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    Trump président: ce que ça va changer à la primaire de la droite

    Les équipes de campagne promettent de ne rien changer à leurs discours. Mais ils tirent tous la même leçon du scrutin américain: une surprise est possible. Et l'entourage de François Fillon craint une «ruée de bobos de gauche».

    Donald Trump a été élu ce mercredi 9 novembre, 45e président des États-Unis.

    En France, la plupart des candidats à la primaire de la droite ont réagi à cette élection.

    - Nicolas Sarkozy exprime ses félicitations à Donald Trump pour sa victoire. Le candidat qui avait souhaité la victoire de Clinton explique que «le message du peuple américain exprime le refus d’une pensée unique qui interdit tout débat sur les dangers qui menacent nos nations».

    - Bruno Le Maire estime que le magnat de l'immobilier a gagné car il a «su entendre le peuple américain et parce qu'il n'a jamais dirigé les États-Unis», et qu'en conséquence «il faut réinventer la classe politique».

    - François Fillon dit que «la démocratie américaine doit être respectée» et que «M. Trump devra être jugé sur ses actes».

    - Alain Juppé explique que «le peuple américain s’est prononcé démocratiquement». Mais tient à «souligner tous les risques que la démagogie et l’extrémisme font courir à la démocratie».

    Mais cette victoire de Donald Trump va-t-elle changer quelque chose dans la campagne de la primaire de la droite? Voici ce que les entourages de Fillon, Juppé et Le Maire disent à BuzzFeed News.

    Benoist Apparu, porte-parole d'Alain Juppé: «Ce serait une faute morale de changer.»

    «Pour nous, ça ne va rien changer. Sur le fond, nous allons continuer à chercher à nous adresser à l'"intelligence" des gens, pour leur faire comprendre que le monde n'est pas aussi simple qu'on veut nous le faire croire. D'un point de vue tactique, la victoire de Trump ne change rien pour nous. Imaginez Alain Juppé ce soir à Bordeaux parler comme dans un meeting de Trump. Ce serait ridicule. Il faut une cohérence entre ce que vous faites et ce que vous dites. Ce serait donc une faute morale de changer.

    Concernant les autres candidats, il est possible qu'ils utilisent cette victoire comme argument électoral. Mais Nicolas Sarkozy ne pourra jamais se présenter comme un candidat anti-système. Quant à Bruno Le Maire, cette position qu'il revendique ne lui a pas vraiment réussi jusqu'à présent.

    Aurore Bergé, membre de l'équipe de campagne d'Alain Juppé: «On ne va pas mettre les thématiques de Trump en avant.»

    «Alain Juppé ne va rien changer, et surtout pas mettre en avant certaines des thématiques que Trump a mises en avant. Nous ne sommes pas dans la surenchère.

    Mais, il y a une qualité qu'il faut reconnaître à Donald Trump, c'est qu'il disait la vérité. Et ça nous conforte, nous, dans notre volonté d'être le plus honnête et clairvoyant possible avec les Français, que ce soit au niveau du diagnostic ou des réformes et des méthodes qu'on propose. C'est vraiment cette ligne qu'on veut tenir. Et s'il y a bien des leçons à retenir de cette victoire c'est qu'il est urgent de se mobiliser jusqu'au dernier jour. Être à la tête de sondages ne garantit pas la victoire, rien n'est encore gagné.»

    Laure de La Raudière, porte-parole de Bruno Le Maire: «La victoire de Trump fait écho à la campagne de BLM.»

    «La victoire de Donald Trump fait clairement écho avec nous. Cette élection confirme un constat que nous avons déjà fait sur le terrain: les sondeurs ne réalisent pas ce qu'il se passe, les sociétés rejettent le système, l'establishment.

    Bruno Le Maire est le seul qui a fait cette analyse depuis 2010-2011. Sur le terrain, on entend bien que les Français en ont marre de voir constamment les mêmes visages, et c'est ce qui explique la montée du FN. Le seul à droite qui propose un renouvellement de la classe politique, c'est Bruno Le Maire. Le duel affiché entre Sarkozy et Juppé n'aura pas lieu. Il y a énormément d'indécis. Il y aura une surprise le 20 novembre.»

    Thierry Mariani, soutien de François Fillon: «Je crains que les "bobos" de gauche se ruent sur les urnes.»

    «Il y a une grande leçon à tirer de cette victoire, c'est que les sondages se trompent. Regardez en France, tout le monde pensait que Cécile Duflot allait être désignée candidate écolo à la présidentielle de 2017, or elle n'a même pas passé le premier tour.

    François Fillon fait la campagne qu'il faut, honnête et raisonnable. Il ne propose pas trois fois plus de frites à la cantine ou des effets de manche à chaque meeting. Ce que je crains en revanche, c'est que la victoire de Donald Trump précipite les électeurs "bobos" de gauche aux urnes de la primaire de la droite. Ils auront tellement peur de voir Marine Le Pen élue après le Brexit et Trump, qu'ils voudront élire le candidat le plus modéré.»

    Valérie Debord, soutien de Nicolas Sarkozy: «Sarkozy n'est pas Trump.»

    «Nous prenons acte de la victoire de Donald Trump et du vote du peuple américain. Mais avec cette élection et après les votes en Grèce et en Grande-Bretagne, on voit une forme de populisme monter. Il est donc urgent d'apporter une réponse forte, d'apporter une autorité pour répondre aux inquiétudes du peuple français.

    Mais Nicolas Sarkozy n'est pas Donald Trump, il reste sur ses thèmes de campagne qui ont une vraie résonance avec le peuple français. Il a un discours de vérité qui fait de lui le meilleur rempart au FN.»