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    Préfet, énarques, dirigeant du cac 40: l'identité de conseillers secrets de Marine Le Pen révélée par des mails

    Exclusif – Ils travaillent pour la gendarmerie nationale, un grand groupe du CAC 40, la Cour nationale du droit d'asile... BuzzFeed News et Mediapart révèlent les noms et les profils de plusieurs conseillers de l'ombre de Marine Le Pen pendant la campagne présidentielle.

    «Je me suis toujours refusé à donner des noms.» «Écoutez, on va arrêter là notre conversation.» Chez les actuels ou anciens responsables du Front national (FN) interrogés, le sujet est tabou, même un an après. Hors de question de s'étendre sur les conseillers de l'ombre qui ont planché pour Marine Le Pen lors de la dernière campagne présidentielle. Certains d'entre eux utilisaient d'ailleurs un pseudonyme, pour ne pas laisser de trace. «Ils étaient assez secrets, 80 % étaient des gens qui réclamaient l’anonymat, on leur avait promis l’anonymat», explique un membre du FN.

    Pendant la campagne, plusieurs entités étaient en charge des discours et de l’élaboration du programme présidentiel de Marine Le Pen. Au premier rang, le conseil stratégique, composé notamment de trois vice-présidents du FN, Louis Aliot, Nicolas Bay et Steeve Briois, répartis en divers comités d'action programmatique (appelés «CAP»), chacun chargé d’une thématique particulière (santé, éducation, défense...). Voilà pour la façade officielle. Mais dans les coulisses, on savait que des conseillers expérimentés planchaient en secret pour le FN. Jean Messiha, le responsable du programme de Marine Le Pen, avait évoqué la participation de magistrats, de préfets et de conseillers d'État, sous couvert d'anonymat.

    BuzzFeed News et Mediapart ont travaillé conjointement et obtenu une série de documents, e-mails et photo qui nous permettent de lever le voile sur le travail abattu par sept des ces conseillers. La véracité de ces documents, qui nous ont déjà permis de publier plusieurs enquêtes éclairant d'un nouveau jour la campagne présidentielle du FN, n'a jamais été mis en cause par Marine Le Pen et son équipe. La teneur de ces documents nous a été confirmée par plusieurs sources au sein du FN.

    Nous révélons le profil et l'identité de ces conseillers, préfet, haut-fonctionnaires, actuels ou anciens serviteurs de l'État, qui ont décidé de mettre leur expérience et leur réseau au service de la victoire de Marine Le Pen. Sur les estrades, dans la presse, la candidate du FN fustige «l'UMPS» et les «grands commis» du CAC 40. Elle s'érige en «rempart contre l'argent roi» et son parti proposait de supprimer l'École nationale d'administration (ÉNA). Elle s'emporte contre le «système qui prétend prendre de nouveaux visages, lobotomiser le peuple français en voulant se faire passer pour une offre nouvelle, quand ils ne sont que les produits du recyclage des deux derniers quinquennats !» Mais dans les coulisses, notre enquête montre qu'elle se fait conseiller par des énarques, des préfets hors cadre, des anciens du Conseil d'État et de la Cour des comptes, des dirigeants de grands groupes. La plupart d'entre eux ont passé une partie de leur carrière dans les cabinets de ministres RPR ou UMP, époque Chirac ou Sarkozy, avant de réaliser, dans le secret, et parfois sous pseudonyme, la fameuse union des droites.

    Son poste actuel : Né en 1961, André Rougé est directeur du développement commercial d'un grand groupe du CAC 40.

    Ce qu'il a fait pour le FN : Dans les documents que nous nous sommes procurés, le nom d’André Rougé apparaît à plusieurs reprises. Le 10 janvier 2017, par exemple, lorsqu’il envoie à Marine Le Pen une note de travail dans un e-mail intitulé «POUR METTRE FIN À L’AME» [l’aide médicale d’État, qui permet à tout ressortissant étranger, qu'il soit en situation irrégulière ou précaire, d'être soigné gratuitement]. L'e-mail est envoyé sans message via un pseudonyme, anagramme de son vrai nom, «René Dargou».

