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    Nos journalistes menacés physiquement au meeting de François Fillon à Nice

    Alors que deux journalistes de BuzzFeed News filmaient l'interpellation d'agitateurs, ils ont été pris à partie par le service d'ordre du meeting qui exigeait qu'ils effacent leurs images.

    David Perrotin et Paul Aveline couvraient pour BuzzFeed News le meeting de François Fillon tenu à Nice lundi lorsqu'ils ont été pris à partie par le service de sécurité du Palais Nikaia. Ils filmaient l'interpellation de deux agitateurs qui avaient crié «rends l'argent» lors du discours du candidat avant d'être sortis puis interpellés par la police.

    C'est à ce moment-là que trois agents de sécurité ont agrippé et tiré David Perrotin par le col et par les bras, en le menaçant physiquement et en exigeant qu'il efface sa vidéo. Le tout sous les yeux de plusieurs membres de l'équipe de François Fillon.

    Tout en tirant toujours David Perrotin, l'un des agents attrape le téléphone d'un deuxième journaliste, Paul Aveline, qui filmait cette scène, pour couper sa caméra. Il l'a également menacé avant d'exiger que lui aussi supprime ses images. Nos deux journalistes, qui ont donc été empêchés de filmer l'agression (on n'en voit que quelques minutes dans la vidéo ci-dessous), ont refusé d'effacer leurs vidéos.

    L'équipe de Fillon demande à «les foutre dehors»

    Le ton monte entre les journalistes et les agents de sécurité du Palais quand un membre non-identifié de l'équipe de François Fillon prend la parole:

    - Vous me les foutez dehors!
    - On est journalistes, et nos affaires sont à l'intérieur!
    - Et bah vous les prenez et vous partez.

    C'est seulement lorsque qu'ils ont prévenu qu'ils publieraient un article et une vidéo sur ce qui venait de se passer que les membres de l'équipe du candidat ont exigé que les agents se calment et lâchent David Perrotin.

    Le chef de cabinet du candidat des Républicains a fini par intervenir en exigeant que les trois agents lâchent notre journaliste:

    «Vous arrêtez maintenant. Je suis chef de cabinet du candidat donc vous arrêtez maintenant.»

    À ses côtés, un membre de l'équipe presse de François Fillon explique à nos journalistes que son intervention pour calmer la situation est un «traitement de faveur», sous-entendant que tous les journalistes n'y ont pas droit.

    Pendant ce temps-là, à l'intérieur de la salle du meeting, François Fillon dénonçait que des journalistes s'intéressent à l'interpellation des agitateurs:

    «C'est drôle, il suffit qu'il y ait une personne qui émette un jugement critique pour que l'ensemble des médias sortent de la salle pour le suivre [seuls trois journalistes sont sortis, ndlr]. Une! Une! Une!»

    Des militants ont alors hué la presse et lancé des insultes telles que «journalopes» ou «merdias». François Fillon a dû finalement intervenir pour que certains de ses militants se calment (à la 43e minute de cette vidéo):

    «Chut, s'il vous plaît, s'il vous plaît, s'il vous plaît, s'il vous plaît. On va gagner cette élection, rassurez-vous. On va la gagner tout seul (...) on va la gagner parce que nous, nous savons ce que c'est l'intérêt général.»

    Quelques minutes après, une journaliste de BFMTV a reçu un crachat d'un militant.

    Me suis fait cracher dessus au #meeting de #Fillon à #Nice. Ambiance.

    Cette violence à l'égard des journalistes n'est pas sans rappeler les incidents qui ont eu lieu contre l'équipe du Petit journal il y a quelques jours. Plus généralement, comme le relevait un article des Inrocks, un climat anti-médias règne dans les meetings de François Fillon depuis plusieurs semaines.

    [🎥 VIDEO] Quand notre journaliste @Louis_Morin se fait agresser par les membres de la sécurité du meeting de… https://t.co/adZsT7EJqq

    Ces violences contre des journalistes en train de faire leur travail sont inacceptables et portent atteinte à la liberté de la presse. Nous nous joignons au communiqué du Syndicat national des journalistes qui dénonçait début avril «le jeu dangereux de certains candidats à l’élection présidentielle et proches de ces candidats, qui s’en prennent aux médias et aux journalistes, comme responsables de tous leurs maux».

    MISE À JOUR

    Interrogé sur Europe 1 ce mardi 18 avril au matin, François Fillon a d'abord dit que la presse n'était pas sifflée «à [s]a demande», avant d'ajouter: «Faut juste vous aussi parfois vous poser la question de savoir si vous avez zéro responsabilité dans cette situation».