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    Ces articles sur les violences faites aux femmes auraient dû être titrés comme ça

    Tous les ans, en France, plus de 200 000 femmes sont victimes des coups de leur conjoint. La presse continue pourtant de rapporter ces histoires avec humour...

    Chaque année, 223 000 femmes âgées de 18 à 75 ans sont victimes de violences conjugales physiques ou sexuelles, selon l'Observatoire national des violences faites aux femmes. Ce chiffre est minimal et ne compte pas les violences subies par les personnes en collectivités et les sans-abri. Ce chiffre élevé ne prend pas non plus en compte l'ensemble des violences présentes au sein du couple, comme les violences verbales ou psychologiques. Plus grave encore, en 2016, 123 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint.

    Dans la presse, ces violences sont souvent dépeintes avec une pointe d'humour ou d'ironie. Et pourtant, ce n'est pas drôle. Un «acte sexuel barbare» est un viol. Un «drame conjugal» est un féminicide. Un homme qui se «glisse et caresse une femme dans son lit», c'est une agression sexuelle. Nous avons ainsi corrigé certains articles publiés ces trois derniers mois dans la presse locale et nationale, dont certains ont été puisés dans le Tumblr «Les mots tuent» de Sophie Gourion, journaliste et ancienne conseillère de Laurence Rossignol au ministère du Droit des femmes. Voici ce que ça donne

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    Féministe et créatrice du Tumblr «Les mots tuent», Sophie Gourion milite pour que les articles traitant des violences faites aux femmes soient en effet plus subjectifs. «Ce Tumblr a pour but de collecter les articles de presse qui traitent des violences envers les femmes de manière incorrecte, contribuant ainsi à les banaliser ou à les excuser», explique-t-elle sur son site. Sur les articles de presse, elle ajoute :

    «Alors que le "crime passionnel" ne figure pas dans le code pénal, de trop nombreux journaux utilisent encore cette expression pour édulcorer ou indirectement justifier le meurtre conjugal.

    Les "drames familiaux", "les drames de la séparation", les "pétages de plombs" se retrouvent dans les colonnes des faits divers, entre 2 chiens écrasés, comme s’il s’agissait d’événements isolés, liés au hasard et non systémiques.

    L’homme était déprimé, ne supportait pas la rupture ou bien était "Monsieur tout-le-monde" : autant de formulations visant à susciter l’identification et la compassion envers le meurtrier.»