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    Yvelines: un policier condamné pour avoir violemment frappé un jeune homme alors qu'il était menotté

    Info BuzzFeed - Une vidéo montrait Warren, 18 ans, violemment frappé par un policier alors qu'il était menotté au sol. L'agent, qui a reconnu les faits, a été condamné à verser 950 euros à la victime.

    (Mise à jour le 7 novembre 2017) — En juin dernier, Warren, 18 ans, avait été interpellé par des policiers de la Brigade anti-criminalité des Yvelines qui l'accusaient d'avoir refusé d'obtempérer lors d'un contrôle. L'un des agents avait alors été filmé en train de lui crier «ta gueule». Devant ses collègues restés passifs, il avait ensuite violemment frappé l'interpellé au visage alors qu'il était au sol et menotté.

    D'après nos informations, le policier a reconnu les faits et a été jugé au pénal dans le cadre d'une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC) le 18 octobre dernier. Il a été condamné à payer une amende de 500 euros (sans inscription au casier judiciaire). Pour la partie civile jugée le 6 novembre, le TGI de Versailles l'a condamné à verser 150 euros à Warren pour le préjudice corporel et 800 euros pour le préjudice moral.

    Parallèlement à cette procédure, Warren a tout de même été poursuivi et condamné pour «rébellion et refus d'obtempérer». Et à du payer une amende de 100 euros et verser 150 euros à titre de dommages et intérêts à deux policiers — dont celui reconnu coupable de violences. «Cela a été très dur pour mon fils, ils auraient pu le tuer selon moi. Mais je me console en me disant que les condamnations de policiers sont rares», déclare la mère de Warren à BuzzFeed News.


    Warren, 18 ans, menotté et frappé au sol par des policiers: «ils m'ont donné plein de coups»

    (Article publié le 6 juillet 2017) — Warren D., qui vient de fêter ses 18 ans le 13 juin dernier, se dit encore «choqué» par sa confrontation avec les policiers le 25 juin dernier à Élancourt dans les Yvelines. Ce jour-là, cet élève de première en bac pro commerce roule en scooter dans le quartier des Petits Prés lorsqu'une voiture de police banalisée tente de l'interpeller. Les forces de l'ordre sont alors à la recherche d'un individu qui vient de commettre un cambriolage dans une école du quartier et ils pensent que Warren pourrait correspondre au signalement.

    Le jeune homme assure que les agents de la Brigade anti-criminalité (BAC) en question n'étaient pas identifiables. «La voiture me poursuivait, il n'y avait ni sirène, ni gyrophare», raconte-t-il à BuzzFeed News. Warren poursuit: «Je ne comprenais rien. J'ai esquivé la voiture et j'ai vu un homme sortir à pied et il m'a braqué avec une arme». Warren ajoute que l'homme en question lui a donné «un coup de crosse à l'épaule droite» quand il est passé devant lui. «J'ai compris que c'était un policier, même s'il n'avait pas de brassard» et qu'il était en civil. Warren affirme alors qu'il s'est arrêté.

    Frappé au sol devant trois policiers passifs

    Warren, qui assure que son véhicule était en règle, dit avoir présenté «immédiatement» ses papiers au policier de la Brigade anti-criminalité (BAC). Selon son témoignage c'est alors que les coups ont commencé à pleuvoir. D'après le jeune homme, l'agent en civil lui a fait «une balayette» pour le faire tomber avant d'être rejoint par un collègue.

    «Ils m'ont menotté puis traîné par terre et donné plein de coups de pieds et de coups de poings», affirme-t-il.

    Ce moment-là a été en partie filmé par un témoin (encore non identifié) de la scène. Sur sa vidéo relayée par le collectif Urgence notre police assassine (UNPA), on aperçoit Warren allongé au sol, menotté et entouré de quatre agents (deux policiers de la Bac et deux autres en uniforme). L'un des policiers lui ordonne de rester allongé puis crie «ta gueule». Le jeune, immobilisé sur le ventre, reçoit alors de la part d'un policier en civil deux coups violents au visage. Trois policiers regardent sans intervenir.

    D'après Warren, les violences ne se sont pas arrêtées là. Après ces premières violences, il est emmené au commissariat de Trappes (la ville voisine) vers 14h30. Selon son récit, les policiers accusent le jeune d'avoir commis un cambriolage. Il dément. Et c'est finalement un policier municipal, qui avait signalé le cambriolage, qui viendra le disculper, parlant d'une «erreur».

    «Les policiers ont rigolé et m'ont emmené en cellule de fouille. Là, ils se sont remis à me frapper puis m'ont transféré au commissariat d'Élancourt où ils m'ont placé en garde à vue», témoigne Warren.

    Le jeune en resort finalement le lundi 30 juin vers 19h00 avec à la clé une convocation au tribunal de Versailles prévue le 2 août pour rébellion.

    «Refus d'obtempérer» pour les policiers

    Les policiers, interrogés par Le Parisien, ne démentent pas s'être trompés d'individu, ni avoir frappé Warren au sol alors qu'il était menotté. Mais ils accusent le jeune homme d'avoir «foncé» sur eux:

    «Les effectifs ont été envoyés après une tentative de cambriolage dans les locaux de l’école Sainte-Thérèse toute proche. Les fonctionnaires ont repéré un individu pouvant correspondre à un signalement donné. Au moment de l’interpeller, celui-ci a foncé sur les policiers et en a légèrement blessé un. Une fois stoppé, il s’est débattu…»

    D'après la convocation que BuzzFeed News s'est procurée, les policiers accusent bien Warren d'avoir refusé d'obtempérer, puis d'avoir opposé «une résistance violente» lors de son interpellation. Mais ils ne précisent à aucun moment que le jeune homme a tenté de «foncer» sur un agent.

    Sollicitée par BuzzFeed News, la direction de la police nationale n'a pas donné suite.

    «J'avais vraiment peur qu'il ait des séquelles au cerveau»

    À sa sortie de garde à vue, Christelle D., la mère du jeune homme emmène immédiatement son fils aux urgences. «Je l'ai vu vomir, il avait du mal à parler, j'avais vraiment peur qu'il ait des séquelles au cerveau», raconte-t-elle. D'après le certificat établi par le centre hospitalier de Rambouillet que nous a transmis la famille, les médecins lui ont prescrit deux jours d'interruption temporaire de travail (ITT). Ils ont constaté plusieurs contusions (aux pommettes), une plaie sur la lèvre, des hématomes à l'épaule droite, une érosion de la racine d'une narine... Un examen dans une unité médico-judiciaire (UMJ) et une expertise médicale pour établir si le tympan du jeune homme a été percé doivent encore être réalisés.

    D'après nos informations, Warren a été convoqué ce jeudi à 10h à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN). Après la diffusion de la vidéo sur internet, une enquête a en effet été ouverte par le parquet et a été confiée à la cellule déontologie des Yvelines.

    Warren M. dit n'avoir jamais été condamné par la justice, mais affirme que les «problèmes avec la police sont courants»:

    «Il y a souvent des contrôle ici et souvent les policiers nous insultent, nous font des doigts d'honneur... Mais c'est la première fois que je reçois autant de coups».