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    Quand Jean-François Jalkh signait des articles sur la race, les juifs et «les envahisseurs» dans National Hebdo

    Jean-François Jalkh, l'éphémère «nouveau patron du FN», n'a pas qu'un problème avec les chambres à gaz et le zyklon B. Durant les années où il était journaliste dans le magazine d'extrême droite «National Hebdo», il a étalé son obsession pour les juifs, les races et «les envahisseurs».

    Le vice-président du Front national Louis Aliot a annoncé vendredi sur BFMTV que Jean-François Jalkh, président du FN par intérim, avait finalement refusé ce poste et laissait sa place à Steeve Briois, maire d'Hénin-Beaumont. Jean-François Jalkh, cet historique du FN, est en effet accusé d'avoir tenu des propos négationnistes en 2000.

    En pleine polémique, l'ensemble des cadres du FN ont défendu Jean-François Jalkh et assuré qu'il n'aurait jamais pu tenir ce genre de propos. «Moi je le connais bien, c’est un honnête homme», a déclaré Florian Philippot sur France Inter. «Au cours de sa vie politique, il n'a jamais été mis en cause pour ce type de propos, pour ce type de sujets. Au contraire, c'est un homme parfaitement droit qui a beaucoup de valeurs», a surenchéri David Rachline, le directeur de campagne de Marine Le Pen.

    Compagnon de route d'un collaborationniste

    Le parcours de Jean-François Jalkh est pourtant beaucoup moins lisse que ce que ne le laissent penser les cadres frontistes. L'eurodéputé a fait partie des premiers journalistes du journal officiel du FN National Hebdo dans lequel il signait des articles de son nom et sous le pseudonyme «Philippe Chevalier». À cette époque, Jalkh travaillait avec Roland Gaucher, directeur du journal, cofondateur du FN et... collaborationniste pendant la Seconde Guerre mondiale.

    Le patron et collaborateur de Jean-François Jalkh était en effet, sous l’Occupation, membre puis responsable des Jeunesses nationales populaires, émanation du Rassemblement national populaire (RNP) de Marcel Déat. Et journaliste au National-Populaire, l’organe du RNP, à la ligne ultra-collaborationniste, qui revendiquait un antisémitisme «complet et résolu», comme le rappelait Le Monde. Il avait été condamné fin 1944 et libéré en 1949 après une amnistie.

    Pendant plusieurs années donc, Jean-François Jalkh et Roland Gaucher travailleront pour un hebdomadaire homophobe, xénophobe et antisémite. Un exemple avec cette Une de 1987:

    Dans le numéro 9 de 1984, Jean-François Jalkh s'en prend par exemple à Simone Veil, cette «grande bourgeoise qui ne supporte pas d'évoluer autrement qu'en tailleur Chanel», une responsable politique «moins innocente qu'il n'y paraît». «Bien qu'athée, elle affichera sans défaillance son identité juive», écrit l'élu FN avant d'évoquer ses ennemis politiques de l'époque et de qualifier l'IVG de «génocide» sans aucun guillemet:

    «D'aucuns s'étonnent même qu'une victime de l'holocauste nazi officialise le génocide des Français à naître.»

    Dans le numéro 19 de décembre 1985, Jean-François Jalkh se fend de sous-entendus xénophobes dans un article titré: «Quand la gauche combattait pour la sauvegarde de la race».

    Il évoque avec nostalgie des timbres où l'on pouvait lire l'inscription «Pour sauver la race», imprimés sous le Front populaire en 1937. «Sous le Front populaire, les intellectuels socialistes ne sont pas les derniers à défendre des principes légèrement xénophobes. Avant les accords de Munich, le socialiste Ludovic Zoretti écrit dans la revue «Redressement»: "On va tout de même pas faire la guerre pour 100.000 juifs polonais"», écrit Jalkh qui, tout en se félicitant de la xénophobie supposée du Front populaire, ajoute:

    «Mitterrand est un bien mauvais disciple de ses maîtres. Des maîtres dont, avant-guerre, il était, il est vrai, déjà fort éloigné.»

    Il écrit pour la rubrique «les envahisseurs»

    Pendant des années, la plupart du temps sous le pseudonyme Philippe Chevalier, l'eurodéputé travaille pour la rubrique immigration rebaptisée par l'hebdomadaire «les envahisseurs». Il fustige les avantages supposés accordés aux étrangers ou aux immigrés et s'en prend plus particulièrement à l'immigration nord-africaine.

    Dans un article (au titre transphobe) qui dénonce le discours pro-immigration de l'ancien ministre Bernard Stasi (qui avait obtenu la nationalité française à 18 ans), Jean-François Jalkh conclut avec cette chute xénophobe:

    «(Bernard Stasi) reprend à son compte toute l'argumentation de la gauche: les immigrés n'alimentent pas le chômage, ne pèsent pas sur les déficits sociaux, ne sont pas plus délinquants que les Français. La preuve? Voyez M. Stasi! Un papa espagnol, une maman née à Cuba, et lui Bernard, ni loubard, ni chômeur, ni profiteur. L'exception qui confirme la règle.»

    Lorsque l'intitulé «les envahisseurs» est jugé trop léger pour marquer sa détestation des immigrés, le quotidien, encore sous la plume de Jean-François Jalkh, ajoute le terme «Ras le beur».

    Dans cet autre article, il y reprend le lexique animalier pour fustiger «toute la faune de nos banlieues» qui «s'était donnée rendez-vous» pour une manifestation et se félicite du faible chiffre de la participation. «Au train où vont les choses, tout ce beau monde laissera l'année prochaine les jeunes immigrés de la deuxième génération beurrer leurs tartines tous seuls», conclut-il.

    «La loi de la religion de la Shoah»

    Et lorsque le journal officiel de Jean-Marie Le Pen ne parle pas «du danger des sidaïques» ou de «l'invasion» des immigrés, il livre sa pensée antisémite. En 1989, le compagnon de route de Jean-François Jalkh et patron de National Hebdo, Roland Gaucher, écrit:

    «Nous sommes à l’aube d’un formidable combat à l’échelle planétaire entre l’Internationale juive et l’Internationale chrétienne, catholique d’abord. Selon l’issue de ce combat, qui est le grand affrontement religieux et politique de l’an 2000, selon l’issue de cette bataille, ou bien le christianisme réussira à se maintenir face à la fantastique force du monde juif. Ou bien, croyants et incroyants, nous vivrons sous la loi de la religion nouvelle: celle de la Shoah.»