    Cette note invite Marine Le Pen à s’opposer au «tourisme médical» qu’engendrerait l’AME, avec cet argument : «Les Algériens sont les spécialistes de ces détournements pour faire soigner leur famille en France.» Cette mesure figurait d'ailleurs dans les 144 engagements de Marine Le Pen, au numéro 71.

    Deux mois plus tard, les 3 et 4 février 2017, André Rougé est au cœur d’un échange d'e-mail entre Philippe Baccou [voir plus bas], Christophe Bay [voir plus bas], et Nicolas Lesage, directeur de cabinet de Marine Le Pen. Le sujet de la discussion ? Le chiffrage du projet présidentiel de Marine Le Pen, qui fait l’objet d’une note transmise à la présidente frontiste (et à Catherine Griset, l'une de ses proches) par André Rougé lui-même.

    Selon une source interne au FN, André Rougé était présent lors de plusieurs réunions sur le pan social du projet de Marine Le Pen. «Il a participé à la campagne, il était à une réunion sur la politique sociale avec Marine Le Pen, puis a rédigé des notes. Il venait souvent avec Jérôme Turot [voir plus bas]», détaille cette source. Une information confirmée par Mickaël Ehrminger, qui travaillait au pôle «rédaction» pendant la campagne, et explique avoir notamment assisté à une réunion avec André Rougé au cours de laquelle la politique fiscale portée par Marine Le Pen a été évoquée. Un autre membre du FN, qui préfère rester anonyme mais qui l'a croisé plusieurs fois au QG du FN, assure qu'André Rougé était le chef des Horaces, un groupement de plusieurs dizaines de haut-fonctionnaires créé en 2016 pour travailler activement à la victoire de Marine Le Pen. Jusqu'à maintenant, seul celui qui se présente comme le porte-parole des Horaces était connu : Jean Messiha. Selon cette même source, André Rougé est par ailleurs un «vieil ami» de Marine Le Pen. Son compte Facebook, qui est lié à son adresse professionnelle, montre par ailleurs qu'il est ami avec Frédéric Chatillon, membre du premier cercle de Marine Le Pen et ancien membre du Groupe union défense (GUD), un groupuscule d'extrême droite . On retrouve sur cette page d'autres anciens du GUD comme Jildaz Mahé O'Chinal.

    Son parcours : Né en 1962, André Rougé, diplômé de la faculté de droit parisienne Assas, a travaillé dans plusieurs cabinets ministériels avant d’intégrer la direction de ce grand groupe. Entre 1994 et 1997, il passe successivement par trois ministères : celui des Outre-Mer d’abord, puis il devient chef de cabinet d’Éric Raoult, alors ministre de l'Intégration et de la Lutte contre l'exclusion, avant de retourner à l’Outre-Mer en 1997. C'est à la même période, alors qu'il travaille activement pour le RPR de Jacques Chirac, qu'il est cité dans l'affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris, qui a valu à Alain Juppé d'être condamné en 2004.

    Ce qu'il nous répond : Contacté par e-mail sur l’adresse au nom de «René Dargou», ainsi que sur son adresse e-mail professionnelle, et via le service presse du groupe pour lequel il travaille, André Rougé n’a pas donné suite à nos sollicitations.

    Son poste actuel : Christophe Bay, 55 ans, apparaît tout en haut de l’organigramme de la gendarmerie nationale. Cet ex-préfet de l'Aube, est aujourd'hui l’un des plus proches conseillers du directeur général, chargé plus précisément, selon nos informations, des affaires territoriales et de la sécurité.

    Ce qu'il a fait pour le FN : Christophe Bay est sollicité sur des points stratégiques du programme de la candidate dans des échanges e-mail entre Marine Le Pen, son directeur de cabinet, Nicolas Lesage, et d'autres conseillers, selon les documents que nous avons consultés. En février 2017, des cadres frontistes planchent sur des fiches économiques pour solidifier le programme de la candidate. C'est dans ce cadre que, le 3 février 2017, Philippe Baccou, un autre conseiller officieux de Marine Le Pen [voir plus bas], envoie un e-mail à Christophe Bay intitulé «projet de chiffrage». En pièce jointe, le projet de chiffrage des économies qui pourraient être réalisées dans les «administrations publiques locales». Et ce message à l'adresse du conseiller du directeur général de la gendarmerie :

    «Comme annoncé. Chiffrage encore sommaire, toutes observations de Christophe seront bienvenues. Phb.»

