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    Enquête antiterroriste de Joué-lès-Tours: ce que l'on sait de l'affaire

    BuzzFeed détaille le profil des quatre personnes interpellées mercredi dans le cadre d'une enquête après l'attaque d'un commissariat en décembre dernier.

    Le 20 décembre 2014, Bertrand Nzohabonayo avait agressé trois policiers au couteau devant le commissariat de Joué-lès-Tours avant d'être tué de plusieurs balles par les forces de l'ordre.

    Quatre jeunes ont été interpellés mercredi dans le cadre de l'enquête antiterroriste ouverte par le parquet de Paris, a révélé l'AFP plus tôt le mercredi.

    Mise à jour vendredi 16h30

    D'après nos informations, ils ont été libérés ce vendredi vers 15 heures. Une source proche du dossier nous précise qu'il n'y a aucune poursuite judiciaire contre eux.

    Voici le post Facebook de l'un des interpellés publié ce vendredi à 16h30:

    Un étudiant arrêté à Bordeaux

    Une source qui veut rester anonyme a précisé à BuzzFeed France qu'A.D, un ami de Bertrand Nzohabonayo qui vient de Joué-lès-Tours, mais étudie à Bordeaux, a été arrêté par la police et le Raid dans sa résidence universitaire. Une source judiciaire nous confirme ces faits, mais ne veut pas communiquer l'identité de l'étudiant.

    Ce jeune étudiant en droit à l'université est aussi membre d'un club de lutte et du Mouvement jeunes communistes de France (MJCF). Interrogé, l'un de ses proches dit ne pas comprendre pourquoi il a été arrêté:

    «C'est un jeune garçon brillant, qui n'a jamais posé aucun problème. Il est toujours mesuré dans ses propos, mais je pense que les enquêteurs ont un dossier très mince et qu'ils l'ont interpellé seulement parce qu'il connaissait bien Bertrand Nzohabonayo».

    Sur son compte Facebook, cet étudiant partage des photos de Bertrand Nzohabonayo postées par un collectif qui conteste la version policière. Dans un autre message public de sa page posté le 7 janvier, il qualifiait l'attentat contre Charlie Hebdo d'«actes horribles». Juste après la mort de Bertrand Nzohabonayo, tué par les policiers qu'il avait agressé au couteau, A.D postait un commentaire sur Facebook pour exprimer son incompréhension:

    «Mon frère est musulman pratiquant, pas du tout radical»

    Notre source judiciaire ajoute que trois autres personnes proches de Bertrand Nzohabonayo ont également été interpellées, dont une qui habite le Loir-et-Cher. Elle nous précise enfin qu'il est «trop tôt pour connaître les suites judiciaires» de ces arrestations.

    Les deux autres interpellés habitent dans les environs de Joué-lès-Tours. A.T, connaissait Bertrand Nzohabonayo depuis l'enfance et était très actif lui aussi pour «connaître les circonstances de la mort de Bertrand».

    Enfin F.C, 26 ans, diplômé d'un BEP, faisait du rap à l'époque avec Bertrand Nzohabonayo. Son frère témoigne:

    «Ils l'ont interpellé mercredi mais nous n'avons pas de nouvelles depuis. Mon frère est musulman pratiquant, mais pas du tout radical ni terroriste. Au contraire, il est contre tout ça. Maintenant on attend de voir ce qu'il va se passer».

    En outre, selon un autre proche, F.C, n'était pas présent en France le jour de l'agression des policiers, mais «en voyage avec son père».

    D'après une source proche de l'enquête, «il s'agit pour l'instant de comprendre le liens que ces personnes entretenaient avec l'auteur de l'agression du commissariat et de savoir quel rôle elles ont joué dans le passage à l'acte de Bertrand Nzohabonayo». La garde à vue des quatre hommes a été prolongée ce jeudi et peut atteindre 96 heures.

    La famille conteste toujours la «version terroriste»

    A l'époque, le procureur de Tours privilégiait la piste terroriste et assurait que l'auteur du crime, Bertrand Nzohabonayo qui se faisait appeler Bilal depuis sa conversion à l'islam, avait scandé «Allahou Akbar» [Dieu est le plus grand, en arabe] avant de blesser les forces de l'ordre. Cette version avait toutefois été contestée à plusieurs reprises dans différents articles de presse et l'affaire patinait jusqu'à présent.

    En plus de l'enquête anti-terroriste diligentée à Paris, le procureur de Tours avait également ouvert une procédure pour connaître les circonstances de la mort de l'agresseur et de savoir s'il y avait bien légitime défense de la part des policiers.

    Cette enquête de Tours s'est soldée par un classement sans suite en juillet dernier. Toutefois, la famille de Bertrand Nzohabonayo envisage de contester cette décision, selon l'un de ses proches, et continue à penser que la «version terroriste» est fausse.

    Mise à jour 15/10

    Ajout des détails sur les deux interpellés A.D et F.C et les déclarations de leurs proches.

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