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    Un militant communiste accuse Alexandre Benalla de l'avoir frappé lors de la déclaration de candidature de Macron

    Info BuzzFeed - Un jeune communiste accuse le chargé de mission de l'Élysée de l'avoir frappé en marge de la déclaration de candidature d'Emmanuel Macron à Bobigny en 2016. Sur une vidéo que s'est procurée BuzzFeed News, on peut voir Alexandre Benalla sortir le militant manu militari.

    Alexandre Benalla est-il un habitué des opérations coups de poing ? Un jeune militant communiste accuse en tous cas le chargé de mission de l'Élysée, qui a été filmé en train de molester un jeune manifestant à Paris le 1er mai dernier en se faisant passer pour un policier, de l'avoir frappé en 2016.

    Flashback, le mercredi 16 novembre 2016, Emmanuel Macron réunit quelques centaines de personnes et de nombreux journalistes dans un atelier automobile de Bobigny pour annoncer sa candidature à l'élection présidentielle. Gabriel*, 27 ans, fonctionnaire auprès d'une collectivité locale et membre des jeunes communistes, affirme qu'il a été sorti de force puis frappé par Alexandre Benalla.

    BuzzFeed News n'a pas pu entrer en contact avec Alexandre Benalla. Contacté à plusieurs reprises, le service de presse de la présidence n'avait pas donné suite jeudi à la mi-journée.

    «Benalla m'a donné un coup sur la tête et une béquille»

    «On avait appris que Macron allait se rendre à Bobigny et on voulait l'interpeller pour lui poser des questions. Initialement, on pensait que c'était une réunion ouverte, qu'il y aurait un questions-réponses», explique ce jeune communiste. À l'époque en effet, le fait que les apprentis du CFA avaient été priés de rester à la porte de l'atelier avait fait polémique. Gabriel poursuit :

    «Alors que j'allais rentrer dans la salle, deux personnes du services sont venues me dire que je ne pouvais pas rentrer. J'ai demandé pourquoi et précisé que je voulais juste poser une question à Macron. Ils n'ont pas cherché à comprendre et m'ont attrapé de force pour me faire sortir.»

    Sur la vidéo que BuzzFeed News s'est procurée, on peut identifier Alexandre Benalla demandant à Gabriel de quitter l'atelier.

    Voir cette vidéo sur YouTube

    youtube.com

    Gabriel affirme avoir été frappé juste après cette séquence filmée par un de ses camarades communistes. «Lorsqu'ils m'ont attrapé, j'ai crié car je ne comprenais pas pourquoi je n'étais pas autorisé a entrer dans la salle. Ils m'ont ensuite emmené dans un couloir et c'est là qu'ils m'ont frappé», explique-t-il :

    «Alexandre Benalla m'a donné un coup sur la tête et une béquille. Son collègue aussi m'a frappé à la tête. Il n'y avait rien qui justifiait cela, je n'étais pas violent. Une fois dehors, j'ai crié "allez-y, frappez-moi devant tout le monde". Le collègue de Benalla a répondu : "viens, on va régler ça dans la cité", mais il est reparti tout de suite, il avait l'air d'avoir eu un appel radio.»

    «Je n'ai pas porté plainte car je me disais que ça ne servait à rien et que la vidéo ne montrait que le début de l'altercation, pas le moment dans le couloir où j'ai été frappé. Mais je l'avais raconté à plusieurs journalistes qui étaient présents ce jour-là», précise le fonctionnaire. À l'époque en effet, une journaliste de L'Humanité mentionnait cet épisode.

    Contactée, Lola Ruscio, la journaliste qui a écrit l'article, confirme : le militant «a bien été sorti violemment. Il m'avait aussi dit avoir été frappé par un membre du service d'ordre, mais je n'avais pas assisté directement à la scène».

    Les jeunes communistes avaient aussi publié un post Facebook intitulé «Quand la sécurité de Macron brutalise des jeunes communistes !» et dénonçaient le fait que des jeunes communistes aient été «violemment évacué-e-s par la sécurité de M. Macron».

    Benalla viré en 2012 par Arnaud Montebourg

    Alexandre Benalla s'est déjà fait remarquer dans le passé pour ses démonstrations de force et ses entorses à la loi. Arnaud Montebourg raconte au Monde l'avoir viré en 2012 de son service de sécurité : «Je m’en suis séparé au bout d’une semaine après une faute professionnelle d’une première gravité : il avait provoqué un accident de voiture en ma présence et voulait prendre la fuite.»

    La chaîne Public Sénat révèle enfin qu'il y a plus d'un an, Alexandre Benalla avait arraché l'accréditation d'un journaliste de leur rédaction avant de l'évacuer d'un meeting d'Emmanuel Macron. «L’incident est suffisamment grave et incompréhensible pour que la direction de la chaîne adresse à l’époque une lettre à l’équipe du candidat Emmanuel Macron au prétexte qu’il n’y avait aucune menace pour le candidat et qu’empêcher la presse de faire son travail relève de l’arbitraire», précise la rédaction.

    #Senat360 Affaire Benalla : l'Elysée dans la tourmente. Il y a plus d'un an il avait arraché l'accréditation d'un journaliste de la rédaction de Public Sénat avant de l'évacuer d'un meeting d'Emmanuel Macron #AlexandreBenalla https://t.co/uW3YYI1yBX

    Plus récemment, le 4 mars 2017 lors d’un meeting à Caen du candidat d’En marche!, le quotidien du soir rapporte que des témoins ont «vu soulever de terre et évacuer manu militari un photographe local, qui s’était approché de trop près à son goût de l’ancien ministre de l’économie». Le 15 mars à Tours, Alexandre Benalla s’en était aussi pris à un commissaire de police en tenue, accusé de ne pas libérer assez vite le passage au président de la République. Un comportement qui ne semblait pas poser de problème dans l'équipe du candidat : «Alexandre, faut pas l’embêter», avait soufflé ce jour-là un proche de Macron qui assistait à la scène.

    Ce jeudi matin, le parquet de Paris a annoncé avoir ouvert une enquête préliminaire pour «violences par personne chargée d'une mission de service public» et «usurpation de fonctions». L'enquête, confiée à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne, vise également l'«usurpation de signes réservés à l'autorité publique».

    * Le prénom du militant, qui souhaite conserver l'anonymat, a été modifié