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    Plutôt que de perdre du poids, j'ai jeté les vêtements que je n'aimais plus

    Ça peut vraiment être aussi simple.

    Coucou! Je m'appelle Arianna, et durant les quatre dernières années, j'ai pris environ 13 kilos.

    Bien sûr ce n'était pas le cas, et je le sais pour deux raisons:

    Je suis très reconnaissante et heureuse d'être en voie de guérison, mais permettre à mon corps d'être à l'aise avec ce poids veut dire que la plupart de mes vêtements ne me vont plus —et, jusqu'à présent, j'avais été réticente à acheter de nouvelles tailles plus grandes.

    Il s'avère que l'adage minceur = beauté = bonheur, est dur à éliminer.

    Particulièrement quand cet adage est soutenu par, genre, tous les médias:

    Alors, même si je savais objectivement que je n'avais pas besoin de perdre de poids, je n'arrêtais pas d'entendre cette petite voix disant: «Ouais, c'est super pour les autres mais... tu dois perdre du poids.» Et je ne l'entendais jamais autant que quand je m'habillais.

    Je débutais chaque journée par une tâche ardue —faire face à une garde-robe qui me disait que mon corps n'était pas bien, et choisir comment je souhaitais être physiquement mal à l'aise ce jour-là. Mes vêtements défaisaient des années de travail pour accepter mon corps tel qu'il était, me poussant vers mes anciennes croyances. Du genre: l'inconfort est ce que je méritais pour avoir pris du poids. Du genre: la colère et la tristesse me motiveraient à perdre du poids. Du genre: le bonheur et l'amour-propre et toutes ces belles choses étaient pour les gens qui n'avaient pas grossi. J'avais décidé voilà des années que ces croyances ne valaient rien; il était temps de me débarrasser des dernières choses qui m'attiraient vers elles.

    Voici donc le plan:

    1. Essayer tout ce que j'avais dans ma garde-robe.

    2. Donner tout ce qui ne m'allait pas. TOUT.

    3. Acheter des vêtements qui m'allaient vraiment.

    4. Avancer et porter des fringues qui me rendaient heureuse.

    Bon, avant que vous ne me disiez «mais, fais un régime!» ou «mais, fais du sport!», je tiens à dire que je m'entretiens régulièrement physiquement et je mange sainement, au point que ce n'est pas un objectif principal dans ma vie. Est-ce que je pourrais faire plus de sport, ou manger moins ou différemment? Bien sûr. Mais je ne veux pas.

    Et ce n'est pas grave!

    Donc un lundi soir, j'ai jeté tout ce qui m'appartenait sur le sol de ma chambre, et je m'y suis mise.

    C'était amusant au début (quand est-ce que ce n'est PAS amusant de mettre le souk?), mais dès que j'ai commencé à essayer les vêtements, ma bonne humeur est retombée –et vite. J'avais acheté la plupart de ces trucs il y a des années, pendant les pires périodes de mon trouble alimentaire, et je les traînais depuis d'appartement en appartement, croyant au fond de moi que cette version de moi-même en valait la peine, ignorant comme par hasard ce que j'avais fait pour en arriver là, et à quel point j'étais misérable pendant cette période.

    Je me suis donc rappelé qu'il y avait une raison pour laquelle j'étais aujourd'hui plus lourde, et que c'était une bonne raison, et j'ai persévéré. J'ai essayé des jupes, des pantalons, des robes, des shorts. J'ai mis de la musique. Je me suis pris une bière. J'ai invité mes chats à se joindre à moi. Et c'est vite devenu facile. J'avais l'impression d'être productive. Je me sentais plus libre avec chaque vêtement que je jetais dans la pile «à donner».

    Parce que le truc quand on garde les fringues qui ne nous vont plus, c'est qu'on se retrouve avec beaucoup de fringues. Genre, vraiiiiiiment trop. La plupart des choses que j'essayais étaient des fringues que j'avais volontairement évitées, mais j'ai aussi redécouvert des choses que j'avais tout simplement oublié. Des choses qui m'allaient encore, mais que je pensais ne plus pouvoir porter –ou qui étaient littéralement cachées par celles qui ne m'allaient pas. C'était une agréable surprise!

