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    Quand les fans de Harry Potter ne savent plus quoi penser de leur saga préférée

    Le monde de Harry Potter n'arrête pas de grandir. Mais alors que la franchise a du mal à vivre avec son temps et à être à la hauteur des fondements de la série d'origine, la dévotion de sa communauté de fans historique et légendaire montre de gros signes de fatigue.

    L'avenir est incertain pour les fans de Harry Potter. Et ça fait déjà quelques temps qu'ils font face à cette incertitude —en fait, tout a commencé en 2011, à la fin de la saga des films d'origine jusqu'à maintenant, avec une nouvelle série de films (Les Animaux fantastiques), une pièce de théâtre que la majorité des fans n'a toujours pas vue (L'Enfant maudit), des dizaines d'entrées sur Pottermore, et tous les détails que tweete J.K. Rowling, l'auteure, sur des coups de tête. Il n'y a jamais eu de moment aussi déroutant pour tout fan de Harry Potter, entre les problèmes de représentation ou d'appropriation culturelle, la présence de Johnny Depp dans Les Animaux fantastiques, ou la révélation que Lord Voldemort a conçu une fille avec Bellatrix Lestrange. L'héritage de la série d'origine, lancée il y a près de deux décennies, reste fort, surtout en cette période où les gens ont désespérément besoin du confort de la fiction. Cependant, les fans, qui ont fait de Harry Potter une icône, doivent aujourd'hui décider si leur engagement continu depuis 1997 en vaut toujours la peine. Ils lui ont déjà dit au revoir de nombreuses fois. Après tout, c'est Harry Potter qui s'accroche.

    Il y a neuf ans, un vendredi soir de juillet, les fans faisaient la queue devant les librairies du monde entier. Ils avaient rassemblé des tas d'amis et attendaient les douze coups de minuit. À l'intérieur de ces librairies, les employés travaillaient activement pour se préparer à l'assaut, marchant entre de grosses boîtes blanches marquées à l'encre rouge et noire, tachetées d'étoiles et arborant huit mots intimidants: «NE PAS OUVRIR AVANT LE 21 JUILLET 2007.» Harry Potter était sur le point de s'achever —pour la toute première fois.

    Cinq ans plus tard, ce fut l'heure d'un nouvel au revoir. Sur une scène au milieu de Trafalgar Square, à Londres, lors de la première officielle des Reliques de la Mort –partie 2, J. K. Rowling, dans une robe vert menthe parsemée de fleurs roses, faisait une déclaration qui toucha le cœur des millions de personnes regardant le direct depuis chez elles. «Les histoires que nous aimons le plus vivent en nous pour toujours», dit-elle alors que, derrière elle, les membres principaux du casting essuyaient leurs visages couverts de larmes. «Alors, que vous y reveniez au travers des pages ou sur grand écran, continua-t-elle, vous serez toujours chez vous à Poudlard.» C'était le 7 juillet 2011. Une semaine plus tard, à minuit, le film sortait dans le monde entier, couvrant également les visages des fans de larmes alors qu'ils levaient leurs baguettes vers l'écran –un adieu rituel à une série qui a modelé leurs identités.

    Mais si faire ses adieux à Harry Potter a été un processus long et émotionnellement difficile, on ne peut pas vraiment dire qu'il repose en paix. En fait, il a à peine fait une sieste. «Lorsque les Reliques de la Mort – partie 2 sont sorties, cela faisait environ un mois que j'avais fini le lycée», déclare Bayana Davis, une fan de Harry Potter de 22 ans qui co-anime le podcast #WizardTeam, à BuzzFeed News dans une interview téléphonique. «Je me suis dit: "C'est vraiment mon enfance. J'ai commencé à les lire à 6 ans, j'en ai 17 maintenant et je vais rentrer à la fac."» Bayana Davis et les fans de Harry Potter furent symboliquement libérés, pour finalement être malmenés et titillés pendant des années par Pottermore, la version en ligne de l'encyclopédie sur le monde de la sorcellerie que J.K. Rowling avait longtemps promise aux fans. Puis il y a eu l'annonce de 2013 disant qu'il y aurait la série de films Les Animaux fantastiques. Oh, et l'annonce de 2015 disant qu'il y aurait une pièce de théâtre Harry Potter et l'Enfant maudit. Et c'est sans parler de tous les tweets et toutes les interviews qui ont déstabilisé les fans: de J.K. Rowling remettant en question sa décision de mettre Ron et Hermione en couple, jusqu'à son tweet annonçant que Teddy Lupin était un Poufsouffle.

