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    BNP Paribas: une charte anti-discrimination LGBT agite la fachosphère

    Des employés ont fait fuiter l'information et un site catholique traditionaliste a lancé une pétition pour s'y opposer.

    Le 6 octobre prochain, BNP Paribas signera la «Charte d’Engagement LGBT» de l’Autre Cercle, une association qui lutte contre les discriminations dans le monde du travail.

    Avant cette banque française, d'autres entreprises (Alcatel, Areva, Vinci, Total...) se sont engagées à respecter 4 points de la charte pour «lutter contre les discriminations liées à l'orientation sexuelle et à l'identité de genre»:

    - Créer un environnement inclusif pour les collaboratrices et les collaborateurs LGBT

    - Veiller à une égalité de droit et de traitement entre tou-te-s les collaboratrices et collaborateurs quelles que soient leur orientation sexuelle et identité sexuelle ou de genre

    - Soutenir les collaboratrices et collaborateurs victimes de propos ou d'actes discriminatoires

    - Mesurer les avancées et partager les bonnes pratiques pour faire évoluer l'environnement professionnel général

    Mais si la BNP n'a pas encore officialisé cet engagement, des employés opposés à cette charte auraient fait fuiter l'information, immédiatement reprise par des mouvements proches de l'extrême droite.

    Une pétition intitulée «Renoncez à la promotion du communautarisme, concentrez-vous sur le financement des entreprises!» et qui compte pour l'instant près de 6000 signatures a ainsi été mise en ligne dimanche.

    Citizen Go, la plateforme qui relaie cette initiative, est un site militant qui vise à défendre des valeurs catholiques traditionalistes.

    Sébastien LM, l'auteur de cette pétition, en a par exemple publié d'autres pour dénoncer l'avortement, ou le Planning familial. Le 16 mars dernier, ce même auteur fustigeait «le lobby gay» responsable de «l'inquisition rose» contre les couturiers Dolce & Gabbana, qui avaient remis en cause l'adoption pour les couples de même sexe.

    Dans sa lettre adressée aux dirigeants de BNP Parisbas, l'auteur évoque implicitement cette même idée complotiste aux relents homophobes:

    «Ces mesures marquent la consécration d'un communautarisme LGBT, déjà présent dans plusieurs grands groupes. Dans le contexte socio-économique actuel, il serait préférable que BNP Paribas se concentre sur sa mission première : le service de l'économie et le financement des entreprises».

    Pour appuyer sa dénonciation, l'auteur de la pétition accuse BNP de soutenir indirectement la PMA (procréation médicalement assistée) et la GPA (gestation pour autrui) en livrant l'équation suivante:

    «Il faut préciser que l'Autre Cercle (qui propose la charte LGBT, ndlr) adhère à l'inter-LGBT dont les revendications sont, entre autres, l'accès à la PMA pour toutes, la pluri-parentalité, l'ouverture de l'adoption à tout couple, marié ou non, la reconnaissance des enfants conçus par gestation pour autrui, etc…»

    Et il n'en fallait pas plus pour que la fachosphère s'empare du sujet.

    Le site proche de l'extrême droite Salon Beige a par exemple publié un article intitulé «Progression du communautarisme LGBT chez BNP Paribas» lundi . Plusieurs sites locaux de la Manif pour tous relaient également la pétition.

    Cher amie (e) , Le 6 octobre, BNP Paribas aura signé la "Charte d'Engagement LGBT de l'Autre Cercle" par laquelle... http://t.co/JJI67kLNsX

    Contactée par BuzzFeed France, la porte-parole de l'Autre Cercle Catherine Tripon livre quelques explications sur cette fuite et cette opposition «inédite»:

    «Il n'y a pas encore eu de communication officielle tout simplement parce que la direction de BNP tient à signer la charte le 6 octobre devant ses collaborateurs pour expliquer son engagement. La communication sur cette initiative aura lieu le 27 octobre, mais des employés opposés à l'idée ont dû faire fuiter cela».

    D'après le document interne affiché par la BNP, un documentaire («Coming in») abordant l'homosexualité au travail sera diffusé avant l'organisation d'une table ronde. L'ex-ministre Roselyne Bachelot devrait également y participer.

    En plus de BNP Paribas (qui n'a pas répondu à nos appels), trois autres entreprises et une mairie de la région parisienne vont en effet signer publiquement cette charte à la mairie de 4e arrondissement de Paris le 27 octobre prochain.

    Mais si Catherine Tripon dit ne pas avoir connu de mouvement d'opposition comparable lorsque d'autres entreprises avaient signé leurs engagements, elle n'est pas inquiète:

    «En mars 2015, La Manif pour tous avait dénoncé le fait qu'Axa signe notre charte, mais l'entreprise l'avait tout de même signée. Il ne devrait pas y avoir de problème avec BNP».

    Et d'ajouter:

    «Contrairement à ce que dit la pétition, qui opère des amalgames douteux en parlant de PMA et de GPA, notre charte n'a aucun rapport avec cela. Elle vise simplement à ce que les groupes garantissent les droits des collaborateurs et sanctionnent l'homophobie ou la transphobie».

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