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    Ex-anti-Mariage pour tous, anti-«théorie du genre» et... candidat En marche

    André Dupont, candidat aux législatives en Ardèche pour En Marche, a supprimé sa page Facebook juste après son investiture. Dessus, il relayait les messages réacs de personnes proches de l'extrême droite.

    André Dupont, qui se présente dans la première circonscription de l'Ardèche sous la bannière La République en marche (LREM), se démarque par ses positions conservatrices, assez éloignées des valeurs prônées par Emmanuel Macron.

    Sa page Facebook supprimée juste après son investiture

    André Dupont, qui se présente sous les couleurs d'un mouvement qui défend le mariage pour tous, a régulièrement approuvé et partagé sur Facebook des messages faisant valoir son opposition à la loi Taubira, comme le montrent des captures d'écran de sa page Facebook que nous avons pu nous procurer.

    En plus d'inviter ses amis Facebook à écouter la présidente de La Manif pour tous, Ludovine de La Rochère, il relayait par exemple en février 2013 la vidéo de Benoît, un enfant adopté invité à développer ses arguments anti-mariage pour tous lors d'un rassemblement du mouvement conservateur. «Un témoignage vaut mieux qu'un grand discours», précisait le désormais candidat d'En marche en légende.


    Également opposé à la supposée «théorie du genre», il partageait le 4 juin 2013 une pétition et un article complotiste laissant penser que des députés avaient voté l'introduction de «l’enseignement de la théorie du genre à l’école élémentaire, dès 6 ans».


    En 2014, il partage le contenu de la plate-forme ultra-catholique et anti-gays Citizen Go en relayant une pétition contre l'IVG tardif et une autre contre les mesures de restriction à la liberté pour les parents de livrer un enseignement à leurs enfants.

    Le 5 août révèle de son côté Mediapart, il relaie un article de la fondation Jérôme-Lejeune, proche des catholiques intégristes anti-avortement, qui dénonce une action d’Act Up: «Inadmissible de voir cela, est-ce que l’État va réagir face à cette violence ?»

    En 2015, André Dupont s'en prend cette fois-ci à la vaccination et relaie les messages du professeur Henri Joyeux, radié de l'ordre des médecins en 2016 (il a fait appel de cette décision) après avoir mené une croisade anti-vaccins.


    Comme le montrait une enquête de BuzzFeed News, ce professeur est aussi connu pour être proche de l'extrême droite et pour son opposition au mariage pour tous ou à la pilule contraceptive. Pendant la campagne, l'équipe d'Emmanuel Macron avait d'ailleurs rappelé être totalement opposée aux thèses d'Henri Joyeux. «Le combat pour la politique vaccinale est une priorité de santé publique», rappelait le référent santé d'En marche.

    «Je ne veux pas que l'on enseigne la théorie du genre»

    Joint par téléphone par BuzzFeed News, André Dupont a quelques difficultés à justifier le contenu de sa page Facebook. Il affirme d'emblée «soutenir tout le programme d'Emmanuel Macron» et dit avoir changé d'avis sur certains sujets. «J'étais contre le mariage pour tous mais parce que la loi proposait l'instauration de la GPA (gestation pour autrui). Ce qui est parfaitement faux. Lorsqu'on le lui précise, il insiste: «Si, il y avait une véritable ambiguïté sur la GPA».

    S'agissant de la supposée «théorie du genre», «c'est un sujet sur lequel je ne souhaite pas m'exprimer aujourd'hui». Après avoir reconnu le partage de la pétition, il développe «ses craintes»:

    «Ce que je ne peux pas accepter, c'est que l'on nie les différences naturelles entre les hommes et les femmes. Je ne veux pas que l'on enseigne l'idée qu'il n'y a pas de différence.»

    Enfin, sur l'IVG, le candidat ne souhaite pas non plus s'étaler, mais précise que la loi actuelle est équilibrée et qu'il n'y a «aucune raison de la remettre en cause», même s'il faut améliorer le «travail à faire pour un meilleur accès à la contraception, ce qui n'est pas le cas à ce jour».

    Les candidats imposés par le MoDem, pas «vérifiés»

    Pour quelles raisons a-t-il supprimé son compte Facebook juste après son investiture? «Simplement parce que certains de mes amis ne comprenaient pas mon engagement politique», balaie-t-il, avant de raccrocher «faute de temps». Auprès de Mediapart, il reconnaît aussi avoir fait le ménage sur son compte Facebook parce qu'il était «trop ouvert».

    Alors comment les convictions très conservatrices de ce candidat, qui appelait à voter pour la primaire de la droite il y a encore quelques mois, a-t-il pu passer sous les radars de la commission des investitures d'En marche? Alors que celle-ci était censée s'assurer de la compatibilité entre le profil des candidats investis et les valeurs du mouvement... En réalité, comme l'a admis le parti à BuzzFeed News, les personnes imposées par le MoDem n'ont pas eu à passer devant la commission qui n'a donc pas pu scruter le passé (parfois très conservateur) de certains. Et de toute façon, le mouvement d'Emmanuel Macron ne semble pas gêné par ce genre de positions. Pour les législatives, le parti de La République en marche a investi et maintenu trois candidats opposés au mariage pour tous, dont un qui a tenu des propos homophobes lors d'une émission de télé en 2013.