    Si vous regardez de près ce qu'il se passe actuellement dans la culture pop, il est clair que nous traversons une époque de la non-mort. Même si une série ou un film finit par nous quitter, les sagas ont de grandes chances d'être ressuscités. Hollywood joue avec l'immortalité, et les zombies (parfois charmants) de ce que nous avons un jour aimé, de Spiderman à Gilmore Girls, sont partout. Mais tous les publics ne sont pas identiques. Certains, loyaux et engagés, ont des désirs émotionnels, créatifs et intellectuels qui deviennent pressants lorsque la chose à laquelle ils ont passé tant de temps et d'énergie à dire au revoir déclare qu'elle ne partira jamais.

    C'est ce que les fans de Harry Potter ont dû affronter, lentement, au cours des dernières années. Et cette période prolongée se complique à mesure que J.K. Rowling, Warner Bros., Pottermore et leurs collaborateurs étirent les frontières du monde de la sorcellerie vers un avenir inconnu, emportant avec eux toute une série de cultures interconnectées. Il est très important pour les fans de la saga de savoir comment ils vont pouvoir, ou même s'ils vont pouvoir, accepter tous ces changements qui comptent tellement à leurs yeux. Et les fans prennent note (littéralement) des ratés et des réussites.

    Lorsque la communauté de fans de Harry Potter s'est développée à la fin des années 90, internet en était aussi à ses premiers pas. La première fan fiction de Harry Potter parue sur le légendaire site fanfiction.net fut publiée en 1999. Lors de la pause entre la publication de La Coupe de feu et celle de L'Ordre du Phénix –les quatrième et cinquième livres de la série, les lecteurs ont dû attendre pendant trois ans, de 2000 à 2003. C'est à cette époque que la communauté a vraiment pris de l'ampleur. «Nous avons eu tellement de temps entre les histoires que nous avons créé les nôtres», explique Robyn Jordan, la cousine de Bayana Davis et co-animatrice du podcast #WizardTeam, à BuzzFeed News.

    Les fans ont pris ce que les livres leur avaient donné et l'ont interprété de toutes les façons possibles, créant de nombreux récits annexes sur leurs personnages, leurs couples, ou leurs théories préférés. Certaines théories étaient légères et amusantes, d'autres sombres, romantiques, tordues, tendres, drôles ou intellectuelles. Bon nombre d'entre elles étaient tout ça à la fois. La plupart de ces textes ont été incroyablement bien pensés, et certains ont été tellement bien écrits qu'ils pourraient rivaliser avec ceux de J.K. Rowling. Certains de ces textes comptaient plus d'un million de mots. Ce fut le début d'une période durant laquelle on crut largement que Lily Evans était une Serpentard et Blaise Zabini une fille —avant que les livres ne viennent démentir toutes ces théories. Harry Potter était un univers, mais ses fans, tumultueux, actifs et pleins d'amour, en ont créé bien d'autres.

    Harry Potter était un univers, mais ses fans, tumultueux, actifs et pleins d'amour, en ont créé bien d'autres.

    Parfois, les créateurs de ces fan fictions étaient galvanisés par cet amour intense pour la série Harry Potter. D'autres fois, ils étaient inspirés par ce que J.K. Rowling et la série ne pouvaient pas leur offrir, que ce soit des réponses à leurs questions sur la direction que prenait la série, ou le besoin viscéral d'avoir quelqu'un avec qui partager leurs expériences. D'innombrables fan fictions ont envisagé la rédemption potentielle de Drago Malefoy, et un nombre incroyable de créations ont imaginés que Harry et Hermione étaient des personnes racisées, à une époque où personne n'aurait osé imaginer qu'on puisse un jour voir une Hermione noire.

