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    L'homosexualité est une «abomination»: des membres d'En Marche demandent le retrait du candidat

    En Marche! est parti pour maintenir l'investiture d'un candidat épinglé pour avoir tenu des propos homophobes. Des militants ayant travaillé sur le programme du candidat Macron ont rédigé un texte pour demander que son investiture soit levée. Une candidate aux législatives demande aussi son retrait. Le parti a toutefois décidé de le maintenir.


    Mise à jour le 2/06/2017: L'investiture du candidat ayant tenu des propos homophobes en 2012 est finalement maintenue par le parti. «Suite aux excuses présentées par Olivier Serva relatives aux propos qu'il avait tenus en 2012 - propos qu'il a regrettés et retirés dans un communiqué en date du 31 mai - son investiture a été maintenue», a indiqué, selon l'AFP, LREM.


    Le site Street Press a révélé mercredi qu'un candidat En marche! investi dans la première circonscription de Guadeloupe, Olivier Serva, avait déclaré, à la télé en 2012, que le mariage pour tous était «intolérable» et que l’homosexualité était une «abomination». Il ajoutait: «Bien sûr que c'est un péché [le mariage homosexuel]. La Bible le dit.»

    Alors que ces propos sont pénalement condamnables, le président de la Commission nationale d'investiture d'En marche!, Jean-Paul Delevoye, a dit au Figaro ne pas exclure de maintenir son investiture «s'il récuse ces propos», qui «datent de 2012». «Dans notre philosophie, tout le monde a le droit à l'erreur, a-t-il argué, acceptant ainsi de «créer un bémol».

    «Si Olivier Serva est élu, votera-t-il l'ouverture de la PMA?»

    Cette décision suscite la colère de certains marcheurs. Des militants qui ont participé pendant la campagne aux groupes de travail pour élaborer le programme d'Emmanuel Macron, notamment sur les sujets «famille, société et justice», ont rédigé un texte transmis à BuzzFeed pour demander que le parti retire l'investiture d'Olivier Serva. Ce texte a été élaboré par une vingtaine de personnes, selon deux des militants contactés par BuzzFeed News.

    «Olivier Serva a utilisé des arguments d'ordre religieux alors que la laïcité est une valeur cardinale pour En Marche, écrivent ces marcheurs en colère. La lutte contre l'homophobie ordinaire est un engagement fort et clair qui a été répété par le président de la République pendant la campagne à de nombreuses reprises. Il a également promis l'ouverture de la PMA aux couples de femmes de même sexe». Ces militants de la première heure interrogent:

    «Si Olivier Serva est élu député le 18 juin prochain, votera-t-il pour cette loi? Nous rappelons que c'est un engagement de tous les candidats aux législatives investis par la République En Marche!»

    «Nous demandons solennellement qu'Olivier Serva ne soit pas investi»

    Les militants à l'origine de ce texte désavouent la position de Jean-Paul Delevoye: «Les propos tenus par Olivier Serva en 2012 auraient pu être poursuivis pénalement pour incitation à la haine, délit puni d'emprisonnement. Les conséquences de tels propos sont dramatiques chez les jeunes LGBTI dont le taux de suicide est quatre fois supérieur à la moyenne», écrivent-ils.

    Mercredi, Olivier Serva s'est excusé d'avoir tenu ces propos et a assuré qu'il n'était pas homophobe. «Je n'ai jamais été homophobe, j'ai beaucoup d'amis homosexuels. Je respecte le choix de chacun.» De quoi agacer ces membres d'En Marche!: «Ses excuses ne suffisent pas. Elles sont elles-mêmes révélatrices de l'homophobie (...) On lui rappelle aussi que l'homosexualité n'est pas un choix», précisent-t-ils. Et de conclure:

    «Par conséquent, nous demandons solennellement qu'Olivier Serva ne soit pas investi par En Marche! aux législatives et pour aucune autre élection.»

    Un des militants que nous avons contacté estime auprès de BuzzFeed News que «le droit à l'erreur fait partie de notre philosophie», mais que le cas d' «Olivier Serva dépasse largement cela».

    Aurore Bergé dénonce aussi cette décision

    Auprès de BuzzFeed News, Aurore Bergé, ex-soutien de Juppé et candidate investie par En Marche! dans les Yvelines, demande également le retrait d'Olivier Serva:

    «C'est regrettable qu'il ait pu être investi, mais je ne comprends pas qu'il puisse être maintenu. C'est en total désaccord avec nos valeurs. Je préfère avoir une député de moins dans une circonscription qu'un député homophobe.»

    Contacté, le cabinet de Marlène Schiappa, la secrétaire d'Etat chargée de l'Egalité entre les hommes et les femmes, a précisé qu'elle ne souhaitait faire aucun commentaire.

    En attendant une décision officielle du parti, le conseil d'administration d'En Marche! s'est «immédiatement saisi de ce cas et entendra le candidat dans les plus brefs délais», a indiqué un représentant du parti sur Europe 1. Sollicité, le service presse d'En Marche! n'a pas encore donné suite.