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    Alexis Corbière et Raquel Garrido n'ont toujours pas quitté leur HLM

    Info BuzzFeed - Les insoumis Alexis Corbière et Raquel Garrido occupent toujours le HLM qu'ils s'étaient engagés à rendre. Et ils ne répondent pas aux courriers de leur bailleur social. L'organisme a dû envoyer un huissier pour les leur remettre. L'élu affirme toutefois que les démarches sont en cours.

    Il y a un peu plus de trois mois, le député de la France insoumise Alexis Corbière avait promis de quitter le logement social qu'il occupe depuis 2003 avec l'avocate et chroniqueuse Raquel Garrido. «C'est compliqué de trouver en deux semaines, mais oui, je vais habiter dans ma circonscription. Est-ce que ça aura lieu dans trois, quatre ou cinq mois, je ne peux pas vous dire», assurait-il à L'Obs en juin dernier. Mais, selon nos informations, trois mois plus tard, non seulement il y habite toujours mais en plus, il ne répond pas aux courriers de son bailleur social.

    La polémique est née en 2011 lorsque Le Monde a révélé qu’Alexis Corbière, alors premier adjoint de la maire PS du 12e arrondissement de Paris, louait un logement social. Elle a été relancée sur les réseaux sociaux en pleine campagne présidentielle, alors que Corbière et Garrido étaient tous deux porte-parole de Jean-Luc Mélenchon. Puis juste après l'élection du député élu en juin dernier dans la 7e circonscription de Seine-Saint-Denis, la Régie immobilière de la ville de Paris (RIVP), bailleur social propriétaire de leur logement, a décidé de réagir.

    Le 21 juin 2017 en effet, la RIVP a envoyé un courrier simple et un recommandé pour demander au couple de quitter le F4 (quatre pièces) de 80m2 situé dans le 12e arrondissement, dans lequel ils vivent avec trois de leurs enfants. La procédure est classique depuis 2009. Dès qu'une personne est élue ou devient ministre, les bailleurs sociaux de la ville de Paris doivent lui demander de quitter son logement.

    «C'est du jamais vu, nous avons dû envoyer un huissier»

    La lettre est signée par la présidente de la RIVP et maire du 20e arrondissement de la capitale, Frédérique Calandra (PS). «Comme pour tous les ministres ou parlementaires, je souhaite qu'à un horizon raisonnable, vous laissiez votre appartement à une famille parisienne», écrit en substance l'édile, selon une source proche du dossier. Mais cet été, ni Alexis Corbière ni Raquel Garrido ne sont allés chercher le recommandé. Le député était pourtant présent à Paris puisqu'il travaillait à l'Assemblée nationale jusqu'au 9 août.

    Sans réponse, la RIVP a dû envoyer un huissier remettre le courrier en main propre le 1er août à 7h30. Contactée, la régie confirme nos informations, mais ne souhaite pas faire de commentaires.

    «C'est du jamais vu. Envoyer un huissier, nous n'avions jamais fait cela auparavant avec des élus», lâche tout de même une source au sein de la RIVP. Et depuis, le couple n'a toujours pas donné de nouvelles: «Nous n'avons reçu ni lettre de courtoisie ni préavis de départ», regrette notre source, qui précise qu'un nouveau courrier sera envoyé le mois prochain si la situation reste toujours figée.

    «Ça ne se fait pas en claquant des doigts»

    Juridiquement, le bailleur social n'a aucun moyen de faire pression sur le couple «insoumis». Comme l'a démontré Libération, les deux soutiens de Jean-Luc Mélenchon n'enfreignent aucune règle en habitant ce F4 dont le loyer s'élève à 1200 euros environ. Mais pour la RIVP, leur départ est maintenant «une question morale», car depuis 2009 la mairie de Paris fait pression sur tout élu ou ministre locataire d'un HLM.

    Le revenu du couple a d'ailleurs nettement augmenté. Alexis Corbière gagne 7142 euros brut par mois depuis qu'il est député contre 2350 euros lorsqu'il était enseignant. En plus de ses honoraires d'avocate, Raquel Garrido perçoit une rémunération pour ses chroniques sur C8. Selon son nouvel acolyte, Jeremstar, elle percevrait 7200 euros par mois pour ces chroniques, un chiffre qu'elle a démenti.

    Joint par BuzzFeed News, Alexis Corbière affirme qu'il «a été victime d'une campagne de calomnie». Mais il assume ne pas avoir répondu à la RIVP. «J'avais déjà reçu le courrier. Je n'étais pas au courant pour le recommandé, je faisais des sessions parlementaires jusqu'à 1h du matin», se défend-il critiquant la régie «qui aurait pu l'appeler». Et de plaider:

    «Cette lettre n'appelait aucune réponse et il faudrait peut-être que je trouve un logement d'abord. Depuis des mois, mon honneur est sali, j'ai dit à la presse que j'allais quitter ce logement. Je vais le faire. Je suis en train de chercher un logement, mais avec une famille de trois enfants, ça ne se fait pas en claquant des doigts.»

    Interrogé par BuzzFeed News sur cette situation, l'adjoint au logement à la ville de Paris, Ian Brossat, se montre en tout cas agacé: «La dignité voudrait qu'ils s'en aillent», affirme l'élu communiste qui estime que des familles parisiennes aux revenus bien plus modestes sont privées d'un logement social pendant ce temps.

    Jean-Pierre Chevènement toujours en HLM

    Dans le passé, des élus ou ministres ont refusé de quitter leur HLM. Jean-Pierre Chevènement avait été épinglé en 2011 parce qu'il disposait d'un logement social de 120m2 dans le quartier chic du Panthéon, moyennant un loyer de 1519 euros mensuels. Un logement qu'il occupe toujours à ce jour, selon nos informations, ce que nous a confirmé sa propre assistante à la Fondation de l'islam de France, l'organisme que dirige Jean-Pierre Chevènement. Malgré les courriers de la RIVP lui demandant de quitter son logement, il n'a pas déménagé. Il a seulement accepté une augmentation du loyer, porté à 2000 euros par mois, selon nos informations. Ni M. Chevènement ni son assistante n'ont répondu à BuzzFeed sur ce point. Le loyer de l'ancien ministre s'élèverait à près de 3500 euros s'il habitait dans le parc immobilier privé.

    Enfin, Fadela Amara, aujourd'hui inspectrice des affaires sociales, avait aussi refusé de résilier le bail de l'appartement de 55 mètres carrés qu'elle loue 1000 euros par mois dans le 13e arrondissement alors qu'elle était secrétaire d'État à la politique de la ville.