    Les conseillers appellent Christophe Bay de son prénom, signe de la familiarité qu'ils entretiennent. Et il est contacté via sa boîte e-mail professionnelle, comme l'indique son adresse se finissant par «gendarmerie.interieur.gouv.fr». Nous avons pu authentifier cette adresse e-mail qui correspond bien à celle du conseiller du directeur de la gendarmerie nationale. Cet e-mail sera transféré le même jour à Marine Le Pen et à son directeur de cabinet Nicolas Lesage.

    Son parcours : Passé par Sciences Po et l'ÉNA, Christophe Bay a gravité dans la galaxie des groupes étudiants radicaux dans les années 1980, selon deux sources concordantes. À Sciences Po Paris, Christophe Bay a milité à l'Union des étudiants de droite (UED), syndicat réunissant la droite et l'extrême droite. Un document que nous nous sommes procuré montre qu'il s'était même présenté aux élections de ce syndicat, dissous en 1986.

    Après ses études, Christophe Bay a servit l’État à des postes très importants, comme l'indique son historique inscrit au Journal officiel. En novembre 2010, il devient directeur adjoint du cabinet de Brice Hortefeux, alors ministre de l’Intérieur. Quelques mois plus tard, en mars 2011, il est nommé préfet de l’Aube. Il part ensuite diriger la préfecture de Dordogne jusqu’en 2016. Enfin, avant de rejoindre la direction de la gendarmerie, il est propulsé au Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR). C'était donc une prise de taille pour Marine Le Pen.

    Au cours de sa carrière, il suscite la polémique à plusieurs reprises. En 2012 par exemple, un livre épingle son action en matière d'immigration. «Sa spécialité ? Expulser aussi vite que possible les personnes en situation irrégulière pour éviter les recours», résumaient les auteurs de Sans papiers et préfets, la culture du résultat en portraits (Ed. La Découverte). En 2015, c'est Mediapart qui l'épingle en pointant ses poussées sécuritaires après les attentats. Alors préfet de Dordogne, il avait ordonné des dizaines de perquisitions administratives pour un résultat maigrelet : la saisine d'une seule arme.

    Ce qu'il répond : Contacté à plusieurs reprises par BuzzFeed News, Christophe Bay a systématiquement refusé de nous répondre. «Je ne sais pas ce que vous lui avez fait, mais il ne veut pas du tout vous parler», nous précise une source à la gendarmerie. Le service presse nous a indiqué avoir transmis nos demandes d'interviews, restées sans réponse. D'autres dirigeants du FN ont eux, soit préféré garder le silence, soit juré qu'ils ne connaissaient pas cet homme.

    Son poste actuel : Énarque, il est avocat fiscaliste pour le cabinet qu'il a fondé, le cabinet Turot.

    Ce qu'il a fait pour Marine Le Pen : Pour le FN, Jérôme Turot a notamment partagé son expertise dans le domaine de la fiscalité et des questions économiques. Ainsi, début mars, il est l'auteur d'une note intitulée «Je garantirai vos retraites» transmise à Marine Le Pen et André Rougé (voir plus haut). C'est lui qui a créé ce document, selon les propriétés du fichier Word que nous avons consulté, et qui l'a transmis à Marine Le Pen par e-mail. Selon Mickaël Ehrminger, Jérôme Turot venait parfois accompagné d’André Rougé, notamment lors d’une réunion avec Marine Le Pen portant sur le programme social du FN. «La réunion avec Marine Le Pen a duré plus d’une heure. Ils donnaient des éléments et leur avis sur les axes que nous avons développés.» Il assure que les deux hommes sont venus «plusieurs fois» au QG de la candidate, «ensemble ou séparément». Un témoignage confirmé par un autre ex-employé de la campagne.