    «La dernière fois où j'ai vraiment été enthousiaste, c'est quand on a appris que Noma Dumezweni jouerait dans L'Enfant maudit», dit Bayana Davis à propos de l'annonce de 2015 révélant qu'une célèbre actrice noire incarnerait Hermione Granger sur scène. «Je suis devenue dingue. J'ai failli fondre en larmes dans un Uber. Et c'est la dernière fois où je me souviens avoir été vraiment excitée, car l'annonce a été suivie par la sortie de L'Histoire de la magie en Amérique du Nord sur Pottermore. Et les [problèmes de l'appropriation amérindienne] m'ont vraiment frustrée, pour de nombreuses raisons.»

    Toutes les suites courent le risque de décevoir, car il est presque impossible d'atteindre le niveau de génie et de fulgurance de la saga bien aimée d'origine. Et l'autre grand problème, c'est que la plupart des fans sont devenus adultes et que les valeurs de la série sont devenues les leurs. Ils ont fini par adopter l'idée que, pour citer un autre mort-vivant, «un grand pouvoir implique de grandes responsabilités», et ce même dans le monde de la culture. Et ça devient compliqué lorsque les nouveaux éléments de l'histoire de la magie ne correspondent pas aux valeurs enseignées dans les livres Harry Potter, celles de tolérance et d'amour, en passant par le progrès et la justice sociale, pour ne citer qu'elles.

    Bayana Davis, qui est originaire d'Oakland en Californie mais vit actuellement à Chicago, se sent concernée par les problèmes de représentation et d'appropriation que les fans de la saga ont à affronter dans la vie réelle. «C'est vraiment intéressant d'essayer de jongler avec tout ça, continue-t-elle. Surtout quand je relis les livres et que j'en tire encore tant de choses.» Les inquiétudes des fans ne concernent pas seulement les nouveaux éléments majeurs comme la pièce ou les films, mais toutes les nouveautés publiées sur Pottermore. Ils ont peur que J.K. Rowling ait le pouvoir d'effacer, d'un tweet ou d'une entrée sur Pottermore, l'espoir que Remus Lupin puisse être gay, par exemple. Ou qu'ils n'aient jamais la chance de voir le monde de la sorcellerie devenir plus inclusif sur grand écran, où il est vu par le plus grand nombre, mais reste centré sur des personnages blancs. Aujourd'hui, Bayana Davis fait comme beaucoup d'autres membres de la communauté: elle regarde, elle attend, et elle réfléchit.

    Prenez les textes de J.K. Rowling sur l'histoire de la communauté magique en Amérique du Nord, utilisés comme introduction au cadre new-yorkais des Animaux fantastiques, que les personnes en charge de Pottermore ont publiés en mars. L'histoire fictive est entremêlée de nombreux éléments empruntés aux traditions bien réelles des cultures amérindiennes, homogénéisant l'histoire de plusieurs communautés, et utilisant des éléments du monde de la sorcellerie pour expliquer des choses comme les porteurs-de-peau –dans la version de J.K. Rowling, ce sont des Animagi que les personnes non magiques ont accusés d'actes criminels. Sur les réseaux sociaux, la réponse a été extrêmement négative. Adrienne Keene, spécialiste des Cherokee, auteure et activiste à l'origine du site Native Appropriations, a répondu via Twitter à J.K. Rowling: «Ceci n'est pas "votre" monde. C'est notre monde (réel) amérindien. Et les porteurs-de-peau ont un contexte, des racines, et une réalité.» Peu après, elle a de nouveau tweeté en s'adressant à J.K. Rowling: «Vous ne pouvez pas vous approprier et utiliser la tradition d'un peuple marginalisé. C'est clairement du colonialisme/de l'appropriation.»