    En fin de compte, j'avais mis ça de côté à donner:*

    • 5 shorts en jean

    • 8 jupes

    • 3 pantalons

    • 5 hauts

    • 9 robes

    *Les plus courageuses que moi peuvent choisir de vendre leurs vêtements (voici des options!) si vous faites aussi une purge; je me sentais trop vulnérable émotionnellement pour laisser mes fringues être examinées pour un rachat d'un magasin d'occasions.

    Puis est venu le tour du shopping.

    Je mentirais si je disais que je n'avais pas un peu peur du prix de cette aventure. Les vêtements sont en général chers, et encore plus si l'on cherche des fringues durables et de bonne qualité.

    Si je voulais que ce soit une amélioration (et ça devrait l'être! Pourquoi la perte de poids devrait-elle en avoir le monopole?), je devais acheter de la bonne qualité —des habits qui survivraient à plus d'un ou deux lavages.

    Je savais que j'allais devoir taper dans mes économies, ce que je me justifiais en me rappelant l'argent que j'avais économisé parce que je n'avais pas vraiment acheté de nouveaux vêtements. Avant cette décision, je dépensais environ 100 euros par an en vêtements —une robe par-ci, un haut par là. Sachant ce que j'avais donné, j'estimais mes dépenses à 300-400 euros en un week-end. Pour une personne radine comme moi, cette pensée me donnait des sueurs froides. Mais je décidais de voir ça comme un investissement —pour mon avenir, pour ma santé mentale et physique, pour mon bonheur.

    J'ai donc quitté mon travail un mercredi après-midi, prête à dépenser de l'argent.

    C'est difficile d'imaginer une situation où acheter des vêtements est aussi compliqué, ou aussi stressant, que quand quelqu'un a pris du poids. Personne n'hésite à jeter un pantalon en sale état ou une robe qui n'est plus tendance, et une nouvelle garde-robe rendue nécessaire par une perte de poids est littéralement fêtée —mais je n'arrivais pas à me débarrasser de ce sentiment de honte interne, comme si acheter des tailles plus grandes signifiait un échec moral inhérent. J'essayais de sortir ça de mon esprit. J'avais survécu à la première partie de mon expérience en m'acceptant. Je pouvais certainement survivre à ça!!!

    J'AVAIS TORT.

    Les cabines d'essayage sont en général traumatisantes, mais vous savez ce qui les rend encore pires? Emmener avec vous plein de mauvaises tailles, en sachant qu'il y a une queue de clients qui attendent que vous sortiez! C'est ce que j'ai découvert lors de ma première excursion shopping, que j'ai faite au milieu d'un monde fou dans les grands magasins de la 5e avenue de New York. Je ne le recommande surtout pas! J'ai tout détesté. Vraiment tout. Je suis partie après une heure, en larmes, vaincue par mes attentes potentiellement trop élevées (t'es en train de me dire que simplement dire que je vais aimer mon corps n'est pas assez pour vraiment l'aimer???) et honnêtement je pensais à revenir aux mauvaises pratiques vers lesquelles je m'étais toujours tournée dans le passé.

    Je me suis donné quelques jours de répit pour me relancer, et j'ai eu une approche différente pour ma deuxième excursion shopping.

    J'ai décalé mes heures de travail pour pouvoir quitter le bureau plus tôt un vendredi après-midi, et au lieu de me rendre dans d'immenses magasins de Manhattan, j'ai fait les friperies et les petites boutiques de mon quartier de Brooklyn. C'était une belle journée ensoleillée, et je savais que je n'avais rien d'autre à faire à part ça. J'ai marché des heures avec une playlist exaltante; j'ai parlé à des vendeuses super sympas; je me suis arrêtée prendre un snack à mon café préféré. Et peut-être que c'étaient tous ces éléments, ou peut-être que je trouvais de meilleurs vêtements, mais quoi qu'il en soit —j'ai adoré.