    Son parcours : Jérôme Turot, 63 ans, est major de la fameuse promotion Voltaire de l'ÉNA, qui comptait notamment dans ses rangs François Hollande et Ségolène Royal. Il dirige aujourd’hui son propre cabinet, et a parfois écrit pour Libération ou Le Figaro. Ancien membre du Conseil d’État, Jérôme Turot a également été maître de conférences pour Sciences Po Paris et l’ENA.

    Ce qu'il répond : Joint par téléphone, Jérôme Turot nie toute implication dans la campagne de la candidate frontiste : «Qu’est-ce que c’est que ces histoires ? Je n’apparais dans rien du tout. Je ne sais pas si vous êtes sérieux. Je ne répondrai pas à vos questions, il n’y a rien à dire», déclare l’avocat, visiblement agacé.

    Son poste actuel : Ancien élève de l'École normale supérieure (ENS) et agrégé de philosophie, Frédéric Guillaud est secrétaire du conseil d'administration d'une grande entreprise de service public.

    Ce qu'il a fait pour le FN : Pendant la campagne, il a été notamment sollicité sur les questions liées à la recherche et l'éducation. Dans un e-mail envoyé le 20 mars 2017 aux plus hauts responsables de la campagne de Marine Le Pen, dont Damien Philippot (sous son pseudo, Etienne Aldobrandi), en charge du pôle rédaction de la candidate, et David Rachline, le directeur de campagne, le directeur de cabinet de Marine Le Pen, Nicolas Lesage, soumet une tribune rédigée par «deux visiteurs du soir éminents dans les milieux de la recherche».

    Frédéric Guillaud a créé le document en question, selon les propriétés du fichier Word que nous avons consulté, même s'il est difficile d'établir précisément son rôle dans la rédaction de la tribune.

    Son parcours : En 2013 et en 2015, Frédéric Guillaud est passé dans quelques médias pour présenter ses livres sur le catholicisme Dieu existe : Arguments philosophiques (Ed. Cerf) et Catholix reloaded : Essai sur la vérité du christianisme (idem). En 2013, il a choisi le média d'extrême droite Radio Courtoisie pour évoquer sa vision de la religion. Avant cela, il a travaillé dans plusieurs cabinets ministériels. Il a notamment rejoint le cabinet de Gilles de Robien, alors ministre de l'Éducation, en 2005 comme conseiller technique pour les discours, les études et la prospective. Après avoir été conseiller durant le quinquennat de Sarkozy (il a été collaborateur d'Éric Besson), il a été nommé directeur des études de l'UMP.

    Ce qu'il répond : Sollicité, Frédéric Guillaud a refusé de nous parler au téléphone mais il nous a répondu par e-mail. Il nous a assuré qu'il s'agissait d'une erreur et qu'il devait s'agir d'un «homonyme».

    Son poste actuel : Retraité de la Cour des comptes depuis 2014, Philippe Baccou est âgé de 69 ans. Il a été nommé membre du comité du contentieux fiscal, douanier et des changes en mars 2017.

    Ce qu'il a fait pour le FN : Pendant la campagne présidentielle, Philippe Baccou a joué un «rôle important» dans l’élaboration du programme frontiste, selon une source interne au parti. Dans les documents que nous nous sommes procurés figure notamment un mail signé «PhB» et envoyé depuis son adresse e-mail, portant sur le chiffrage du projet présidentiel de Marine Le Pen.

    Cet e-mail, adressé dans un premier temps à André Rougé et Christophe Bay, est accompagné d'un document Word dont les propriétés nous disent qu'il a été créé par Philippe Baccou. Il sera ensuite transféré par André Rougé à Marine Le Pen en personne. Il a participé à une réunion avec Bernard Monot, conseiller économique de Marine Le Pen, et Georges Tissié, un autre conseiller de l'ombre [voir plus bas], selon des sources concordantes. Selon deux ex-membres du FN, Philippe Baccou appartenait aux groupe des Horaces. Il contribuait également au CAP économie dirigé par Bernard Monot. Philippe Baccou contribuait à ces deux pôles «sous pseudo», selon l'un membre du bureau politique du FN. Qui ajoute : «ll était conseiller-maître à la cour des comptes, il a fait son coming-out [politique] une fois qu’il a fait valoir ses droits à la retraite.»