    J.K. Rowling n'a jamais répondu directement à cette réaction.

    La franchise Harry Potter n'a pas un problème de quantité mais de qualité. La communauté autour de Harry Potter a l'habitude d'être submergée par du contenu. Elle a révolutionné ce domaine, développé l'identité des fans à l'heure d'internet, et a servi de modèle pour les phénomènes importants de pop culture de la décennie passée. «À l'époque, nous avions le sentiment que Harry Potter ne disparaîtrait jamais. Mais nous pensions plus à un état métaphysique», analyse Melissa Anelli, auteur de Harry, A History –un best-seller du New York Times– et fondatrice de LeakyCon –une convention de fans de Harry Potter– à BuzzFeed News lors d'un entretien téléphonique. «Nous pensions qu'il vivrait à travers notre adoration éternelle. Nous n'avions aucune idée de ce qui allait arriver.»

    Et pourtant, la mort est omniprésente dans Harry Potter. Alors que peut faire une communauté présente depuis si longtemps après avoir fait ses adieux à une saga, quand elle se retrouve finalement replongée dans une nouvelle version du monde des sorciers de J.K. Rowling, surtout quand ce monde-là ne répond plus aux attentes de la génération qui en a fait un phénomène? «Nous devons nous demander s'ils tirent profit du public qu'ils ont sans pour autant respecter les normes qu'ils ont définies», ajoute Robyn Jordan.

    Les fans de Harry Potter ont évolué de bien des façons depuis les débuts de la Pottermania, mais selon Melissa Anelli, «le plus important est que nous acceptions désormais l'idée qu'il est normal de ne pas aimer quelque chose à propos de la saga.» Elle a ajouté: «Il y a quelques années, on vous aurait fait taire à chaque fois que vous exprimiez votre opposition.» Pour Melissa Anelli, les fans d'aujourd'hui défendent «des opinions plus variées, avec plus de discussions et des sentiments plus complexes» qu'auparavant. Cette question était présente et a été prise en compte lors de la conférence LeakyCon de 2016 qui s'est déroulée en octobre à Burbank, en Californie. La programmation du samedi présentait à la suite les thèmes suivants: «L'Enfant maudit était génial et vous pouvez l'être aussi» à midi, suivi de «Nous méritons mieux: pourquoi c'est acceptable de dire que L'Enfant maudit n'est pas "canonique"» à 13h00.

    Les fans de Harry Potter ont modelé un héritage fait d'engagement et de créativité que les récents efforts «canoniques» de la série ont du mal à atteindre.

    Il y a depuis longtemps une dualité dans les communautés de fans, mais elle est devenue plus présente au cours de ces dernières années, lorsqu'elles se sont mises à utiliser des espaces comme Tumblr qui ont changé leurs attentes et en ont fait des juges plus sévères de la saga. Les fans de Harry Potter ont modelé un héritage fait d'engagement et de créativité que les récents efforts «canoniques» de la série ont du mal à atteindre. Pour de très nombreux fans, surtout ceux du second panel de la LeakyCon, il est difficile d'être emballé par L'Enfant maudit car ils y retrouvent de nombreux motifs qu'ils ont personnellement explorés il y a une dizaine d'années, dans du contenu qu'ils ont créé et défendu. Pour ne citer qu'un exemple, L'Enfant maudit a rapidement décrit l'amour intense entre le fils de Drago et celui de Harry comme étant platonique, alors que de nombreux fans ont écrit et réécrit leur relation pendant des années, et que beaucoup de fans demandent depuis bien longtemps une plus grande représentation de personnages homosexuels dans les médias. En juillet, dans les jours qui ont suivi la publication du texte de L'Enfant maudit, de nombreux fans ont déclaré que des fan fictions qu'ils avaient lues au fil des ans étaient plus fidèles à la voix et à l'esprit de la série originale que cette collaboration entre J.K. Rowling et Jack Thorne. «J'ai terminé #CursedChild. Je ne sais vraiment pas quoi en penser, a écrit @Umbrella_Too, utilisatrice de Twitter et fan autoproclamée. Des hauts et des bas, mais ça n'est pas vraiment le style de @jk_rowling, que ce soit pour l'écriture comme pour l'histoire.» @SammyKeiku quant à elle résume ce que bien des fans pensent: «L'Enfant maudit est la fan fiction la plus étrange que j'aie jamais lue.»

