnages principaux, le sexe étant toujours suggéré plutôt que montré, à l'exception d'une scène où les deux hommes sont entièrement habillés, et où la caméra reste sur leurs visages.120 Battements par minute, lui, embrasse pleinement la beauté et la trivialité du sexe, des corps nus entrelacés aux longs gémissements en passant par les petites flaques de sperme. Et le résultat, ce sont des scènes de sexe sublimes et bouleversantes dont le cinéma a bien besoin.
120 Battements par minute, de Robin Campillo, sort en salles le 23 août.