    Non pas que j'aie soudainement aimé tout ce que j'essayais; je m'y suis juste tenue assez pour trouver des choses dans lesquelles je me sentais bien. Et dès que j'ai su que ce sentiment était possible, c'était facile de le trouver ailleurs. J'ai même promis à mon copain —qui est pour que je porte des fringues qui montrent un peu plus la forme de mon corps— que j'achèterais quelques habits qui n'étaient pas de grands sacs (que dire!! j'adore les sacs!!) et j'ai tenu ma promesse.

    (Je sais que j'ai l'air malheureuse, mais c'est juste mon visage normal qui est triste.)

    Je ne me contentais pas de choses qui m'allaient —je trouvais des choses qui me plaisaient vraiment. Je regardais mon reflet en pensant, pour la première fois depuis longtemps, «Mince, t'es canon.»

    En fin de compte, j'avais acheté:

    • 2 shorts

    • 2 hauts

    • 5 robes

    • 2 combinaisons

    Pour un total d'à peine plus de 350 euros.

    Et, mon Dieu, si acheter les fringues était amusant, les porter fut une révélation.

    Depuis mes achats du vendredi, j'ai passé l'essentiel de mon week-end à attendre impatiemment de mettre les vêtements pour le boulot. Je me sentais comme une collégienne prête à mettre les habits qu'elle avait convaincu sa mère de lui acheter pendant les vacances d'été. C'était un enthousiasme vain bien sûr, mais qui émanait d'une conviction que j'avais trop la classe, un sentiment que je n'avais plus éprouvé depuis très longtemps. Et, écoutez bien, je vais me vanter: dès la première heure du premier jour, les gens le remarquaient.

    «Je suis obsédé par cette robe? C'est une robe?» m'a dit un inconnu à propos d'une tunique en jean et dentelle.

    «Tu déchires tout cette semaine», m'a dit un collègue mercredi.

    «J'espère que c'est pas bizarre de dire ça, mais tu as l'air super heureuse ces derniers temps?» m'a dit un ami en fin de semaine. Impossible d'inventer ces choses-là!

    Et le meilleur dans tout ce projet, c'est que ça ne dure pas une semaine —c'est un changement de vie, et un dont l'impact serait difficile à exagérer.

    Je ne redoute plus de me lever ou de sortir. Je ne passe plus mes journées à essayer de rendre mon corps plus petit ou à le cacher. Je ne négocie plus ce que je mange selon le niveau d'inconfort de ce que je porte. Je suis excitée à l'idée de créer des ensembles (un bonheur oublié), et, quand j'admire un style ou une mode sur quelqu'un d'autre, j'ai de moins en moins tendance à me dire que ça ne m'irait pas.

    Tout ça ne veut pas dire que je suis à 100% folle de mon corps, ou que mon amour-propre est impénétrable.

    Je sais que ces croyances et peurs de ce que représente 30kg de plus traînent et ressortiront dès que je suis plus vulnérable. Ce qui a été le plus tangible, c'est cette nouvelle conviction que je peux simplement exister comme je suis, que la perte de poids n'est pas une étape nécessaire vers la réalisation de soi (quoi que cela veuille dire d'ailleurs). Peut-être que l'idée que l'objectif ultime est la perte de poids n'est qu'une grosse rumeur —et une dont je peux me débarrasser. C'est difficile d'imaginer une vie dans laquelle la constante fondamentale n'est pas une question sur comment je dois perdre du poids ou quand je vais commencer, mais je suis très excitée à l'idée d'explorer cette vie.

    Et je vais donc partager avec vous ce que j'aurais aimé que quelqu'un partage avec moi: si vous ouvrez votre garde-robe et vous rendez compte que des choses ne vous vont plus, vous n'avez pas à leur donner quelque valeur émotionnelle que ce soit.

    Vous n'avez pas échoué. Vous pouvez acheter de nouveaux vêtements, ou faire tailler ce que vous avez. Je vous promets que ce n'est rien de grave, et que vous allez souhaiter l'avoir fait bien plus tôt.