    Lorsque L'Enfant maudit est sorti, il était loin de faire l'unanimité auprès des fans. En fait, c'était un peu décevant car très peu de fans ont pu payer les tickets et le coût du voyage jusqu'à Londres pour voir la pièce. De plus, ils s'étaient déjà regroupés sur YouTube, il y a de ça plusieurs années, pour regarder la production Harry Potter non officielle A Very Potter Musical et ses suites, et ils avaient élevé les membres du casting au rang de rock stars.

    Mais L'Enfant maudit et les films Les Animaux fantastiques donnent quand même aux fans matière à réfléchir. Par exemple: que se passe-t-il quand L'Enfant maudit nous apprend que Voldemort a eu une fille en cachette, ou que Cedric Diggory serait devenu un Mangemort après avoir vécu une humiliation publique? Ou quand un acteur, par le passé adoré du public, mais récemment accusé de violences conjugales, décroche un rôle important dans la nouvelle série de films?

    À la suite des allégations de violences conjugales faites à son encontre par son ex-femme, Amber Heard, au printemps dernier, l'annonce de la présence de Johnny Depp au casting des Animaux fantastiques a perturbé et fait enrager plus d'une personne. C'est encore plus troublant quand on pense à son rôle: Gellert Grindelwald, qui fera donc très certainement partie intégrante des quatre suites. C'est donc un rôle incontournable dans les films à venir.

    Puis, il y a eu la réaction de J.K. Rowling à l'annonce du casting: «Je suis ravie, a-t-elle dit lors de la première des Animaux fantastiques à New York, le 10 novembre. Il a fait des choses incroyables avec ce personnage.» Pour de nombreux fans, ce fut un coup fatal. Comme l'a écrit l'utilisatrice Twitter @wednesdaydreams le 2 novembre: «L'univers Harry Potter est totalement opposé à l'abus de pouvoir, et vous choisissez quand même un agresseur?»

    La présence de Johnny Depp s'avère être un gros problème, mais ce n'est qu'un des nombreux éléments qui mettent les fans mal à l'aise. Les inquiétudes autour de l'appropriation culturelle sont encore plus présentes maintenant que le monde des sorciers promet de traverser plusieurs continents et de se plonger dans l'histoire de la sorcellerie du monde entier –que ce soit à travers Les Animaux fantastiques ou d'autres moyens– via des cultures et des histoires dont J.K. Rowling n'est probablement pas une experte. «Je ne pense pas que ce soit à elle d'écrire tout cela, commente Bayana Davis. Elle n'a pas [complètement] écrit L'Enfant maudit. Elle pourrait guider un super écrivain noir pour qu'il écrive l'histoire des sorciers noirs américains. Il y a tellement de mélanges de cultures, et toutes ces choses qu'elle pourrait connecter entre elles, il y a tellement de choses [qu'ils] pourraient faire.»

    Carmen Ejogo joue la formidable présidente du Congrès magique des États-Unis, un second rôle des Animaux fantastiques, et on nous a promis plus de Zoe Kravitz dans les films à venir —mais les fans ont peur que cette réponse au problème de la représentation ne soit pas suffisante ou arrive trop tard. «Il est important de remettre ces choses en question, dit Robyn Jordan. C'est simplement en attendre davantage de [J.K. Rowling], et de tout ce projet.»