    Son parcours : Philippe Baccou a été nommé président de section de chambre régionale de la Cour des comptes pour la première fois en 1994. Idéologiquement, Philippe Baccou se place à la droite de la droite, puisqu’il appartient au noyau dur du club de l’Horloge, sorte de laboratoire d’idées pour la droite radicale, aux côtés par exemple de l'ex-cadre FN et théoricien d’extrême droite Jean-Yves Le Gallou, ou de Henry de Lesquen, condamné en 2017 pour avoir nié la réalité de l’Holocauste. Il écrit par ailleurs pour Polémia, le site de Jean-Yves Le Gallou, pour lequel il a notamment produit un long texte sur l’union des droites.

    Ce qu'il nous répond: Joint à plusieurs reprises par mail, Philippe Baccou n'a pas donné suite à nos sollicitations.

    Son poste actuel : Il est président de formation de jugement à la Cour nationale du droit d'asile où il vient d'être nommé en juin 2017. Il est également correcteur des épreuves d'entrée de l’ÉNA. On ne connaît pas son âge exact mais il est beaucoup plus jeune que les autres conseillers. Il est diplômé de l'ÉNA depuis 2011.

    Ce qu'il a fait pour le FN : Vincent Uher apparaît au moins six fois dans les propriétés de documents Word de campagne que nous nous sommes procurés. Selon un employé de la campagne, Vincent Uher a notamment travaillé sur la partie «fiscalité» du programme de Marine Le Pen. Son nom apparaît ainsi dans les propriétés d'un document intitulé «Fiscalité - synthèse propositions» qui détaille les mesures à adopter, et reprend en partie le programme de 2012.

    Quatre autres documents traitant du logement, des relations internationales, de la formation professionnelle ou de la fiscalité portent également la marque de Vincent Uher dans leurs propriétés. Un responsable frontiste, membre de l'équipe de campagne, confirme par ailleurs que Vincent Uher travaillait activement à l'élaboration des idées de Marine Le Pen, même s'il était jugé parfois «trop dogmatique». «Il est venu de temps en temps à des réunions et faire passer des notes», nous explique cette même source.

    Son parcours : Transfuge de la droite, Vincent Uher a fait ses première armes militantes à la section Sciences Po du syndicat étudiant de droite UNI. Il en est élu président en 2006. Enarque issu de la promotion 2011, il est ensuite affecté au ministère de l'Économie avant de rejoindre la Cour nationale du droit d'asile.

    Ce qu'il répond : Joint par téléphone, Vincent Uher a refusé de confirmer ou d'infirmer nos informations. Le haut fonctionnaire nous a simplement expliqué : «Je n’ai aucun commentaire à faire. Comme vous le savez, je suis haut-fonctionnaire, je suis soumis à un devoir de réserve et donc je ne parle pas publiquement de politique, et encore moins à la presse.»

    Son poste actuel : Georges Tissié est un permanent de la Confédération des PME, la CPME, ex-CGPME. Il est président du conseil d’administration de la filiale d'une grande banque.

    Ce qu'il a fait pour Marine Le Pen : Georges Tissié est membre des Horaces. Il a ainsi participé à au moins une réunion avec Philippe Baccou et Bernard Monot, conseiller économique et député européen FN. Une information confirmée par un cadre du FN, qui l'a vu au siège du parti. Selon une source interne, il était l'un des rares à travailler à la fois pour les Horaces et pour un comité plus officiel, le CAP économie.

    Son parcours : En 2013, il participait à une convention sur les retraites de l'UMP aux cotés d'Éric Woerth.

    Ce qu'il répond : Contacté, Georges Tissié n'a pas donné suite à nos sollicitations.

    Contactés à plusieurs reprises depuis plusieurs jours, ni Marine Le Pen, ni Florian Philippot ni Nicolas Bay n'ont voulu donner suite à nos sollicitations. Jean Messiha, membre du FN et en quelque sorte porte-parole des Horaces n'a pas donné suite non plus malgré nos multiples relances. Le 15 janvier, nous avions interrogé Marine Le Pen sur une première série de révélations menée par BuzzFeed et Mediapart. Elle n'avait alors pas nié l'authenticité de nos documents, ni remis en cause le sérieux de nos sources.