    Alors que se passe-t-il lorsque le monde que vous avez imaginé est à plusieurs années-lumière du monde «officiel» qui vous est présenté sur grand écran et sur papier? «Pour l'instant, dit Robyn Jordan, il y a cette bataille pour savoir à qui appartient Harry Potter

    En fait, le futur semble être tout tracé. L'information révélant qu'il y aurait finalement cinq films Les Animaux fantastiques s'est répandue sur les réseaux sociaux à la fin du mois d'octobre, accompagnée de plaintes exaspérées et de cris de surprise sur Twitter et Tumblr, lorsque les fans ont vu défiler devant leurs yeux le nombre d'années au cours desquelles l'univers continuerait de se développer.

    Aucune communauté de fans n'a jamais été homogène, mais l'on peut affirmer sans hésiter que si beaucoup se montrent sincèrement enthousiastes, nombreux sont ceux qui considèrent le nouveau contenu avec lassitude et prudence, quand ils n'ont pas déjà fait leurs adieux. «Il manque quelque chose, ajoute Bayana Davis. Et ça me rend vraiment triste de ne pas ressentir ce que j'ai ressenti avec les livres. Mais encore une fois, ça n'est pas ma faute si je ne le ressens pas.»

    Les Animaux fantastiques sont sortis au cinéma le 16 novembre, et les remarques des fans de Harry Potter n'auront probablement aucun impact sur les bénéfices au box-office. Mais peu importe la façon dont le film est perçu, il est clair qu'il faudra affronter d'autres problèmes tant que le monde des sorciers tournera autour de cultures existantes et ignorera des parties importantes de l'histoire réelle.

    Les gens en charge de Harry Potter et du monde des sorciers pourraient bien décider de continuer à faire vivre la série éternellement. Un autre projet pourrait être annoncé à tout moment —peut-être que nous allons avoir une série, dans le genre de Game of Thrones, suivant les fondateurs de Poudlard, ou peut-être un court-métrage animé suivant Dobby pendant sa jeunesse. Mais l'épuisement s'est déjà installé avec les quatre films à venir, ainsi que les innombrables contenus sur Pottermore.

    Cependant, dans un monde post-Brexit se préparant au gouvernement de Trump, le rôle de Harry Potter en tant que refuge face aux ténèbres et moyen (discutable) de traiter les sentiments de désespoir politique refait surface, les fans retournant vers les fondements de la série. Le lendemain de l'élection américaine, @alexdahlberry, une fan, a tweeté: «Aujourd'hui, Harry Potter est avec moi plus que jamais.»

    L'utilisation des allégories de la série d'origine n'est pas sortie de nulle part au matin de l'élection de Donald Trump. La série Harry Potter d'origine a en partie été développée pendant la tourmente internationale du début des années 2000, en plein gouvernement Bush. À l'époque, un nombre considérable de fans de Harry Potter, enfants et adolescents, découvraient à peine le monde de la politique.

    Il est clair que le monde qui nous a donné le Survivant continuera à vivre d'une façon ou d'une autre. Après tout, J.K. Rowling a un jour fait dire à Dumbledore: «La mort n'est qu'une grande aventure de plus.» La présence de Harry Potter dans nos vies pourrait ne jamais disparaître, mais il est clair que Harry Potter et ses fans sont à un tournant majeur de leur relation, et il faudra l'affronter à un moment ou à un autre.

    «Soit ils monteront à bord, soit ils seront laissés derrière», analyse Robyn Jordan à propos du choix auquel sont confrontés Warner Bros, J.K. Rowling et les autres personnes en charge. Ils peuvent évoluer avec le temps, laisser le monde de la magie de façon plutôt correcte, ou continuer à créer sans évoluer et risquer de perdre les fans principaux qui ont fait de Harry Potter une légende.

    Alors que nous entrons dans une période déjà marquée par la peur et l'appréhension, les fans continueront sans aucun doute à pousser J.K. Rowling et Warner Bros. à construire un univers fictionnel inclusif et réfléchi –ne serait-ce que pour nous donner quelque chose de positif à contempler pendant que notre monde traverse des difficultés. ●

    Ce post a été traduit de l'anglais.